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Anne Teresa De Keersmaeker / Rosas
Danse / MARDI 09 MARS 20H30 Annulé ou reporté  / Zénith de Pau
1H00 / TARIF A

Avec Drumming (1998), créé une quinzaine d’années après le duo Fase (1982), présenté par Espaces Pluriels en ce début de saison, Anne Teresa De Keersmaeker poursuit son exploration de l’œuvre musicale de Steve Reich, se confrontant ici à une pièce composée pour un large ensemble de percussions, enregistrée par l’ensemble Ictus. La musique minimaliste de Reich est basée sur un motif rythmique obsédant qui se multiplie et se déploie en une riche variété de textures qui découlent des différents matériaux utilisés : peaux, claviers de bois, claviers de métal, voix. Le compositeur exploite jusqu’à leur limite les techniques expérimentées dans Piano Phase : les musiciens décalent leur jeu par d’insensibles accélérations, produisant une infinité de canons miroitants. La chorégraphie qui en dérive germe d’une seule phrase dansée dans laquelle on reconnait l’écriture d’Anne Teresa De Keersmaeker, son travail sur la droiture des bras, sa prose rectiligne et volontaire et l’énergie des sauts qui relancent la danse.

« Les danseurs [...] apprivoisent le rythme pour mieux s’en émanciper. Les mouvements de groupe magnifiques et d’une précision extrême évitent la froide perfection en laissant à chacun la possibilité d’exprimer sa personnalité. Mariage de la rigueur et de la poésie, Drumming balaie tout sur son passage, créant le rêve et l’émotion à travers le dépouillement. Et laissant danseurs et spectateurs épuisés par tant d’énergie libérée. » Le Soir, Jean-Marie Wynants, 1998.

Chorégraphie Anne Teresa De Keersmaeker / Dansé par Rosas / Musique Drumming Steve Reich / Direction musicale Georges-Elie Octors / Musiciens Ictus & Synergy Vocals / Scénographie et lumières Jan Versweyveld / Costumes Dries Van Noten / Crédits photo Anne Van Aershot
Production

Production 1998 Rosas, De Munt / La Monnaie (Bruxelles), La Bâtie – Festival de Genève. Coproduction De Munt / La Monnaie (Bruxelles), Sadler’s Wells (Londres), Les Théâtres de la Ville de Luxembourg. Première 07/08/1998 ImpulsTanz Wien. Rosas est soutenu par la Communauté Flamande.

Avec Drumming (1998), créé une quinzaine d’années après le duo Fase (1982), présenté par Espaces Pluriels en ce début de saison, Anne Teresa De Keersmaeker poursuit son exploration de l’œuvre musicale de Steve Reich, se confrontant ici à une pièce composée pour un large ensemble de percussions, enregistrée par l’ensemble Ictus. La musique minimaliste de Reich est basée sur un motif rythmique obsédant qui se multiplie et se déploie en une riche variété de textures qui découlent des différents matériaux utilisés : peaux, claviers de bois, claviers de métal, voix. Le compositeur exploite jusqu’à leur limite les techniques expérimentées dans Piano Phase : les musiciens décalent leur jeu par d’insensibles accélérations, produisant une infinité de canons miroitants. La chorégraphie qui en dérive germe d’une seule phrase dansée dans laquelle on reconnait l’écriture d’Anne Teresa De Keersmaeker, son travail sur la droiture des bras, sa prose rectiligne et volontaire et l’énergie des sauts qui relancent la danse.

« Les danseurs [...] apprivoisent le rythme pour mieux s’en émanciper. Les mouvements de groupe magnifiques et d’une précision extrême évitent la froide perfection en laissant à chacun la possibilité d’exprimer sa personnalité. Mariage de la rigueur et de la poésie, Drumming balaie tout sur son passage, créant le rêve et l’émotion à travers le dépouillement. Et laissant danseurs et spectateurs épuisés par tant d’énergie libérée. » Le Soir, Jean-Marie Wynants, 1998.

