Depuis ses premiers footworks, il y a bientôt trente ans, Ousmane Sy, membre de l’emblématique Wanted Posse et cofondateur du groupe Serial Stepperz, cherche à traduire en danse sa fascination pour le mouvement concerté d’une équipe de football, ses passements de jambes, ses courses croisées, sa logique de dépassement de soi à travers le groupe. Aux origines de l’Afro- House, style contemporain empreint de l’héritage des danses traditionnelles africaines et antillaises, il poursuit une recherche esthétique influencée autant par le corps de ballet que par l’esprit freestyle du hip-hop, accordant les cheminements individuels des danseuses du groupe Paradox-sal qu’il forme depuis 2012. Après avoir relaté dans Fighting spirit (2015) leurs féminités en mouvement, leur quête de reconnaissance par leurs pairs, il aborde dans Queen Blood un passage de l’intime à l’émancipation. Sur le plateau, sept femmes : toutes danseuses d’exception et championnes de battle. La chorégraphie s’appuie à la fois sur la virtuosité de chacune, sur leur gestuelle propre (hip-hop, dancehall, locking, popping, krump) et sur leurs identités fortes. Sept reines du hip-hop viennent se glisser dans ce ballet urbain en mode afro-house. Un casting 100% féminin pour une chorégraphie explosive.
Une création All 4 House. Production Garde Robe. Production déléguée CCNRB Le Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne, dirigé par le collectif FAIR-E, est une association subventionnée par le ministère de la Culture (Direction régionale des Affaires culturelles Bretagne), la Ville de Rennes, le Conseil régional de Bretagne et le Conseil départemental d’Ille-et-Vilaine. Coproductions Initiatives d’Artistes en Danses Urbaines I Fondation de France – La Villette 2018, La Villette 2019, Centre de la danse P. Doussaint GPS&O, Centre chorégraphique national de La Rochelle – Compagnie Accrorap - Kader Attou et Centre chorégraphique national de Créteil et du Val-de-Marne – Compagnie Kafig Direction Mourad Merzouki dans le cadre de l’accueil studio. Avec le soutien de la DRAC Ile de-France au titre de l’aide au projet 2017, l’ADAMI, Arcadi Ile-de- France, la Ville de Paris au titre de l’aide à la résidence 2018, Initiatives d’Artistes en Danses Urbaines – Fondation de France – La Villette 2017, 2018 et 2019, la Maison Daniel Féry – maison de la musique de Nanterre, la Ville de Lille – Maisons Folie – FLOW et la Spedidam. Cette oeuvre a reçu le 3è prix et le prix de la technique du concours Danse élargie 2018 organisé par le Théâtre de la Ville – Paris et le Musée de la danse – Rennes, en partenariat avec la Fondation d’entreprise Hermès. Remerciements Allauné Blegbo, Stéphanie Paruta. Queen Blood a été créé le 28 mars 2019 à La Villette, Paris.
Depuis ses premiers footworks, il y a bientôt trente ans, Ousmane Sy, membre de l’emblématique Wanted Posse et cofondateur du groupe Serial Stepperz, cherche à traduire en danse sa fascination pour le mouvement concerté d’une équipe de football, ses passements de jambes, ses courses croisées, sa logique de dépassement de soi à travers le groupe. Aux origines de l’Afro- House, style contemporain empreint de l’héritage des danses traditionnelles africaines et antillaises, il poursuit une recherche esthétique influencée autant par le corps de ballet que par l’esprit freestyle du hip-hop, accordant les cheminements individuels des danseuses du groupe Paradox-sal qu’il forme depuis 2012. Après avoir relaté dans Fighting spirit (2015) leurs féminités en mouvement, leur quête de reconnaissance par leurs pairs, il aborde dans Queen Blood un passage de l’intime à l’émancipation. Sur le plateau, sept femmes : toutes danseuses d’exception et championnes de battle. La chorégraphie s’appuie à la fois sur la virtuosité de chacune, sur leur gestuelle propre (hip-hop, dancehall, locking, popping, krump) et sur leurs identités fortes. Sept reines du hip-hop viennent se glisser dans ce ballet urbain en mode afro-house. Un casting 100% féminin pour une chorégraphie explosive.
