L’auteur et metteur en scène Nasser Djemaï nous invite à repenser l’accompagnement de nos aînés dans une fable surnaturelle et joyeuse très visuelle qui interroge le sens de l’amitié et de la solidarité.
Elles sont quatre dans un vieil immeuble déglingué, unies autour de Rose qui est désormais clouée dans un fauteuil à roulettes, ayant perdu l’usage de ses jambes et de la parole. Quand sa fille Victoria annonce qu’elle lui a trouvé une place dans un EHPAD, c’est tout un écosystème qui s’effondre. On découvre alors la routine de femmes d’un autre temps, diablement bien organisées pour assurer leur survie et celle de leur amie. Ce sont elles les gardiennes : à la fois fées, sorcières et héroïnes du quotidien qui s’infiltrent dans cet appartement encombré des souvenirs de toute une existence. Le spectateur est plongé dans un univers singulier, celui d’un temps élastique, un espace à part, avec ses règles, ses rites, son atmosphère et sa propre réalité. Avec humour et poésie, Les Gardiennes (2022) décrit une lutte entre individualisme et solidarité. Un tableau aux couleurs fantasmagoriques servi par cinq comédiennes dont la palette de jeu est impressionnante de variété.
Production Théâtre des Quartiers d’Ivry – CDN du Val-de-Marne // Coproduction Maison de la Culture de Bourges – Scène nationale, Théâtre de Sartrouville et des Yvelines – CDN, Théâtre de l’Union – CDN du Limousin, Le Volcan – Scène nationale du Havre, Théâtre National Populaire, CDN Normandie-Rouen, Châteauvallon-Liberté – Scène nationale, Fontenayen- scène – Ville de Fontenay-sous-Bois, Théâtre.s de la Ville de Luxembourg // Avec l’aide de la région Ile-de-France // Avec le soutien de la MC2 : Grenoble pour la construction du décor et de Châteauvallon- Liberté – Scène nationale dans le cadre d’une résidence de création // Éditions Actes Sud-Papier, 2022
L’auteur et metteur en scène Nasser Djemaï nous invite à repenser l’accompagnement de nos aînés dans une fable surnaturelle et joyeuse très visuelle qui interroge le sens de l’amitié et de la solidarité.
Elles sont quatre dans un vieil immeuble déglingué, unies autour de Rose qui est désormais clouée dans un fauteuil à roulettes, ayant perdu l’usage de ses jambes et de la parole. Quand sa fille Victoria annonce qu’elle lui a trouvé une place dans un EHPAD, c’est tout un écosystème qui s’effondre. On découvre alors la routine de femmes d’un autre temps, diablement bien organisées pour assurer leur survie et celle de leur amie. Ce sont elles les gardiennes : à la fois fées, sorcières et héroïnes du quotidien qui s’infiltrent dans cet appartement encombré des souvenirs de toute une existence. Le spectateur est plongé dans un univers singulier, celui d’un temps élastique, un espace à part, avec ses règles, ses rites, son atmosphère et sa propre réalité. Avec humour et poésie, Les Gardiennes (2022) décrit une lutte entre individualisme et solidarité. Un tableau aux couleurs fantasmagoriques servi par cinq comédiennes dont la palette de jeu est impressionnante de variété.
Metteur en scène Nasser Djemaï — Interprètes Claire Aveline, Coco Felgeirolles, Martine Harmel, Sophie Rodrigues, Chantal Trichet — Dramaturgie Marilyn Mattéï — Regard extérieur Mariette Navarro, Julie Gilbert — Assistanat mise en scène Rachid Zanouda — Scénographie et costumes Claudia Jenatsch assistée de Dominique Rocher aux costumes et Salomé Bégou à la scénographie — Création lumière Laurent Schneegans — Création sonore Frédéric Minière — Création vidéo Nadir Bouassria, Grégoire Chomel — Perruques et maquillage Cécile Kretschmar — Accessoires et régie générale Lellia Chimento — Nasser Djemaï est directeur du Théâtre des Quartiers d’Ivry - Centre dramatique national du Val-de-Marne — Crédit photo Luc Jennepin
Comédien, auteur et metteur en scène, directeur du Théâtre des Quartiers d’Ivry, Centre dramatique national du Val de Marne, Nasser Djemaï rencontre le public à l’occasion de sa venue pour la pièce Les Gardiennes, présentée au Foirail. Œuvrant pour un théâtre généreux et humain, ses pièces cherchent à ouvrir l’imaginaire dans un monde qui s’appauvrit.
