Ensemble Ensemble est la dernière création du metteur en scène, auteur et chorégraphe Vincent Thomasset. Pièce de maturité, d’une intelligence pleine d’élégance, elle reprend le principe ludique du doublage sonore développé dans ses précédentes créations et cet humour subtil qui tient à la poésie de l’absurde et de la banalité. Ensemble Ensemble se déploie dans une boîte noire intemporelle. Quatre corps, miroirs les uns des autres, y dialoguent par mots et par gestes, évoquant les petits riens du quotidien avec une acuité et une légèreté réjouissantes. Le jeu spéculaire des regards circule entre les corps, rendant impossible la fixation d’un original et de son image. Pour constituer sa matière verbale et narrative, Vincent Thomasset a puisé dans les carnets intimes d’une femme, la poétesse Annie Duthil, dans des interviews d’« entendeurs de voix » diagnostiqués schizophrènes et dans les récits personnels de ses acteurs. Par l’assemblage ténu de ces éléments, il nous immerge dans une pensée qui circule, qui se construit, qui se transforme et s’incarne. La pièce est constamment sur le fil, entre l’incongru et le familier, entre l’abstraction et l’intime, flirtant avec le réel pour en tirer de la fiction. On est surpris, charmé par l’inventivité de la forme et séduit par la fantaisie des dialogues. Les passages de danse, condensés de langage non-verbal sur fond de musique baroque, sont de purs moments de grâce. Ensemble Ensemble est tout à la fois un témoignage vivant, un portrait sensible et la trace d’une pensée volatile.
Production Laars & Co • Coproduction La Passerelle scène nationale de Saint- Brieuc, Festival d’Automne à Paris, Théâtre de la Bastille, Musée de la Danse - Rennes, Le Vivat - scène conventionnée d’Armentières, La Ménagerie de Verre, Pôle Culturel d’Alfortville • Vincent Thomasset est artiste associé à La Passerelle scène nationale de Saint-Brieuc dans le cadre de Surface Scénique Contemporaine • L’association Laars & Co est soutenue par le ministère de la Culture et de la Communication DRAC Île-de- France au titre de l’aide à la compagnie chorégraphique • Avec le soutien de l’ADAMI, du département du Val-de- Marne (aide à la création), de La Chartreuse Villeneuve lez Avignon - centre national des écritures du spectacle, de l’Atelier de Paris – Centre de Développement Chorégraphique et du Centre Dramatique National Nanterre Amandiers
Ensemble Ensemble est la dernière création du metteur en scène, auteur et chorégraphe Vincent Thomasset. Pièce de maturité, d’une intelligence pleine d’élégance, elle reprend le principe ludique du doublage sonore développé dans ses précédentes créations et cet humour subtil qui tient à la poésie de l’absurde et de la banalité. Ensemble Ensemble se déploie dans une boîte noire intemporelle. Quatre corps, miroirs les uns des autres, y dialoguent par mots et par gestes, évoquant les petits riens du quotidien avec une acuité et une légèreté réjouissantes. Le jeu spéculaire des regards circule entre les corps, rendant impossible la fixation d’un original et de son image. Pour constituer sa matière verbale et narrative, Vincent Thomasset a puisé dans les carnets intimes d’une femme, la poétesse Annie Duthil, dans des interviews d’« entendeurs de voix » diagnostiqués schizophrènes et dans les récits personnels de ses acteurs. Par l’assemblage ténu de ces éléments, il nous immerge dans une pensée qui circule, qui se construit, qui se transforme et s’incarne. La pièce est constamment sur le fil, entre l’incongru et le familier, entre l’abstraction et l’intime, flirtant avec le réel pour en tirer de la fiction. On est surpris, charmé par l’inventivité de la forme et séduit par la fantaisie des dialogues. Les passages de danse, condensés de langage non-verbal sur fond de musique baroque, sont de purs moments de grâce. Ensemble Ensemble est tout à la fois un témoignage vivant, un portrait sensible et la trace d’une pensée volatile.
