Après son intense et sensuel autoportrait dansé Cellule, présenté lors de l’édition 2019 de Résonance(s) dédiée aux cultures urbaines, la danseuse et chorégraphe Nach explore de nouvelles énergies puisées dans la culture japonaise lors d’un séjour de six mois à la Villa Kujoyama à Kyoto. Électron libre du krump, formée à l’épreuve de la rue et des battles, Nach s’aventure au gré de ses intuitions et de son instinct dans une recherche du geste qui transcende les codes et les cultures. Dans ce nouvel opus, Beloved Shadows, elle confronte la tension musculaire, le lâcher-prise, la haute-énergie et la jouissance du krump au contrôle, à l’intériorité, aux corps fantomatiques rencontrés dans l’oeuvre d’Hijikata Tatsumi, maître de la danse butô. La chorégraphe se défait des contraintes et des concepts, se laisse traverser par les formes qui habitent son corps de krumpeuse baigné d’images et d’impressions : la vieille femme d’Okinawa, le boxeur... Des sensations, des marches, des énergies qui lui reviennent comme les accents d’une langue longtemps entendue. Nach convoque sur le plateau ses propres personnages, ses propres mythes. Elle compose avec l’épuisement physique, la répétition des mouvements, la fièvre et la folie, la déformation, l’instinct, la violence et l’animalité comme territoire de danse commun permettant le croisement de cultures si différentes.
Production Nach Van Van Company / Coproduction (en cours) CDCN Atelier de Paris, L’Échangeur – CDCN Hauts-de- France, La Place de la Danse – CDCN Toulouse-Occitanie, Centre chorégraphique national de La Rochelle / Cie Accrorap – Direction Kader Attou, CCN de Roubaix / Soutien La DRAC Ile-de-France au titre de l’aide au projet, La SACD Beaumarchais au titre de l’aide à l’écriture en danse, Le Gymnase CDCN Hauts-de-France / Nach est artiste compagnonne du Centre chorégraphique national de La Rochelle / Cie / Accrorap – Direction Kader Attou et est soutenue par le CDCN Atelier de Paris dans le cadre du fonds FoRTE / Nach était artiste résidente à la Villa Kujoyama à Kyoto de juillet à décembre 2018 / Création 17 octobre 2019 à l’Échangeur, CDCN Hauts-de- France
Après son intense et sensuel autoportrait dansé Cellule, présenté lors de l’édition 2019 de Résonance(s) dédiée aux cultures urbaines, la danseuse et chorégraphe Nach explore de nouvelles énergies puisées dans la culture japonaise lors d’un séjour de six mois à la Villa Kujoyama à Kyoto. Électron libre du krump, formée à l’épreuve de la rue et des battles, Nach s’aventure au gré de ses intuitions et de son instinct dans une recherche du geste qui transcende les codes et les cultures. Dans ce nouvel opus, Beloved Shadows, elle confronte la tension musculaire, le lâcher-prise, la haute-énergie et la jouissance du krump au contrôle, à l’intériorité, aux corps fantomatiques rencontrés dans l’oeuvre d’Hijikata Tatsumi, maître de la danse butô. La chorégraphe se défait des contraintes et des concepts, se laisse traverser par les formes qui habitent son corps de krumpeuse baigné d’images et d’impressions : la vieille femme d’Okinawa, le boxeur... Des sensations, des marches, des énergies qui lui reviennent comme les accents d’une langue longtemps entendue. Nach convoque sur le plateau ses propres personnages, ses propres mythes. Elle compose avec l’épuisement physique, la répétition des mouvements, la fièvre et la folie, la déformation, l’instinct, la violence et l’animalité comme territoire de danse commun permettant le croisement de cultures si différentes.
Nach Van Dance Company / Chorégraphie et interprétation Nach / Musique originale Koki Nakano / Lumière (en cours) / Costume (en cours) / Régisseur général Vincent Hoppe / Administration - Production - Diffusion MANAKIN – Lauren Boyer & Leslie Perrin / CRÉDITS PHOTOS ANDRÉ BALDINGER
Nach rencontre le Krump à l’âge de 22 ans devant l’Opéra
de Lyon après avoir vu Rize le film documentaire de David
Lachapelle consacré à cette danse urbaine. La rue est sa
première école.
Elle forge ensuite sa danse au fil de rencontres, avec Heddy
Maalem en 2012, qui détermine son désir de développer le
Krump au contact d’autres pratiques, avec Bintou Dembélé,
avec Marcel Bozonnet, avec des arts traditionnels comme
le Kathakali et le flamenco. Ses références se trouvent
aussi du côté de la photographie (Antoine d’Agata,
Francesca Woodman…), la poésie (Sony Labou Tansi…),
des arts audiovisuels, du cinéma d’essai et des musiques
expérimentales.