Diplômé de l’École Nationale de la Comédie de Saint-Étienne et de la Birmingham School of Speech and Drama en Grande-Bretagne, Nasser Djemaï débute auprès de René Loyon et de Robert Cantarella avant de jouer et de mettre en scène ses propres textes, publiés chez Actes Sud-Papiers.
Gratuit sur inscription
En compagnie d’un.e régisseur.se de la compagnie, venez découvrir de plus près les décors et accessoires de la pièce, poser toutes les questions sur les petites ficelles de la régie et percer à jour les secrets de la machinerie. Ces courtes visites commentées sont une entrée en matière inédite dans l’œuvre pour une découverte qui se prépare du côté des coulisses !
Nasser Djemaï
Diplômé de l’École Nationale de la Comédie de Saint-Étienne et de la Birmingham School of Speech and Drama en Grande-Bretagne, Nasser Djemaï débute auprès de René Loyon et de Robert Cantarella. Il poursuit sa formation d’acteur auprès de Philippe Adrien, Alain Françon, Joël Jouanneau, Georges Lavaudant avant de jouer et mettre en scène ses propres textes.
Une étoile pour Noël, seul en scène inspiré de sa vie, est créé à la Maison des Métallos à Paris en 2005 et sera joué plus de 500 fois en France et à l’étranger entre 2005 et 2012.
S’ensuivront Les Vipères se parfument au jasmin en 2008, puis Invisibles, en 2011, créé à la MC2 : Grenoble. Cette pièce construite autour de la mémoire des Chibanis fait suite à une importante collecte de paroles. Elle connaît un vif succès et tourne encore aujourd’hui. Nasser Djemaï obtient trois nominations aux Molières 2014 dans les catégories Auteur francophone, Metteur en scène de Théâtre public et Spectacle Théâtre public, ainsi que le prix Nouveau talent Théâtre de la SACD. Vertiges créé à la MC2 : Grenoble en janvier 2017, lui vaut à nouveau une nomination aux Molières dans la catégorie Auteur francophone vivant. Héritiers, création 2019 a été programmé au Théâtre National de la Colline en 2020. Il repart en tournée dès le mois de septembre 2021.
Les Gardiennes, sa nouvelle et septième création, verra le jour au TQI à l’automne 2022.
Nasser Djemaï est un des auteurs de théâtre régulièrement inscrits aux programmes étudiés dans les collèges, les lycées et les universités.
Tous ses textes sont publiés chez Actes Sud-Papiers.
Les Gardiennes, l’aventure jusqu’au bout.
Le dramaturge et metteur en scène Nasser Djemaï invite à repenser l’accompagnement des aînés et la solidarité humaine jusqu’aux derniers rayons du soleil.
Malgré les années, ces quatre-là continuent de dire non au formatage des corps et des idées. Quand le public s’installe, elles sont déjà sur la scène, dans le cocon d’un appartement encombré des souvenirs de toute une existence. Rose, qui a perdu l’usage de ses jambes et de la parole, est désormais clouée dans son fauteuil à roulettes. Au rez-de-chaussée du vieil immeuble déglingué, elle n’est pas seule, cependant. Ses copines de toujours veillent jour et nuit. C’est de cette solidarité humaine que parlent les Gardiennes, la dernière pièce de Nasser Djemaï, qu’il met en scène dans son Théâtre des Quartiers d’Ivry.
« Avec cette fable fantastique, j’aimerais représenter les derniers vestiges d’un monde révolu », dit-il. Mais ce monde n’est-il pas à réinventer ? C’est d’ailleurs une des idées qui s’échappent de ce texte un brin trop foisonnant (publié chez Actes Sud-Papiers). Ce « monde révolu » est celui d’une indéfectible solidarité. Les quatre femmes ont été jeunes. Elles ont travaillé toutes les quatre à l’usine de tissage. Elles ont lutté longtemps, mais vainement, pour conserver leur emploi. Rose était la meneuse, la syndicaliste, la militante politique que l’on suivait. Parce qu’elle savait s’y prendre pour cela, et parce qu’elle avait tout bonnement raison d’appeler à l’action pour défendre le bifteck quotidien.
