Suivant
Rosas danst Rosas
Anne Teresa De Keersmaeker
Danse / MERCREDI 30 & JEUDI 31 MAI 20h30  / Espace James Chambaud - Lons
1h45 / TARIF A
UNIQUEMENT DISPONIBLE EN BILLETTERIE DU SOIR

Anne Teresa De Keersmaeker crée Rosas danst Rosas en 1983, parallèlement à la fondation de la compagnie Rosas. Cette pièce, qui suit directement la création de Fase (1982), marque un tournant dans l’histoire de la danse contemporaine. En étroite relation avec la partition musicale de Thierry De Mey et Peter Vermeersch, elle est emblématique des premières pièces de la chorégraphe, rigoureuses, épurées, hypnotiques à force de minimalisme. Anne Teresa De Keersmaeker reprend avec une nouvelle distribution de jeunes danseuses cette oeuvre majeure qui envoie valser les clichés sur la séduction et réalise la fusion improbable du minimalisme et de l’expressionnisme. Rosas danst Rosas repose sur la variation d’une série de mouvements purement fonctionnels ou expressifs. Les quatre interprètes féminines s’affaissent, se redressent, se passent la main dans les cheveux, soupirent, s’abandonnent. Elles sont sidérantes et sublimes, débordantes d’énergie, de fragilité, de sensualité. La fascination qu’exerce la chorégraphie tient dans cet exact équilibre entre la répétition et ses infimes décalages, la complexité mathématique de la composition et la sensibilité des corps, la proximité de ces présences de femmes dont émane une humanité bouleversante. La nervosité typique de la chorégraphe belge, sa tension à fleur de peau donnent une saveur particulière au moindre geste.

www.rosas.be

Rosas / Chorégraphie Anne Teresa De Keersmaeker / Dansé par (en alternance) Laura Bachman, Léa Dubois, Anika Edström Kawaji, Yuika Hashimoto, Laura Maria Poletti, Soa Ratsifandrihana / Créé avec Anne Teresa De Keersmaeker, Adriana Borriello, Michèle Anne De Mey, Fumiyo Ikeda / Musique Thierry De Mey, Peter Vermeersch Musiciens (enregistrement) Thierry De Mey, Walter Hus, Eric Sleichim, Peter Vermeersch / Lumières Remon Fromont / Costumes Rosas / Crédit photos Herman Sorgeloos
Production

Production 1983 Rosas & Kaaitheater / Coproduction 2017 De Munt – La Monnaie (Brussel/ Bruxelles), Sadler’s Wells (London), Les Théâtres de la Ville de Luxembourg / Rosas est soutenu par la Communauté Flamande.

Anne Teresa De Keersmaeker crée Rosas danst Rosas en 1983, parallèlement à la fondation de la compagnie Rosas. Cette pièce, qui suit directement la création de Fase (1982), marque un tournant dans l’histoire de la danse contemporaine. En étroite relation avec la partition musicale de Thierry De Mey et Peter Vermeersch, elle est emblématique des premières pièces de la chorégraphe, rigoureuses, épurées, hypnotiques à force de minimalisme. Anne Teresa De Keersmaeker reprend avec une nouvelle distribution de jeunes danseuses cette oeuvre majeure qui envoie valser les clichés sur la séduction et réalise la fusion improbable du minimalisme et de l’expressionnisme. Rosas danst Rosas repose sur la variation d’une série de mouvements purement fonctionnels ou expressifs. Les quatre interprètes féminines s’affaissent, se redressent, se passent la main dans les cheveux, soupirent, s’abandonnent. Elles sont sidérantes et sublimes, débordantes d’énergie, de fragilité, de sensualité. La fascination qu’exerce la chorégraphie tient dans cet exact équilibre entre la répétition et ses infimes décalages, la complexité mathématique de la composition et la sensibilité des corps, la proximité de ces présences de femmes dont émane une humanité bouleversante. La nervosité typique de la chorégraphe belge, sa tension à fleur de peau donnent une saveur particulière au moindre geste.