Nach crée son premier solo Cellule en décembre 2017,
puis devient artiste résidente à la Villa Kujoyama à Kyoto
en 2018 (juillet-décembre). Elle prépare actuellement sa
prochaine création Beloved Shadows à venir en octobre
2019 à L’Échangeur CDCN (Château-Thierry) et travaille sur
un projet de vidéo-danse Instantané de désir.
Nach est artiste compagnonne du Centre Chorégraphique
national de La Rochelle / Cie Accrorap - Direction Kader
Attou. Elle est également soutenue par le CDCN Atelier de
Paris au titre du Fonds FoRTE.
Le désir
Il m’a fallu du temps pour assumer mon désir et ses
contradictions.
(désir d’être désirée, désir de souffrir, désir de l‘autre, désir
du corps qui danse, désir de la mort…).
En tant que danseuse de Krump, j’évolue dans un univers
très masculin où l’extase parvient en usant le corps, en
allant chercher les forces profondes.
L’épuisement physique, la répétition des mouvements, le
corps et le visage habités, contractés, libérés, grimaçants,
fièvre et folie, déformation, instinct, violence, animalité…
Qu’a à voir cet état de jouissance dans les énergies
hautes et le lâcher-prise, avec le contrôle, la maîtrise d’un
mouvement rituel, en tout cas ce que j’imagine, sans doute
naïvement du rapport au corps au Japon ?
Je suis fascinée.
Il y a la danse Butô, comme continuité d’une exploration de
l’intériorité sensible, ravagée, qui n’a d’autre choix que de
hurler sourdement.
Ma danse, elle, c’est mon érotique.
Qu’ai-je à voir avec une Geisha ?
Y-a-t-il un lien entre les rituels urbains des sessions Krump
sur le toit du Décathlon, Porte de Montreuil et ce que je
pressens de la sophistication de cette culture ?
Dans un cercle, où tous vous dévorent des yeux, être
observée et désirée par les hommes, au milieu de tous ces
hommes qui admirent ma force.
Nach aimera-t-elle le bondage ?
Comment mettra-t-elle en mouvement ces dessins qui la
troublent quand elle regarde ces estampes japonaises dont
l’audace ressemble si fort à ce qui traverse son corps ?
Quels sont ces liens puissants et mystérieux ?
Une voyageuse.
Une femme métisse.
Nach va ouvrir les frontières et rencontrer la différence.
Le butô
Je découvre l’OEuvre d’Hijikata Tatsumi. Sa méthode de
notation et la manière dont il s’inspire de courant artistique,
d’oeuvres d’art, d’images, de personnages de la vie
quotidienne, personnages fantastiques et mythologiques.
Il y a la révélation artistique qui me frappe en regardant
sa pièce Costume en face. Je suis subjuguée par ce
que je vois, pendue aux corps des danseurs, à cette
énergie organique venue d’un autre monde. Ces corps
fantomatiques me fascinent.
Moa san, le danseur d’Hijikata nous enseigne les
mouvements de la rose de coton, du fantôme, de la vieille
femme d’Okinawa. Il y a la tête décapitée, la colonne nazie
qui tient entre ses mains un crâne. Il y a la femme démon
dont les cheveux longs tombent entre les mains, sa tête
courbée par le poids des cheveux avant que ces derniers
ne flottent dans toute la pièce, en lévitation, découvrant
un visage horrible aux yeux exorbités. Son regard empli de
haine qu’elle jette derrière son épaule. Sa subtile et lente
avancée en diagonale légère.
J’écoute. J’observe le Sensei danser. Je suis perplexe puis
emportée. Je vis l’expérience de ces marches longues et
lentes, sous l’hypnose de ma propre respiration profonde
et centrée. Ce ne sont pas mes pieds qui avancent mais
une densité dans mon dos ; qui me pousse et me retient en
même temps. Que reste-t-il de ces enseignements ?
Des sensations, des marches et énergies dans le corps qui
reviennent comme l’accent d’une langue qu’on a entendu
pendant des mois, comme des odeurs qui reviennent dans
un brin de vent. Des questionnements existants. Quelles
sont les miennes d’images ? Quels sont mes personnages,
mes mythes ?
Je réalise que je ne pars pas d’images. Mais maintenant
que j’appréhende la méthodologie d’Hijikata, je réalise que
les images habitent puissamment mon corps. C’est lui, le
corps, qui me dicte ces images et pas l’inverse.
Nach, 2019