Sur la scène, Martine Harmel est Rose, Claire Aveline est Suzanne, Coco Felgeirolles est Margot, Chantal Trichet est Hannah. Toutes les quatre à l’aise dans leur rôle de vieille femme. Une performance qui n’est pas évidente pour des comédiennes qui ont l’âge de leurs personnages. Depuis l’accident de Rose, ses trois amies se sont regroupées autour d’elle pour l’aider dans les gestes du quotidien avec naturel. Mais voilà que, dans cette petite mécanique humaine, débarque Victoire (Sophie Rodrigues), fille de Rose, qui espère « placer » sa mère dans une maison de retraite médicalisée. Un déracinement qui reviendrait à hâter sa fin, plaident ses amies.
Un tel récit peut sembler austère, voire moralisateur, mais ce serait comprendre les Gardiennes à l’envers. Sous-titrée le Nœud du tisserand, l’aventure parle de liens que l’on ne peut dissoudre et qui au contraire se renforcent si on tente de les rompre. Victoire en fera l’expérience. Pour autant, Nasser Djemaï, pour se faire bien comprendre, use de deux armes infaillibles, l’humour, quasi permanent, et le fantastique, qui permet quelques séquences remarquables où la poésie et la danse prennent le dessus et renforcent les questions qui se posent à chacun, sur l’avenir des personnes âgées, le sens de l’amitié et de la solidarité. Et quand Suzanne dit : « J’ai besoin de vibrer encore, de profiter des derniers rayons du soleil, d’aller vers de nouvelles aventures et d’être amoureuse », cette parole est aussi offerte à tous ceux qui veulent l’entendre. Au-delà des sociétés formatées.
L’Humanité, Gérald Rossi, 14 novembre 2022.
« Les Gardiennes » de Nasser Djemaï , une réflexion sur la vieillesse et les relations familiales
Septième création de l’auteur et metteur en scène Nasser Djemaï, directeur du Théâtre des Quartiers d’Ivry, Les Gardiennes nous plonge dans les ébranlements d’un conflit de génération. Une réflexion sur la vieillesse et les relations familiales remarquablement interprétée par Claire Aveline, Coco Felgeirolles, Martine Harmel, Sophie Rodrigues et Chantal Trichet.
Elles sont quatre, vivent dans le même immeuble, avancent ensemble sur le chemin d’une fin de vie tranquille : unies, solidaires, joyeuses. Elles forment comme une petite tribu, ont choisi de se tenir chaud, d’échapper collectivement aux infortunes de la vieillesse et de l’isolement. Elles se sont connues à l’usine lorsque, dans leur jeunesse, elles travaillaient comme ouvrières au sein d’une filature et militaient ensemble dans la même organisation syndicale. Il y a Margot (Coco Felgeirolles), Hannah (Chantal Trichet), Suzanne (Claire Aveline) et Rose (Martine Hamel). Cette dernière ayant perdu sa mobilité et l’usage de la parole, ses amies se sont installées chez elle afin de l’assister dans son quotidien. Ces trois-là sont les gardiennes qui donnent son titre à la nouvelle pièce de Nasser Djemaï, créée le 9 novembre dernier, dans une mise en scène de l’auteur, sur le plateau de la Salle Adel Hakim du Théâtre des Quartiers d’Ivry. Des gardiennes qui voient leur paisible existence bouleversée le jour où Victoire (Sophie Rodrigues), la fille de Rose, débarque et annonce qu’elle va vendre l’appartement de sa mère et placer cette dernière dans une institution médicalisée.