Chorégraphie Ousmane Sy / Assistante à la chorégraphie Odile Lacides / Sept interprètes parmi Valentina Dragotta, Dominique Elenga, Nadia Gabrieli-Kalati, Linda Hayford, Nadiah Idris, Anaïs Imbert-Cléry, Odile Lacides, Cynthia Lacordelle, Mwendwa Marchand, Audrey Minko / Lumières Xavier Lescat / Son et arrangements Adrien Kanter / Costumes Hasnaa Smini / Crédits photo Timothée Lejolivet
Ousmane Sy
Depuis ses premiers footworks il y a bientôt trente ans, Ousmane Sy s’attache à traduire en danse sa fascination pour le mouvement concerté d’une équipe de football. Son univers artistique, présent sur des terrains multiples, se compose de passements de jambes, de courses croisées, d’échanges transversaux entre le dance floor et la scène et d’un irrépressible désir de dépassement de soi à travers le groupe.
Un pied dans le club, l’autre dans le battle : c’est entre ces espaces d’expression qu’Ousmane, dit « Babson » revendique son appartenance à la house jusqu’à en devenir un des ambassadeurs majeurs en France. En décrochant le titre du « Battle of the year » en 2001 avec Wanted Posse, il porte la « French touch » au sommet de la scène internationale en transposant, au centre du défi, la gestuelle androgyne inspirée des boîtes de nuit new-yorkaises. Loin de s’interrompre aux frontières du plan Marshall, sa danse s’intéresse progressivement à ce que la rythmique house porte d’histoires croisées et de filiations afro-descendantes. Ainsi naît l’« Afro House Spirit », style contemporain empreint de l’héritage des danses traditionnelles africaines et antillaises.
Par la mise en scène, l’instigateur des soirées All 4 House, s’applique à accorder les cheminements individuels des danseuses du groupe Paradox-sal, qu’il forme à la house depuis des années, au cours d’une création en plusieurs actes. Les interprètes y relatent leurs féminités en mouvement ; de la quête de reconnaissance de leurs pairs, dans Fighting spirit, au passage de l’intime à l’émancipation, avec Queen Blood. Ousmane Sy poursuit par le geste chorégraphique une recherche esthétique influencée autant par le corps de ballet, que l’esprit freestyle du hip hop ou les combinaisons tactiques du sport à onze, traversé par la conviction que l’identité s’accomplit au service de l’entité.
Paradox-sal
Créé en 2012 à l’initiative du chorégraphe Ousmane Sy (alors membre des Wanted Posse et Serial Stepperz), le groupe Paradox-sal est composé de danseuses aux parcours variés, tant dans leurs expériences artistiques que culturelles. Ousmane Sy rassemble ces danseuses aux savoir-faire diversifiés, autour d’un dénominateur commun, afin de leur enseigner avec justesse le mélange subtil du langage de la house dance, enrichi par le vocabulaire des danses africaines. Etendards culturels et artistiques de la jeunesse plurielle hexagonale, Paradox-sal représentent La french touch féminine actuelle. Chaque danseuse incarne la pluralité et la multiplicité de la danse hip hop d’aujourd’hui : contemporaine, accessible, intergénérationnelle. Depuis sa formation, le groupe s’est illustré en France comme à l’étranger en participant à de nombreux événements internationaux (Brésil, Italie, Angleterre, Pays-Bas...). Trois créations tout public ont depuis vu le jour : Fighting Spirit en 2014, Bounce en 2015 et Queen Blood en 2019, notamment à Paris, San Francisco, Rio, Amsterdam et Londres.
