AMIR REZA KOOHESTANI
TIMELOSS
Théâtre / lundi 05 novembre 20h30  / Théâtre Saragosse
1h00 / TARIF B / SPECTACLE EN PERSAN SURTITRÉ EN FRANÇAIS

Le metteur en scène iranien Amir Reza Koohestani, déjà invité en novembre 2016 pour Hearing, développe un théâtre de l’allusion, constamment sur le fil de l’émotion. En 2001, il crée Dance on Glasses à l’issue d’une rupture amoureuse. La pièce, dont le succès propulse le jeune auteur de vingt-deux ans au devant de la scène internationale, raconte cette séparation jouée par deux comédiens assis face à face. Douze ans plus tard, toujours avec son équipe du Mehr Theater Group, il écrit Timeloss comme une méditation subtile et mélancolique sur les boucles du temps et de la mémoire. Un homme et une femme enfermés dans un studio d’enregistrement doivent prêter leurs voix pour un doublage son de Dance on Glasses. On comprend qu’eux aussi ont vécu une séparation, une histoire qui dialogue avec les images projetées sur l’écran. Koohestani démontre ici son sens de la mise en abyme, multipliant les niveaux de réalité, de l’auteur au personnage, du personnage à ses interprètes successifs, mais aussi de l’acteur passé à l’acteur présent.

« Ainsi se jouent les fragments d’un discours amoureux iranien d’aujourd’hui. Et c’est beau. La douceur du farsi berce (le spectacle est surtitré), et entendre parler d’amour dans une langue étrangère provoque toujours un sentiment singulier. Enfin, il y a cette simplicité du dispositif, et le jeu ouvert, direct, des deux acteurs. »
Brigitte Salino, le Monde, septembre 2013.

http://www.mehrtheatregroup.com/amir-reza-koohestani

Mehr Theatre Group • Texte, mise en scène & scénographie Amir Reza Koohestani • Avec sur scène Mohammadhassan Madjooni, Mahin Sadri et sur les vidéos Abed Aabest , Behdokht Valian • Assistant à la mise en scène Mohammad Reza Hosseinzadeh • Musique & création son Pouya Pouramin • Vidéo & direction technique Davoud Sadri Costumes Negar Nemati • Traduction française et adaptation sur titrage Massoumeh Lahidji • Spectacle présenté avec le soutien de l’ONDA • Photos Mani Lotfizadeh
PRODUCTION

Production Mehr Theatre Group • Coproduction Festival actOral avec Marseille-Provence 2013 - Capitale Européenne de la Culture, La Bâtie - Festival de Genève • Directeurs de production Mohammad Reza Hosseinzadeh et Pierre Reis • Administration compagnie & tournées Pierre Reis • La pièce comprend des extraits de Dance on Glasses • Texte, mise en scène et scénographie Amir Reza Koohestani • Avec Sharareh Mansour Abadi et Ali Moini • Chorégraphie Ehsan Hemat • Musique Thousand Years de Sting • Production Mehr Theatre Group • Création en 2001 à Shiraz, Iran

Le metteur en scène iranien Amir Reza Koohestani, déjà invité en novembre 2016 pour Hearing, développe un théâtre de l’allusion, constamment sur le fil de l’émotion. En 2001, il crée Dance on Glasses à l’issue d’une rupture amoureuse. La pièce, dont le succès propulse le jeune auteur de vingt-deux ans au devant de la scène internationale, raconte cette séparation jouée par deux comédiens assis face à face. Douze ans plus tard, toujours avec son équipe du Mehr Theater Group, il écrit Timeloss comme une méditation subtile et mélancolique sur les boucles du temps et de la mémoire. Un homme et une femme enfermés dans un studio d’enregistrement doivent prêter leurs voix pour un doublage son de Dance on Glasses. On comprend qu’eux aussi ont vécu une séparation, une histoire qui dialogue avec les images projetées sur l’écran. Koohestani démontre ici son sens de la mise en abyme, multipliant les niveaux de réalité, de l’auteur au personnage, du personnage à ses interprètes successifs, mais aussi de l’acteur passé à l’acteur présent.

