Le bain
Danse / MARDI 16 MARS 19H30 Annulé  / Théâtre Saragosse
50 MIN / TARIF C / A partir de 6 ans

Fidèle à sa vocation de détricoteuse d’images figées, la chorégraphe Gaëlle Bourges continue d’activer, avec une impertinence et une malice assumées, la pensée sur le corps et ses représentations, s’adressant cette fois aux plus jeunes. Le bain plonge dans l’histoire de l’art en s’appuyant sur deux tableaux du 16e siècle : Diane au bain, École de Fontainebleau, d’après François Clouet et Suzanne au bain, Le Tintoret. Gaëlle Bourges recourt comme toujours à son principe très efficace de discours en voix off, décrivant les deux tableaux de manière aussi ludique que pédagogique avant un double tombé de rideau explosif, véritables défouloirs gestuels offerts en guise d’épilogues. Les deux fameuses scènes de bain sont reproduites à l’aide de tout un petit bric-à-brac — poupées, arrosoir, peluches, plumes —, avec un plaisir évident de l’accessoire enfantin. Diane chasseresse qui, surprise par un chasseur, le transforme en cerf (épisode de l’histoire d’Actéon tiré des Métamorphoses d’Ovide), et Suzanne épiée par deux vieillards (histoire issue de l’Ancien Testament) : « les peintres sont des coquins », nous dit Gaëlle Bourges, qui trouvent dans la mythologie prétexte à représenter de jolies jeunes femmes nues. Sur fond de récits anciens et de digressions sur le rapport aux corps aujourd’hui, trois performeuses manipulent figurines et objets de toilette pour donner à voir ces tableaux, à entendre les récits qui s’y cachent et, chemin faisant, à tracer une petite histoire du bain.

Conception et récit Gaëlle Bourges / Avec des extraits d’« Actéon », in Les Métamorphoses d’Ovide, livre III (traduit du latin par Marie Cosnay), Éditions de l’Ogre, 2017 / Interprétation et chant Helen Heraud, Noémie Makota, Julie Vuoso / Lumière Abigail Fowler / Création musicale Stéphane Monteiro alias XtroniK / Création costume Clémence Delille / Guests pour « À la claire fontaine » guitare classique Alban Jurado, transcription guitare Michel Assier Andrieu, Clarinette Arnaud de la Celle, Flûte traversière Anaïs Sadek ; pour le morceau « The Three Glance » chant Gaëlle Bourges, Helen Heraud, Noémie Makota et Julie Vuoso, Piano Christian Vidal / Deux extraits de Daphnis et Chloé, Maurice Ravel (Berliner Philharmoniker, Pierre Boulez, ed. Deutsche Grammophon), et « Pièce en forme de Habanera », Maurice Ravel in Master Music for flute & piano, Laurel Zucker et Marc Shapiro / Répétition chant Olivia Denis / Crédits photo Danielle Voirin
PRODUCTION

Production association Os. Coproduction Centre Chorégraphique National de Tours – Direction Thomas Lebrun (Résidence de création, artiste associée), Théâtre de la Ville – Paris, L’échangeur – CDCN Hautsde- France, le Vivat d’Armentières scène conventionnée danse et théâtre. En partenariat avec le musée des Beaux- Arts de Tours. Remerciements au Musée du Louvre-Lens où le tableau « Suzanne au bain » (collections du Louvre, Paris) est actuellement exposé. Avec le soutien de la DRAC Île-de-France au titre de l’aide à la compagnie conventionnée, et de la Ménagerie de Verre dans le cadre de StudioLab. Pièce créée les 23, 24, 25 et 26 janvier 2018 au Centre Chorégraphique National de Tours.

Fidèle à sa vocation de détricoteuse d’images figées, la chorégraphe Gaëlle Bourges continue d’activer, avec une impertinence et une malice assumées, la pensée sur le corps et ses représentations, s’adressant cette fois aux plus jeunes. Le bain plonge dans l’histoire de l’art en s’appuyant sur deux tableaux du 16e siècle : Diane au bain, École de Fontainebleau, d’après François Clouet et Suzanne au bain, Le Tintoret. Gaëlle Bourges recourt comme toujours à son principe très efficace de discours en voix off, décrivant les deux tableaux de manière aussi ludique que pédagogique avant un double tombé de rideau explosif, véritables défouloirs gestuels offerts en guise d’épilogues. Les deux fameuses scènes de bain sont reproduites à l’aide de tout un petit bric-à-brac — poupées, arrosoir, peluches, plumes —, avec un plaisir évident de l’accessoire enfantin. Diane chasseresse qui, surprise par un chasseur, le transforme en cerf (épisode de l’histoire d’Actéon tiré des Métamorphoses d’Ovide), et Suzanne épiée par deux vieillards (histoire issue de l’Ancien Testament) : « les peintres sont des coquins », nous dit Gaëlle Bourges, qui trouvent dans la mythologie prétexte à représenter de jolies jeunes femmes nues. Sur fond de récits anciens et de digressions sur le rapport aux corps aujourd’hui, trois performeuses manipulent figurines et objets de toilette pour donner à voir ces tableaux, à entendre les récits qui s’y cachent et, chemin faisant, à tracer une petite histoire du bain.