DISTRIBUTION

Chorégraphie Anne Teresa De Keersmaeker / Dansé par Rosas / Musique Drumming Steve Reich / Direction musicale Georges-Elie Octors / Musiciens Ictus & Synergy Vocals / Scénographie et lumières Jan Versweyveld / Costumes Dries Van Noten / Crédits photo Anne Van Aershot

 
 

Anne Teresa De Keersmaeker
Anne Teresa De Keersmaeker est née en 1960 à Malines, en Belgique. En 1980, après des études de danse à l’École Mudra de Bruxelles, puis à la Tisch School of the Arts de New York, la jeune danseuse crée Asch, sa première chorégraphie. Deux ans plus tard, elle marque les esprits en présentant Fase, Four Movements to the Music of Steve Reich. En 1983, De Keersmaeker chorégraphie Rosas danst Rosas et établit à Bruxelles sa compagnie de danse Rosas. À partir de ces oeuvres fondatrices, Anne Teresa De Keersmaeker a poursuivi l’exploration obstinée des relations entre danse et musique. Elle a constitué avec Rosas un vaste corpus de spectacles qui s’affrontent aux structures musicales et aux partitions de toutes les époques, de la musique ancienne à la musique contemporaine en passant par ses expressions populaires. Sa pratique chorégraphique est basée sur les principes formels de la géométrie, l’étude du monde naturel et des structures sociales – ouvrant de singulières perspectives sur le déploiement du corps dans l’espace et le temps.

De 1992 à 2007, la compagnie Rosas a été accueillie en résidence au Théâtre de la Monnaie à Bruxelles. Durant cette période, Anne Teresa De Keersmaeker a dirigé plusieurs opéras et de vastes pièces d’ensemble qui ont depuis intégré le répertoire de compagnies du monde entier. Dans Drumming (1998) et Rain (2001) – spectacles montés en collaboration avec l’ensemble de musique contemporaine Ictus – s’épanouissent de vastes structures géométriques, aussi complexes dans leurs tracés que dans leurs combinaisons, qui s’entremêlent aux motifs obsédants du minimalisme de Steve Reich. Ces chorégraphies de groupe sont devenues emblématiques de l’identité de Rosas. Au cours de sa résidence au Théâtre de la Monnaie, Anne Teresa De Keersmaeker a également présenté Toccata (1993) sur des fugues et partitas de Johann Sebastian Bach, dont l’oeuvre constitue un fil rouge dans son travail. Verklärte Nacht (écrit pour quatorze danseurs en 1995, adapté pour trois danseurs en 2014) a révélé l’aspect expressionniste du travail de la chorégraphe en valorisant la dimension narrative associée à ce sextuor à cordes d’Arnold Schönberg, typique du post-romantisme tardif. Elle s’est aventurée vers le théâtre, le texte et le spectacle transdisciplinaire avec I said I (1999), In real time (2000), Kassandra – speaking in twelve voices (2004) et D’un soir un jour (2006).

Elle a abordé la question de l’improvisation en travaillant à partir de jazz ou de musique indienne dans des pièces telles que Bitches Brew / Tacoma Narrows (2003) sur la musique de Miles Davis, ou Raga for the Rainy Season / A Love Supreme (2005). En 1995, Anne Teresa De Keersmaeker a fondé l’école P.A.R.T.S. (Performing Arts Research and Training Studios) à Bruxelles en association avec La Monnaie.
Les pièces récentes d’Anne Teresa De Keersmaeker témoignent d’un dépouillement qui met à nu les ressorts essentiels de son style : un espace contraint par la géométrie ; une oscillation entre la plus extrême simplicité dans les principes générateurs de mouvements – ceux de la marche par exemple – et une organisation chorégraphique riche et complexe ; enfin, un rapport soutenu à une partition (musicale ou autre) dans sa propre écriture. En 2013, De Keersmaeker revient à la musique de Bach (jouée en direct, toujours) dans Partita 2, un duo qu’elle danse avec Boris Charmatz. La même année, elle crée Vortex Temporum sur la pièce éponyme écrite en 1996 par Gérard Grisey, caractéristique de la musique dite spectrale. L’ancrage de l’écriture gestuelle dans l’étude de la partition musicale y est poussé à un degré extrême de sophistication et favorise un méticuleux dialogue entre danse et musique, représenté par un couplage strict de chaque danseur de Rosas avec un musicien d’Ictus. En 2015, le spectacle est totalement refondu pour l’adapter au format muséal, durant neuf semaines de performance au centre d’art contemporain WIELS de Bruxelles, sous le titre Work/Travail/Arbeid. La même année, Rosas crée Golden Hours (As you like it), à partir d’une matrice textuelle (la pièce Comme il vous plaira de Shakespeare) qui sert de partition implicite aux mouvements, affranchissant exceptionnellement la musique de sa mission formalisante et lui autorisant une fonction nouvelle d’environnement sonore (il s’agit de l’album Another Green World de Brian Eno, 1975). En 2015 toujours, Anne Teresa De Keersmaeker poursuit sa recherche sur le lien entre texte et mouvement dans Die Weise von Liebe und Tod des Cornets Christoph Rilke, une création basée sur le texte éponyme de Rainer Maria Rilke. Début 2017, l’Opéra de Paris invite la chorégraphe à mettre en scène Così fan tutte de Wolfgang Amadeus Mozart. En août de la même année, elle crée Mitten wir im Leben sind/Bach6Cellosuiten avec le violoncelliste Jean-Guihen Queyras. Sa nouvelle chorégraphie, sur les six Concertos brandebourgeois de Bach, a été créée à l’automne 2018. Dans Carnets d’une chorégraphe, une monographie de trois volumes publiée par Rosas et les Fonds Mercator, la chorégraphe dialogue avec la théoricienne et musicologue Bojana Cvejic, et déploie un vaste panorama de points de vue sur ses quatre oeuvres de jeunesse ainsi que sur Drumming, Rain, En Atendant et Cesena.