« Ainsi se jouent les fragments d’un discours amoureux iranien d’aujourd’hui. Et c’est beau. La douceur du farsi berce (le spectacle est surtitré), et entendre parler d’amour dans une langue étrangère provoque toujours un sentiment singulier. Enfin, il y a cette simplicité du dispositif, et le jeu ouvert, direct, des deux acteurs. »
Brigitte Salino, le Monde, septembre 2013.

http://www.mehrtheatregroup.com/amir-reza-koohestani

DISTRIBUTION

Mehr Theatre Group • Texte, mise en scène & scénographie Amir Reza Koohestani • Avec sur scène Mohammadhassan Madjooni, Mahin Sadri et sur les vidéos Abed Aabest , Behdokht Valian • Assistant à la mise en scène Mohammad Reza Hosseinzadeh • Musique & création son Pouya Pouramin • Vidéo & direction technique Davoud Sadri Costumes Negar Nemati • Traduction française et adaptation sur titrage Massoumeh Lahidji • Spectacle présenté avec le soutien de l’ONDA • Photos Mani Lotfizadeh

 
RENDEZ-VOUS
 

AMIR REZA KOOHESTANI

Né en 1978 à Chiraz (Iran), Amir Reza Koohestani publie dès l’âge de 16 ans des nouvelles dans les journaux de sa ville natale. Attiré par le cinéma, il suit des cours de réalisation et de prise de vue. Pendant un temps, il joue aux côtés des membres du Mehr Theatre Group avant de s’y consacrer avec l’écriture de ses premières pièces : And The Day Never Came (1999) et The Murmuring Tales (2000). Avec Dance on Glasses (2001), il acquiert une notoriété internationale. Suivent alors les pièces Recent Experiences (adaptation de la pièce des auteurs canadiens Nadia Ross et Jacob Wren, 2003) ; Amid the Clouds (2005) ; Dry Blood & Fresh Vegetables (2007) ; Quartet : A Journey North (2007) ; Where Were You on January 8th ? (2009) ; Ivanov (2011), The Fourth Wall (adaptation de la pièce originale England de Tim Crouch, 2012), présentée cent fois dans une galerie d’art à Téhéran. En 2012, le film Modest Reception, dont il co-signe le scénario avec Mani Haghighi – acteur et réalisateur – remporte le Netpac Award au Festival International du Film de Berlin. Pour 2013, le Festival actoral à Marseille, lui commande l’écriture d’une nouvelle pièce, Timeloss (basée sur sa pièce précédente Dance on Glasses). D’octobre 2014 à mars 2015, Amir Reza Koohestani est en résidence à l’Akademie Schloss Solitude, à Stuttgart, où il écrit la pièce, Hearing, créée en juillet 2015 au Théâtre de la Ville de Téhéran. Depuis quelques années, Koohestani travaille régulièrement en Allemagne où il présente plusieurs créations : Einzelzimmer (Koln Schauspielhaus, 2006) Taxigeschichten (Theater Oberhausen, 2015), Der Fall Meursault
- Eine Gegendarstellung
(Kammerspiele, 2016), Tannhäuser – son premier opéra – (Staatstheater Darmstadt, 2017), The Cherry Orchard (Theater Freiburg, 2017), Die Attentäterin (Kammerspiele, 2018). En septembre 2018, invité parmi d’autres metteurs en scènes (Tiago Rodrigues, Pascal Rambert, tg Stan, Luk Perceval, Christiane Jatahy) – pour le lancement de saison de La Comédie de Genève (Suisse) – il propose une pièce courte inspirée de Mademoiselle Julie d’August Strindberg. Sa dernière création avec le Mehr Theatre Group – Summerless – présentée en première mondiale au Kunstenfestivaldesarts à Bruxelles en mai 2018, est la troisième partie d’une trilogie sur les thèmes du temps et de la mémoire (Timeloss, Hearing, Summerless) qui sera présentée en tant que telle pour la première fois au Festival TNB à Rennes au mois de novembre 2018. Les prochaines créations de Koohestani sont Macbeth (Kammerspiele, 2018) et Die Küche (Theater Freiburg, 2019).

Fragments d’un discours amoureux iranien. À Genève, Amir Reza Koohestani refait vivre les personnages créés dans une première pièce, il y a douze ans.