C’est le choc de deux mondes, de deux visions opposées de la vie. D’un côté, il y a Victoire et son individualisme contemporain, son esprit logique, rigoureux, méthodique. De l’autre, il y a Margot, Hannah et Suzanne qui défendent les valeurs d’une époque où l’entraide et le bien commun voulaient encore dire quelque chose. On connaît le théâtre à hauteur d’humanité auquel travaille Nasser Djemaï depuis la création d’Une Étoile pour Noël, son premier texte, en 2005. Dans la lignée des réflexions entre intime et politique qui nourrissent l’univers de l’auteur-metteur en scène, Les Gardiennes nous donne à penser et à ressentir. Servie par un formidable quintet de comédiennes (Sophie Rodrigues déploie un jeu d’une impressionnante amplitude), cette réflexion sur l’âge et la dépendance passe par toutes sortes de ruptures, toutes sortes de couleurs. Réalisme, fantasmagorie, onirisme poétique, drôlerie, sensibilité dramatique, âpreté, violence... Ces teintes (d’intensités inégales) composent un tableau qui s’autorise de belles incursions dans l’étrange. Au bord du déséquilibre, le spectacle de Nasser Djemaï fait entrer les désordres de l’inconscient, de la folie, dans la banalité du quotidien.
La Terrasse, Manuel Piolat Soleymat, 13 novembre 2022.
La vieillesse, la dépendance, la solitude sont des problèmes complexes qui nous touchent tous.
Quelle réponse donner ? Comment se soigner ? Garder son environnement ? Préserver les amitiés qui maintiennent en vie ? Car il n’y a pas que le problème de la sécurité sanitaire et matérielle, il y a aussi et surtout la question du maintien de l’appétit de vivre ! Le réseau familial et le réseau amical sont rarement au même endroit. Alors comment conserver amis et voisins de toujours ? Se rapprocher de la famille ? Créer de nouvelles relations dans un EPHAD ? Est-ce vraiment possible quand on a 80-90 ans ? L’idéal est certainement de pouvoir rester chez soi en étant aidé, et quand c’est par le biais de l’amitié, c’est encore mieux, que demander de plus ? C’est ce que Les Gardiennes vont essayer de faire comprendre à Victoria mais la partie est loin d’être gagnée.
Avec cette fable fantastique, j’aimerais représenter les derniers vestiges d’un monde révolu. Je propose de plonger le spectateur dans un univers singulier, celui d’un temps élastique, un espace à part, avec ses règles, ses rites, son atmosphère et sa propre réalité. Nous suivrons le parcours de Victoria. A travers son regard, nous découvrirons le quotidien de ces femmes âgées d’un autre temps, diablement bien organisées pour assurer leur survie et celle de leur amie Rose. Les petites débrouillardises du quotidien : comment tuer l’ennui, faire les courses, le ménage, comment résister au froid, aux canicules, comment se déplacer pour aller chez le médecin et toutes les stratégies déployées chaque jour pour éviter l’impitoyable modernité qui ne leur fait aucune place. Ces Gardiennes ont partagé les grandes espérances de l’après-guerre, les espoirs des décolonisations, des indépendances, les promesses d’un monde en progrès continu. C’est une génération « politique », croyante en quelque sorte, croyante dans le progrès et l’éducation, qui a connu des grèves victorieuses, la promotion sociale de ses enfants, un réel nouveau « confort », qui a vu arriver avec stupeur et incompréhension le néolibéralisme et la religion du tout consommable et du tout jetable. Elles ont toutes vécu dans cet immeuble et n’en ont jamais bougé. Elles en connaissent les moindres recoins. Tout le monde est parti au fur et à mesure, elles ont vu leur quartier s’appauvrir sous leurs yeux, mais elles ont décidé de rester dans ce bâtiment.
Victoria au contraire incarne l’extrême modernité, c’est une femme qui maîtrise parfaitement les codes du nouveau monde, elle se doit d’être efficace tous les jours pour organiser sa vie et celle de ses deux enfants. Victoria est séparée de leur père, la situation est explosive entre les deux et la gestion de la garde alternée est source de vives tensions. Elle est radiologue dans un hôpital, où là encore les conditions de travail sont soumises à rude épreuve avec un personnel soignant fragilisé et à bout de nerfs. Son arrivée est vécue par Les Gardiennes, comme une intrusion. Elle ne peut imaginer la violence de son comportement car elle pense agir pour le bien-être de sa mère. Se dessine alors un conflit d’imaginaires inévitable entre les deux mondes.
Nasser Djemaï