Laars & Co • Conception, texte Vincent Thomasset • Interprétation Aina Alegre, Lorenzo De Angelis, Julien Gallée- Ferré, Anne Steffens • Chorégraphies en collaboration avec les interprètes • Lumière Pascal Laajili • Création sonore Pierre Boscheron • Musique originale Benjamin Morando & Gabriel Urgell Reyes (The Noise Consort) • Conseillers musicaux Pierre Boscheron, Benjamin Morando • Conseillère artistique Ilanit Illouz • Scénographie en collaboration avec Vincent Gadras Costumes en collaboration avec Angèle Micaux • Assistante mise en scène Flore Simon • Régie générale Vincent Loubière • Photos Vincent Thomasset, Philippe Munda
Ensemble Ensemble. Répétition, bégaiement, protophrase balbutiante, écho qui annonce la suite. Comme son titre simple et tautologique, la nouvelle création de Vincent Thomasset entraîne, sans prétention, les spectateurs dans un ballet de corps et de mots à la frontière du banal et du poétique, à l’interstice de l’absurde et du sensible. Pendant une courte heure, quatre corps, miroirs les uns des autres, dialoguent par mots et par gestes, évoquant les plus petits riens du quotidien, étalant en longueur les affres infimes qui parsèment nos relations, avec une acuité et une légèreté tout simplement réjouissantes. Sur scène, rien de superflu. Le sol vide, un écran vide au fond et des corps. Deux danseurs, un homme et une femme, sont contorsionnés en avant-scène, sous la lumière des projecteurs, tandis que derrière se détachent deux silhouettes dans la pénombre. Deux fois un homme et une femme. Deux fois un couple. Quand les danseurs prennent la parole, elle est empruntée, factice, elle ne colle pas avec leur corps. Ils se font ventriloquer par les deux silhouettes en fond de scène. Les danseurs dansent et les acteurs jouent. Les danseurs animent leur corps et leurs lèvres et de celles-ci sort la voix d’un autre couple. Le dialogue s’établit sur un autre terrain, celui du logos. Miroir faussement symétrique, les deux couples, ou plutôt, le couple démultiplié, s’engage dans un étrange quatuor. Le jeu spéculaire des regards circule entre les corps, rendant impossible la fixation d’un original et de son image. Qui parle de la voix ou du corps ? Impossible à dire. Les rôles se diluent les uns dans les autres. Cet étonnant couple de couple reste ensemble, ensemble mais distant. Aux uns la parole, aux autres la danse, et entre les deux, tout autour d’eux, la musique, entraînante, hypnotisante. Les percussions de clavecins secouent les cadres, interrompent les discussions et noient les corps ensemble. Dans ces instants musicaux, toutes les frontières s’étiolent. Reste une parade partagée, juste et touchante, guillerette aussi. Le texte de Thomasset, fait d’infinies variations autour de rien ou presque, surprend par sa sobriété et son souffle léger qui emporte souvent l’enthousiasme du public. Derrière l’anecdotique et l’anodin, perce toute une poésie du banal. À l’image de cette charmante séquence où les protagonistes s’adonnent à un jeu de leur cru : celui des « phrases qui mettent tout le monde d’accord ». Sorte d’exercice d’anti-poésie où les phrases doivent se faire le plus tautologique et inexpressive possible, simples énoncés factuels, mais où sourd, comme en négatif, une paradoxale poésie non dite. Avec cette nouvelle création, Vincent Thomasset opère une très équilibrée et délicate symbiose entre parole, danse et musique. Chaque élément s’installe et se déploie en toute simplicité, propose modestement sa poésie absurde et charme par sa légère élégance. Thomasset présente un théâtre de la parole sans artifice mais plein de ressources qui ne peut manquer de toucher.
Ma Culture, Nicolas Garnier, 26 octobre 2017
Ensemble Ensemble répond au désir d’accompagner son existence de présences multiples, qu’elles soient réelles, fictives, subies ou convoquées. Pièce sonore, littéraire et chorégraphique, Ensemble Ensemble met en jeu la notion de parcours, d’itinéraire, de traversée. Ou comment lieux et corps produisent de la pensée, comment donner corps à la voix, voix à la pensée. La question de l’identité, de sa construction, apparait au fil de la pièce, traversée par la figure du double. Le plateau est structuré par quatre interprètes qui, de part leurs mouvements, actions et positionnements, définissent des espaces mouvants permettant au verbe de circuler. Lieux et personnes se confondent, se répondent, des plages sonores et compositions musicales ponctuent la pièce, reconfigurent les lieux. Ensemble Ensemble suit le parcours d’une femme qui essaie de mettre des mots sur ce qui l’entoure, à différentes étapes de sa vie, que ce soit au cours de l’enfance, de l’adolescence, de l’âge adulte, ou, au crépuscule de son existence. Monologues et dialogues s’entremêlent, la figure du couple voit le jour, s’estompe, revient inexorablement avec, en filigrane, la nécessité de comprendre ce qui pousse un individu à se raconter, que ce soit en privé, en public, par oral ou par écrit. Je m’appuie notamment sur ma rencontre avec une femme, par le biais de carnets intimes trouvés dans un vide grenier, en 1999. Après