« De la rue au studio, du studio au Club et du Club à la scène, voilà mon parcours. » Une stature imposante : 1m 88 de puissance faussement nonchalante, tout en bras et jambes, l’indispensable casquette vissée sur le crâne. Ousmane Baba Sy parle avec modestie, affabilité et sans fioritures, synthétisant ainsi un parcours jalonné de rencontres, de projets et de succès. A ce jour, Ousmane Baba Sy fait partie des crew des Wanted Posse et des Serial Stepperz. Il a fondé le crew 100% féminin Paradox-Sal, avec lequel il en est à son quatrième spectacle, Queen Blood à La Villette du 28 au 30 mars 2019, et All4house, une entité aussi conceptuelle que productive à travers laquelle il déploie toutes sortes d’activités liées à la House sur le plan international. Enfin, Il fait partie du collectif FAIR(E) nommé pour diriger le Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne depuis janvier 2019. Ousmane Baba Sy a grandi à Antony (92). Enfant, il se décrit plutôt footeux, suivant la musique et la danse « en mode de loin ». Il dit « de loin » mais en réalité il est tombé dedans tout petit. C’est qu’à l’époque il se voit plutôt comme un observateur et dans son milieu, la musique et la danse sont de toutes les fêtes, y compris religieuses, et de toutes les réunions familiales. Il évoque ses parents et notamment sa mère, son cousin Solo, membre du Paris City Breakers (PCB). Ce sont ses premiers modèles. Il y a aussi son frère, les copains de quartier, la télévision. En fait, il a toujours baigné dedans. Les années 80 marquent l’explosion du Hip Hop en France grâce à H.I.P.H.O.P, une émission aussi brève que mythique, entièrement consacrée au courant Hip Hop et au Breakdance, animée par Sidney, premier animateur télévisuel français noir, également compositeur, DJ et danseur. Nous sommes en 1984, Ousmane a cinq ans et voit défiler sur le plateau de Sidney des stars comme Madonna, Sugarhill Gang, Afrika Bambaataa, et des groupes français comme les PCB (Paris City Breakers) et autres figures du rap hexagonal. L’émission a un impact culturel extraordinaire sur toute une génération. En France, on est adepte du rythme, des fringues. Pour ces gamins, il y a là une émulation incroyable offerte via des danseurs métis, latino ou noirs auxquels ils peuvent s’identifier. Michael Jackson, les Nicholas Brothers, Amada Bahassanne (Badson, fondateur des Wanted Posse) sont d’autres modèles et initiateurs.
Dans les années 90, on danse dans la rue, on se rencontre et on échange les pas, on est adopté, épaulé : grand frère – petit frère, c’est une affaire de quartier, de famille, de transmission et de mode d’expression plutôt que de formation : c’est comme cela qu’Ousmane Baba Sy a appris à danser. Plus que les gestes, il y a l’idée d’une appartenance, voire d’un héritage. En 1995, Ousmane rejoint la deuxième génération des Wanted Posse et prend le pseudonyme de Babson... Badson, Hagson, Yugson, Mamson, Babson… Une manière d’affirmer la filiation et la fraternité. Il évoque « Aux USA, le Hip Hop et la House étaient deux courants distincts avec leurs codes, leur valeurs, et leurs boîtes de nuit. Dans les années 90, le Hip Hop a été pris en otage par le gangsta rap dont les thèmes et les valeurs (violence, machisme, racisme, fric etc… ) ont fait fuir une partie de leurs adeptes. Ceux-ci ont alors rejoint les Clubs de House qui rassemblaient des communautés marginales et prônaient des valeurs progressistes. Ces danseurs ont adapté les mouvements du Hip Hop à la musique House ». C’est cet esprit House que l’on retrouve chez les Wanted Posse, qui, contrairement aux crews qui restent généralement attachés à un style, se distinguent par un style englobant différentes gestuelles et influences musicales mêlant sans complexes le Hip Hop, le Break et la House pour donner le Hip Hop New Style. Le groupe s’ouvre à d’autres expériences, projets de comédies musicales ou collaborations comme Macadam, Macadam en 1999 avec la chorégraphe Blanca Li. Leur notoriété est définitivement assise avec la victoire au Battle of the Year (BOTY) 2001 dont les Wanted Posse sortent Champion du monde. Ils moissonnent les victoires durant la décennie 2000, au BOTY comme à Juste Debout, autre grande manifestation internationale en Hip Hop New Style et House. En 2008, Babson fonde Serial Stepperz avec Yugson, son partenaire de Wanted Posse, avec pour objectif d’amener l’esprit House sur scène qu’il s’agisse de battles ou de spectacles. Identité et reconnaissance Le chorégraphe rend hommage aux influences africaines dont la House américaine est imprégnée et soutient l’émergence des styles de musiques et danse contemporaines extrêmement prolifiques des pays du continent africain. Ambassadeur de la French Touch il est également celui de l’Afro House Spirit, un mouvement qu’il enrichit constamment, notamment avec le festival All4House Afrika, organisé pour la première fois en 2016 et dont il prépare la 5ème édition. L’Afro House Spirit est l’expression de l’évolution des danses traditionnelles africaines en lien avec la musique et gestuelle House et Hip Hop. C’est sa touche à lui, sa marque de fabrique, dont les danseuses de Paradox-Sal sont les ambassadrices.