Vous êtes assis dans une pièce, avec quelqu’un. Et vous n’arrivez pas à vous lever de votre chaise. Vous venez d’avoir une conversation sur un sujet important, une rupture, par exemple. Vous devriez partir, vous restez. Cloué sur place par l’idée que quelque chose n’a peut-être pas été dit qui pourrait tout changer, même si vous savez que cette idée n’a pas de sens... Cette situation, chacun l’a vécue, un jour ou l’autre. Pour Amir Reza Koohestani, elle a été déterminante : la pièce qui l’a rendu célèbre en est née. C’était en 2001. L’Iranien de Chiraz avait 22 ans, et il s’était séparé d’une jeune fille qu’il aimait. Il travaillait avec une troupe qui est toujours la sienne, le Mehr Theatre Group, et, déjà, il aimait écrire. Il avait commencé dès l’adolescence, en publiant des nouvelles dans les journaux, puis il avait poursuivi avec des scénarios de courts-métrages, et deux pièces, pour sa troupe. La rupture lui inspira Dance on Glasses (" Danser sur du verre "). On y voyait un garçon et une fille, chacun au bout d’une longue table. Un maître de danse, et sa muse, Shiva. Consumés par la passion, sidérés par leur rupture. Incapables de se lever de leur chaise. Douze ans plus tard, les revoilà. À Genève, au Théâtre du Grütli, où Amir Reza Koohestani vient de créer Timeloss (“Perte de temps”), une suite à Dance on Glasses, dans le cadre de l’excellent festival de La Bâtie. Le garçon et la fille ne font plus table commune. Ils ont chacun la sienne, séparée, décalée : celle du garçon est derrière, côté cour, celle de la fille devant, côté jardin. Le garçon peut voir la fille, mais il la regarde peu, et elle ne le regarde pas. Ils sont dans un studio d’enregistrement où ils reprennent les voix de Dance on Glasses, qui doit sortir en DVD, mais dont le son est mauvais. Au-dessus d’eux, il y a deux écrans avec les images filmées du spectacle. En régie se tient l’auteur, qui parfois les interpelle, en off. Ils ne se sont pas revus depuis leur séparation. Que peut-il se passer entre eux ? Rien, et tout. Rien, parce qu’il leur est impossible de rembobiner leur histoire d’amour. Tout, parce qu’il est leur impossible d’oublier leur histoire d’amour. Alors ils dialoguent avec le passé, à travers le DVD, et pourchassent le présent, à travers leurs échanges. Sans arriver à quitter leur chaise. Ainsi se jouent les fragments d’un discours amoureux iranien d’aujourd’hui. Et c’est beau. La douceur du farsi berce (le spectacle est surtitré), et entendre parler d’amour dans une langue étrangère provoque toujours un sentiment singulier. Et puis il y a cette façon qu’a Koohestani de se tenir sur le fil de l’émotion, son art du dialogue, son sens de l’allusion. Enfin, il y a cette simplicité du dispositif, et le jeu ouvert, direct, des deux acteurs, Hassan Madjooni et Mahin Sadri. Pourtant, ce n’était pas gagné : revenir à un spectacle que l’on a fait comporte un gros risque. Surtout quand, comme Dance on Glasses, il a eu de telles conséquences. À sa création, à Chiraz, le jeune Iranien pensait que son histoire n’intéresserait personne. Elle a séduit, a été invitée à Téhéran, puis à l’étranger, où elle est devenue un phénomène : quatre ans de tournées à travers le monde, et une reconnaissance internationale pour son auteur qui, depuis, a signé d’autres spectacles très bien accueillis, comme Recent Experiences (2003), Amid the Clouds (2005), ou Where Were You on January 8th ? (2010). Cette année-là, Amir Reza Koohestani n’a pas pu venir en Europe pour voir sa pièce. Il était retenu en Iran pour faire son service militaire de dix-huit mois. “Comment cela se passe, le service militaire en Iran ?”, lui demande-t-on, à la cafétéria du Grütli, après la représentation de Timeloss. “Très bien, répond-il. J’ai enseigné l’anglais à des officiers, à Téhéran, où j’habite maintenant. Et c’était à vingt minutes de la maison.” Il faut dire qu’Amir Reza Koohestani avait passé un an à Manchester, en Grande-Bretagne, en 2008. Il travaillait à une thèse sur “Le théâtre documentaire après le 11 septembre.” L’enjeu d’une des parties consistait à “essayer de comprendre pourquoi il n’y a pas de théâtre documentaire au Moyen-Orient et en Iran”. Il en a conclu que “cela ne tient pas seulement à la nature politique de certains régimes, mais aussi, en tout cas en ce qui concerne l’Iran, à la structure de la langue, porteuse de métaphores et d’ironie qui permettent de contourner la censure.” Ou de jouer au chat et à la souris avec elle, comme Amir Reza Koohestani en a l’expérience. De tous ses spectacles, un seul a été censuré : Ivanov, de Tchekhov. Les représentations, qui ont lieu à Téhéran, en 2011, n’ont pas été interdites mais repoussées de trois semaines. Au départ, selon la procédure, Koohestani avait donné le texte à lire. Celui de Tchekhov, sans préciser qu’il l’avait adapté, et fait d’Ivanov un homme qui apprend l’anglais parce qu’il cherche à émigrer. La censure a dit oui à Tchekhov, et non à Koohestani, quand, toujours selon la procédure, elle est venue voir une répétition. Il a fallu négocier, mais le propriétaire terrien de Tchekhov est resté un homme qui apprend l’anglais. Sur un autre point, la négociation n’a pas été possible : dans la pièce, la femme d’Ivanov est une juive convertie. Koohestani l’avait mentionné. Il a dû retirer qu’elle était juive. Mais il souligne que “la censure ne fonctionne pas, parce que le public sait que les pièces sont censurées”. Et puis la situation s’est améliorée depuis que Hassan Rohani a succédé à Mahmoud Ahmadinejad, en juin. “Nous attendons de voir, mais nous sommes très optimistes”, dit l’Iranien, beaucoup plus loquace et détendu qu’il ne l’était il y a quelques années. Il sait bien que sa notoriété internationale le protège. “Mais elle a aussi son mauvais côté, parce qu’on me reproche de jouer pour les Européens, et l’on voudrait que je vante mon pays, ditil. Vous savez, la situation n’est jamais simple : ce n’est pas oui ou non, blanc ou noir. Quand j’étais à Manchester, je me suis demandé si j’étais fait pour vivre dans un pays occidental. À ce moment-là, une de mes pièces était jouée à Téhéran. Des places se vendaient au marché noir parce que les gens voulaient absolument la voir. Je me suis alors dit : pourquoi j’irais vivre ailleurs qu’en Iran ? C’est mon pays, j’y suis bien.” Le Monde, Brigitte Salino, 7 septembre 2013