DISTRIBUTION

Conception et récit Gaëlle Bourges / Avec des extraits d’« Actéon », in Les Métamorphoses d’Ovide, livre III (traduit du latin par Marie Cosnay), Éditions de l’Ogre, 2017 / Interprétation et chant Helen Heraud, Noémie Makota, Julie Vuoso / Lumière Abigail Fowler / Création musicale Stéphane Monteiro alias XtroniK / Création costume Clémence Delille / Guests pour « À la claire fontaine » guitare classique Alban Jurado, transcription guitare Michel Assier Andrieu, Clarinette Arnaud de la Celle, Flûte traversière Anaïs Sadek ; pour le morceau « The Three Glance » chant Gaëlle Bourges, Helen Heraud, Noémie Makota et Julie Vuoso, Piano Christian Vidal / Deux extraits de Daphnis et Chloé, Maurice Ravel (Berliner Philharmoniker, Pierre Boulez, ed. Deutsche Grammophon), et « Pièce en forme de Habanera », Maurice Ravel in Master Music for flute & piano, Laurel Zucker et Marc Shapiro / Répétition chant Olivia Denis / Crédits photo Danielle Voirin

 
RENDEZ-VOUS
 

Gaëlle Bourges
Après des études de Lettres modernes puis d’Anglais, et de nombreuses années de danse classique, modern’ jazz, claquettes et danse contemporaine, Gaëlle Bourges crée plusieurs structures de travail (compagnie du K, Groupe Raoul Batz) pour signer ses premiers travaux. En 2005 elle co-fonde, avec deux amies rencontrées à l’université Paris 8, l’association Os, qui soutient toutes ses pièces depuis. Le triptyque Vider Vénus, composé de Je baise les yeux, La belle indifférence et Le verrou (figure de fantaisie attribuée à tort à Fragonard) prolonge un travail de dissection du regard sur l’histoire des représentations dans les beaux-arts déjà entamé avec le Groupe Raoul Batz, et largement nourri entre 2006 et 2009 par un emploi de stripteaseuse au sein d’un théâtre érotique. Suivent encore, entre autres, En découdre (un rêve grec), Un beau raté, 59, A mon seul désir (programmé au festival d’Avignon 2015), Lascaux, Front contre Front, et Conjurer la peur, créé en mars 2017 au festival Etrange Cargo de la Ménagerie de Verre (Paris). Gaëlle Bourges a également suivi une formation en musique, commedia dell’arte, clown et art dramatique. Elle a fondé et animé plusieurs années une compagnie de comédie musicale pour et avec des enfants (le Théâtre du Snark) ; a travaillé en tant que régisseuse plateau ou encore comme chanteuse dans différentes formations. Elle est diplômée de l’université Paris 8 – mention danse ; en « Education somatique par le mouvement » - Ecole de Body-Mind Centering ; et intervient sur des questions théoriques en danse de façon ponctuelle.

Scène : appel d’air pour le jeune public
Une semblable liberté traverse le Bain, commande réalisée pour le CCN de Tours (Indre-et-Loire) par Gaëlle Bourges, dont le travail souvent très littéraire, inspiré d’œuvres picturales et habité par des corps nus, n’était a priori pas destiné à des enfants. Et bim, c’est justement de nudité qu’elle a choisi de parler, travaillant à partir de deux tableaux, Diane au bain d’après François Clouet, et Suzanne au bain, du Tintoret, eux-mêmes tirés de deux mythes bien connus : la métamorphose d’Actéon en cerf, après qu’il a par mégarde aperçu Diane nue, racontée par Ovide dans les Métamorphoses, et le procès de deux vieillards condamnés à mort pour avoir espionné Suzanne alors qu’elle se baignait (puis tenté de remettre la faute sur elle), tiré du livre de Daniel dans l’Ancien Testament. « Je me suis dit que c’était drôle d’être là où on m’attend, la nudité, mais de trouver le moyen de le faire avec des enfants, s’amuse la chorégraphe. Donc la solution a été de faire ça avec des poupées ! Même s’il y a quelques programmateurs que cela inquiète que des poupées soient nues… » Trois poupées et trois performeuses rejouent donc ces récits de justice et de punition, qui prennent, au vu de l’actualité, une résonance particulière. Le Bain brasse ainsi, l’air de ne pas y toucher, une quantité de thématiques (esthétiques, éthiques, politiques) qui enrichissent les niveaux de lecture de n’importe quel spectateur. Que le Bain ait une forme de narration à plat, sans affect, sans excès de causalité, rend certains passages, notamment la mort d’Actéon, d’autant plus poignants. Le plateau est constellé de tout ce petit bric-à-brac - arrosoir, peluches, plumes - auquel on est en droit de s’attendre chez Gaëlle Bourges, un plaisir de la jolie babiole et de l’instrument très enfantin. Les connaisseurs de son travail reconnaîtront aussi son procédé de bande sonore de mots choisis, avec sa musicalité particulière qui fait toujours décoller. « Les enfants sont sensibles à la qualité de la langue, Andersen et Perrault sont d’ailleurs très littéraires, justifie-t-elle. Si la langue est trop pauvre, l’imagination est moins mise en branle. » S’adresser au « jeune public » a-t-il donc changé sa manière de travailler ? « Pas vraiment, reconnaît-elle. Il y a un endroit de moi qui sait qu’il y aura des petits, et qui insiste particulièrement sur les animaux, sur ce qui intéresse sûrement les enfants et que les adultes ne voient pas. Mais je ne me dis pas que j’écris pour les enfants. » L’étiquette « jeune public », peut-être faut-il en passer par là pour mieux s’en affranchir.
Elisabeth Franck-Dumas, Libération, le 11 février 2018.

ESPACES PLURIELS
SCÈNE CONVENTIONNÉE
D'INTÉRÊT NATIONAL
ART ET CRÉATION DANSE