Performeuse étonnante, corps vocal polymorphe, Flora Détraz présente, en écho à sa pièce de groupe Muyte Maker, le solo Tutuguri au titre inspiré par un poème d’Antonin Artaud. Dans un jeu de distanciation et de dissociation du geste et de la voix, la danseuse laisse sourdre tout un éventail de sons, du borborygme sépulcral aux sonorités cristallines d’une soprano, en passant par des chuchotis, des grognements d’animaux ou le babil d’un bébé. La posture anodine et détachée de l’interprète, comme absentée d’elle-même, rend d’autant plus intriguantes les modulations inouïes de cette voix qui semble venir de nulle part et résonne pourtant avec une telle clarté. La simplicité de cette présence contraste avec la virtuosité de la performance qui mêle bruitage, ventriloquie, chant et discours. Les sonorités glissent et se heurtent à la gestuelle. Tantôt l’audible correspond au visible, tantôt au contraire, ils se télescopent, se décalent, produisent des assemblages inattendus et déroutants. L’aisance vocale et physique de la performeuse, l’étrangeté de sa polyphonie déroutante l’apparentent à une pythie sans oracle, prise dans la boucle d’une course insensée. Le corps de Flora Détraz est un réceptacle, un refuge accueillant quantité d’êtres, d’identités et d’histoires. Sa silhouette gracieuse de jeune fille-oiseau à la volubilité chantante abrite une créature étrange capable d’engloutir des mondes.
Production PLI / Coproductions Materiais Diversos (Portugal) / PACT-Zollverein (Allemagne)/ MA scène nationale de Montbéliard Relais culturel de Falaise / CCN de Caen en Normandie / Mise à disposition de studio Ramdam, un centre d’art, Alktantara (Portugal) / Espacio Azala (Espagne) / Tutuguri a reçu le soutien financier de la DRAC Normandie, de l’institut Français du Portugal et de la Fundation Gulbenkian
Performeuse étonnante, corps vocal polymorphe, Flora Détraz présente, en écho à sa pièce de groupe Muyte Maker, le solo Tutuguri au titre inspiré par un poème d’Antonin Artaud. Dans un jeu de distanciation et de dissociation du geste et de la voix, la danseuse laisse sourdre tout un éventail de sons, du borborygme sépulcral aux sonorités cristallines d’une soprano, en passant par des chuchotis, des grognements d’animaux ou le babil d’un bébé. La posture anodine et détachée de l’interprète, comme absentée d’elle-même, rend d’autant plus intriguantes les modulations inouïes de cette voix qui semble venir de nulle part et résonne pourtant avec une telle clarté. La simplicité de cette présence contraste avec la virtuosité de la performance qui mêle bruitage, ventriloquie, chant et discours. Les sonorités glissent et se heurtent à la gestuelle. Tantôt l’audible correspond au visible, tantôt au contraire, ils se télescopent, se décalent, produisent des assemblages inattendus et déroutants. L’aisance vocale et physique de la performeuse, l’étrangeté de sa polyphonie déroutante l’apparentent à une pythie sans oracle, prise dans la boucle d’une course insensée. Le corps de Flora Détraz est un réceptacle, un refuge accueillant quantité d’êtres, d’identités et d’histoires. Sa silhouette gracieuse de jeune fille-oiseau à la volubilité chantante abrite une créature étrange capable d’engloutir des mondes.
De et avec Flora Détraz / Lumières Arthur Gueydan (reprise de régie Eduardo Abdala) / Collaboration artistique Anaïs Dumaine / CRÉDITS PHOTOS PABLO LOPEZ
Tutuguri au titre inspiré par un poème d’Antonin Artaud est un étrange solo de Flora
Détraz. C’est un bloc de silence qui se peuple de voix multiples, enfouies, semblant venir
de loin et en l’occurrence surgissant des entrailles de la performeuse ventriloque. Du
corps de l’interprète et chorégraphe montent peu à peu es borborygmes qui se muent en
monosyllabes, eux-mêmes modulés en mélodie chantée. de ce corps unique et statique
sortent le babil d’un bébé, le grognement d’un chien féroce, une voix limpide de cantatrice
et une autre pétrie d’incertitudes. Le corps devient ici matériau conducteur, médium
canalisant sans distinction des messages souterrains, grondants. Notre attention est
souvent amenée à se porter sur le ventre de l’interprète, poche modulable tantôt emplie
d’eau dont elle nous fait entendre le clapotis, tantôt emplie de l’air qui donne vie aux
créatures qui l’habitent. Prêtresse-oracle ou statue-totem aux cheveux dressés sur la tête et
aux paupières et paumes bleu électrique, Flora Détraz tient le tout avec une belle présence.
Oiseau intrigant, elle s’inscrit par cette première création comme la petite soeur d’un Volmir
Cordeiro ou d’une Marlene Monteiro Freitas, avec son goût certain pour la métamorphose,
pour jouer avec la plasticité du corps et de la voix et l’appétit de forger des créatures
difficiles à cerner.
Marie Pons, Mouvement.net, octobre 2016.