Sous son voile, une Eurydice de caractère. L’Iranien Koohestani gratifie le festival d’une création qui se profile d’ores et déjà comme un sommet.

Quasi innombrables furent les raisons de se pâmer devant ce Timeloss trop brièvement programmé en début de Bâtie. Il y a d’entrée de jeu les sonorités délicieusement gutturales des dialogues persans qui fusent en toute sobriété entre les deux comédiens physiquement présents sur scène, Hassan Madjooni et Mahin Sadri. Il y a l’ingéniosité virtuose du dispositif grâce auquel le créateur Amir Reza Koohestani revisite 12 ans après – sur une commande du Festival actOral de Marseille – l’opus qui l’avait révélé à travers l’Europe, Dance On Glasses. Il y a encore le traitement qu’on pourrait qualifier de néo-pirandellien des multiples niveaux de réalité, de l’auteur au personnage, du personnage à ses interprètes successifs – à l’écran ou à la scène –, mais aussi de l’acteur passé à l’acteur présent, soumis en abyme aux ordres d’un metteur en scène autoritaire. Il y a aussi la réflexion subtile et mélancolique sur les boucles du temps et de la mémoire. Et s’il fallait n’en retenir qu’une seule, de ces raisons, on s’attacherait peut-être à la secousse d’ordre sociétal qui nous est infligée : que la figure féminine, prise ici dans des rapports tant de travail que de couple, dément catégoriquement l’image d’une Iranienne soumise, asservie et bâillonnée. Bien au contraire, cette Eurydice voilée que son Orphée tente de ramener à son désir fait montre d’une indépendance, d’une fermeté et d’un aplomb que bien des Occidentales lui envieraient ! Tribune de Genève, Katia Berger, 2 septembre 2013

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