La House est un état d’esprit Ousmane Baba Sy dit « Tout part de la musique ». Pas n’importe quelle musique doit-on préciser. Pour Babson, c’est la House. Pas par sectarisme mais parce que selon lui cette musique a la capacité de rassembler toutes les danses : popping, locking, hype, top rock, new style, waacking, dancehall, contemporain, salsa, capoera, claquettes, danses traditionnelles d’Afrique, etc etc… « One Music for every Dance, one House for every Culture » est sa devise, celle qu’il accole à All4House. Cette phrase résume un état d’esprit qu’il a envie de transmettre. Il parle de philosophie et balaie l’idée de militantisme quand on évoque Paradox-Sal, son crew 100% féminin, en affirmant « Les gens sont toujours à la recherche d’un message. Il n’y a pas de message, il y a la danse ». Tout simplement. Ousmane Baba Sy travaille au delà des clichés ou des intentions politiquement correctes. La House est un espace créatif, selon Ousmane Baba Sy. Comme chorégraphe, sa volonté est d’amener l’esprit du clubbing sur scène, assumant les codes androgynes de la gestuelle House et l’ambiance des boîtes de nuit. Pour cela il veut un DJ sur scène, Sam One, en l’occurence, compagnon et ambassadeur de All4House sur des pièces comme Clubbing ou Bounce en 2015 ou Basic en 2016. Il dit que la House est son espace de travail et la scène est l’endroit où il synthétise ses réflexions. Les titres de ses pièces traduisent cette continuité : Fighting Spirit, Clubbing, Bounce, Queen Blood...
Ousmane raconte sa fascination pour la notion de corps de ballet et à quel point cela inspire son travail. Amener la synchronicité et l’unicité du ballet sur de la musique House c’est fusionner la glace et le feu. Le défi le passionne. Son but : obtenir l’effet d’un corps de ballet tout en exaltant les singularités de chacune des danseuses. Les danseuses de Paradox-Sal ont des parcours très différents. Certaines ont appris la House dance avec Baba Sy, d’autres sont arrivées avec une gestuelle issue d’autres mouvances (Hip Hop, Break, Soul, danses africaines …) et nombreuses développent également un travail hors du groupe. Au sein de Paradox-Sal tous travaillent sur des improvisations, du free-style sur des ambiance musicales (nappes) pour trouver des gestes communs. Ousmane explique « Nous nous rencontrons avec des backgrounds différents mais nous pouvons nous comprendre et communiquer à travers la musique et la danse House : c’est notre langue commune » My House is your House… Ne pas chercher de messages mais trouver des valeurs. Celles véhiculées par la House dès l’origine : transcendance des genres, épanouissement des individualités, sans oublier le plaisir associé au clubbing . A ses danseuses il conseille « Inspire-toi de tout le monde pour ne ressembler à personne ». On dit de la danse qu’elle est une école de vie… Et s’il s’agissait d’une école de philosophie ?
Ildiko Dao pour DanseAujourdhui, 5 février 2019.