les avoir mis de côté pendant plusieurs années, j’effectue une nouvelle recherche à l’occasion de ce projet et tombe sur une émission radiophonique durant laquelle elle se raconte. Pour la première fois, j’entends sa voix. La fiction le dispute ainsi au réèl, par le biais de différents éléments autobiographiques ou documentaires qui ont nourri l’écriture de la pièce. La pièce est structurée autour de neuf textes : Tu m’écoutes ?, Dans les escaliers, Tes histoires, Nature président, Un jour particulier, Par coeur, Sa voix, Robot machine, Ce que je veux dire. Ils sont pris en charge par les quatre interprètes qui pourraient tout aussi bien ne faire qu’un. La notion de double traverse certains de mes projets et se déploie ici, encore plus avant, par le biais de dialogues entre Toi et Moi. Une attention particulière est portée à la circulation du verbe grâce à un principe de doublage en direct : deux interprètes parlent, à moitié cachés dans la pénombre, deux autres prennent en chargent physiquement leurs voix. La figure du couple revient inexorablement sous différentes formes. Les didascalies me permettent de parler aux interprètes, voir aux personnages. Certaines sont dites au plateau et transforment la figure du couple, en un duo interprète/metteur en scène. La présence du corps est centrale. Les interprètes - dont trois sont danseurs - déploient une écriture qui leur est propre, en fonction des différentes dynamiques et matériaux qu’ils peuvent tour à tour écouter, émettre ou incarner. Au début du processus de travail, je leur demande de raconter, face au reste de l’équipe, comment ils en sont arrivés à travailler en tant qu’interprète. Les séquences sont filmées et permettent d’identifier quels sont leurs propres gestes de la parole. Certains motifs sont agencés et permettent de créer des séquences chorégraphiques qui peuvent être intégrées à la pièce. Le traitement sonore structure la pièce. Il fournit des éléments de langage, définit des architectures mentales, produit des images. Paroles et musiques circulent entre les interprètes, créent du mouvement, de l’écoute, du silence. Pierre Boscheron est en charge de la création au plateau. Il travaille la diffusion afin que sons et musiques circulent au plateau tout en convoquant des hors-champs sonores. Une attention particulière est portée à la sonorisation d’Anne Steffens et Julien Gallée-Ferré afin qu’Aina Alegre et Lorenzo De Angelis puissent emprunter leurs voix. Textes et musiques se succèdent, avec, en commun, la capacité à faire bouger les corps, créer du mouvement. J’intègre plusieurs morceaux d’auteurs de musique baroque (J.N.P Royer, J. Kapsberger, A. Lotti, A. Vivaldi, M. Marais, F. Couperin), la plupart avec du clavecin. La « grande histoire » est ainsi convoquée, inscrivant ainsi la pièce dans un rapport au temps plus large. Ce choix fait suite à une rencontre avec Benjamin Morando, du groupe The Noise Consort, qui a, pour particularité, de travailler avec des clavecins. Plusieurs de leurs morceaux sont intégrés à la pièce dont le morceau original « Y a combien de lettres dans ce que je veux dire » qui a été créé pour la pièce. Il s’appuie sur la sonorité de la phrase titre et vient prolonger une séquence au cours de laquelle Julien Gallée Ferré compte combien de lettres composent la phrase « Tu vois, y a combien de lettres dans ce que je veux dire ? ». (cf extrait texte). La création lumière est prise en charge par Pascal Laajili qui travaille autour de la notion de « théatre au noir », ou comment faire apparaitre ou disparaitre les interprètes tout en les laissant au plateau. Le sol est recouvert d’une moquette noire. En arrière plan, une feuille de papier tissé noir, de 2,20 mètres de hauteur et de 8 mètres de longueur. Elle peut être rétro éclairée et prendre une couleur bleue. Elle permet d’éclairer la boîte noire, créer un arrière-plan, faire apparaitre les silhouettes des interprètes. La scène est pendrillonée à l’italienne et se resserre vers le fond de scène, épousant ainsi le trapèze dessiné par la moquette. La lumière peut tout aussi bien faire apparaitre le théâtre, l’assemblée des quatre interprètes ou, au contraire, dessiner des espaces plus flottants, laisser émerger des solitudes. De part la multiplicité des lieux convoqués, le rapport à l’image est omniprésent, que ce soit dans le texte ou au plateau. Les quatre interprètes reconfigurent l’espace en fonction des endroits traversés, créent des architectures mentales, structurent l’espace, mettent en place des configurations fixes ou animées, deviennent les éléments mouvants d’une scénographie en constante évolution. Le mot ensemble est un terme aux acceptions multiples. Il associe les notions d’espaces et de temps, convoque la notion d’instruments (ensemble musical), et laisse entendre, en creux, de par sa répétition, le mot « semblant ». Ensemble Ensemble tente ainsi de réconcilier réel et fiction, propose de transformer la difficulté d’appréhender notre environnement de manière univoque, en une ode à la multiplicité : multiplicité des corps, des actions, des pensées.
Vincent Thomasset