Drumming, l’un et les autres
Orange, fiévreuse, tendue dans de multiples directions, une danseuse est lâchée sous la lumière comme un taureau aveuglé dans l’arène. Elle fulmine, l’espace vibre autour d’elle. Cette présence intense est décochée au début de la nouvelle pièce de la Flamande Anne Teresa De Keersmaeker. La flèche est sûrement empoisonnée, car elle se fiche au cœur de la salle pour y diffuser son venin pendant une bonne heure de musique et de danse non-stop. Pour cette pièce, la chorégraphe a choisi la musique de Steve Reich, figure de proue du "minimalisme". Elle a déjà fait route avec le compositeur américain dans sa première chorégraphie, Fase (1982), et dans Just Before (1997), pièce qui portait en elle sa nouvelle création Drumming. La persévérance d’Anne Teresa De Keersmaeker, qui sait attendre le moment de la récolte paie. Dans Juste Before, chaque danseur dessinait son propre paysage intérieur. Avec Drumming, on retrouve ces mêmes individus, comme si chacun avait gardé en mémoire sa partition personnelle. Mais ils sont emportés dans une autre aventure, de nouveau sans parole, là où le travail chorégraphique est de créer l’espace nécessaire au dialogue, entre structure et émotion, abstraction et présence physique. Pour ce faire, Keersmaeker, en parfaite entente avec la musique graduelle, se déchaîne. Incessamment, elle rumine quelques phrases chorégraphiques conjuguées de manières différentes. Chaque danseur s’en empare, souvent dans l’urgence. Parfois dans des duos, où il s’agit de bien autre chose que de filer le parfait amour ou de jouer la crise. Les relations, généralement des croisements rythmés par des échanges de regards, par des tops de départ criés de façon militaire, évacuent le sentiment, n’induisent rien d’autre que le mouvement. C’est pourquoi, même si on peut trouver ce minimalisme très chargé - à la différence de celui de Lucinda Childs, qui vole en chaussons blancs au-dessus du plateau -, on se laisse emporter. L’occupation de l’espace autour du seul corps du danseur, l’écriture des vides et des pleins - Keersmaeker compose magistralement, sans atteindre toutefois la virtuosité de son Bach - est déterminante dans le propose de Drumming. Où il est question du rapport permanent de l’individu à la structure. Pas besoin d’une débauche de vocabulaire, de pas. Steve Reich n’a utilisé pour sa musique qu’un seul modèle rythmique de quelques secondes, motif de base de l’ensemble, "soumis à des changements de phase, de hauteur, de son et de timbre". Keersmaeker est partie d’une unique phrase chorégraphique de deux minutes. Par cette économie volontaire, les deux compositeurs vont à l’essentiel, sans s’embarrasser des utopies, des habitudes ou des consensus qui hantent la danse et la musique. Jusqu’à l’"adage" qui réunit tous les interprètes et fait masse dans le spectacle, même si les danseurs indiquent des directions multiples. Ce poids éphémère dû à l’unisson permet aussi de libérer les énergies individuelles, de les mettre en perspective. Sur le plateau orange - le tapis de danse semblant n’avoir pu être déroulé à temps -, les danseurs, en courses, en marches, en soli ou en un bref quatuor, se livrent à une réflexion sur leurs chances de survie dans le collectif et dans leur fatal isolement. Le cadre chorégraphique et musical est là pour créer un espace démocratique. C’est pour cela que Drumming est un spectacle à tous, pour tous.
Marie-Christine Vernay, Libération, le 16 octobre 1998.

ESPACES PLURIELS
SCÈNE CONVENTIONNÉE D'INTÉRÊT
NATIONAL ART ET CRÉATION DANSE
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