www.rosas.be

DISTRIBUTION

Rosas / Chorégraphie Anne Teresa De Keersmaeker / Dansé par (en alternance) Laura Bachman, Léa Dubois, Anika Edström Kawaji, Yuika Hashimoto, Laura Maria Poletti, Soa Ratsifandrihana / Créé avec Anne Teresa De Keersmaeker, Adriana Borriello, Michèle Anne De Mey, Fumiyo Ikeda / Musique Thierry De Mey, Peter Vermeersch Musiciens (enregistrement) Thierry De Mey, Walter Hus, Eric Sleichim, Peter Vermeersch / Lumières Remon Fromont / Costumes Rosas / Crédit photos Herman Sorgeloos

   

Anne Teresa De Keersmaeker
En 1980, après des études de danse à l’école Mudra de Bruxelles, puis à la Tisch School of the Arts de New York, Anne Teresa De Keersmaeker (née en 1960) crée Asch, sa première chorégraphie. Deux ans plus tard, elle marque les esprits en présentant Fase, Four Movements to the Music of Steve Reich. En 1983, De Keersmaeker chorégraphie Rosas danst Rosas et établit à Bruxelles sa compagnie de danse Rosas. A partir de ces oeuvres fondatrices, Anne Teresa De Keersmaeker a continué d’explorer, avec exigence et prolixité, les relations entre danse et musique. Elle a constitué avec Rosas un vaste corpus de spectacles qui s’affrontent aux structures musicales et aux partitions de toutes les époques, de la musique ancienne à la musique contemporaine, en passant par les expressions populaires. Sa pratique chorégraphique est basée sur les principes formels de la géométrie et les modèles mathématiques, l’étude du monde naturel et des structures sociales - ouvrant de singulières perspectives sur le déploiement du corps dans l’espace et le temps. Entre 1992 à 2007, Rosas a été accueilli en résidence au théâtre de La Monnaie/De Munt à Bruxelles. Au cours de cette période, Anne Teresa De Keersmaeker a dirigé plusieurs opéras et de vastes pièces d’ensemble qui ont depuis intégré le répertoire des compagnies du monde entier. Dans Drumming (1998) et Rain (2001)
- spectacles auxquels collabore l’ensemble de musique contemporaine Ictus - s’épanouissent de vastes structures géométriques, aussi complexes dans leurs tracés que dans leurs combinaisons, qui s’entremêlent aux motifs obsédants du minimalisme de Steve Reich. Ces fascinantes chorégraphies de groupe sont devenues des icônes, emblématiques de l’identité de Rosas. Au cours de sa résidence au théâtre de La Monnaie, Anne Teresa De Keersmaeker présente également le spectacle Toccata (1993) sur des fugues et partitas de J.S. Bach, dont l’oeuvre constitue un fil rouge dans son travail. Verklärte Nacht (écrit pour quatorze danseurs en 1995, adapté pour trois danseurs en 2014) dévoile l’aspect expressionniste du travail de la chorégraphe en valorisant l’orageuse dimension narrative associée à ce sextuor à cordes de Schoenberg, typique du postromantisme tardif. Elle s’aventure vers le théâtre, le texte et le spectacle transdisciplinaire avec I said I (1999), In real time (2000), Kassandra – speaking in twelve voices (2004) et D’un soir un jour (2006). Elle intensifie le rôle de l’improvisation dans sa chorégraphie en travaillant à partir de jazz ou de musique indienne dans des pièces telles que Bitches Brew/Tacoma Narrows (2003) sur la musique de Miles Davis, ou Raga for the Rainy Season/A Love Supreme (2005). En 1995, Anne Teresa De Keersmaeker fonde l’école P.A.R.T.S. (Performing Arts Research and Training Studios) à Bruxelles en association avec La Monnaie/De Munt. Les récentes pièces d’Anne Teresa De Keersmaeker témoignent d’un dépouillement qui met à nu les nerfs essentiels de son style : un espace contraint par la géométrie, une oscillation entre la plus extrême simplicité dans les principes générateurs de mouvements - ceux de la marche par exemple - et une organisation chorégraphique riche et complexe et un rapport soutenu à une partition (musicale ou autre) dans sa propre écriture. En 2013, De Keersmaeker revient à la musique de J.S. Bach (jouée live, toujours) dans Partita 2, un duo qu’elle danse avec Boris Charmatz. La même année, elle crée Vortex Temporum sur l’oeuvre musicale du même nom écrite en 1996 par Gérard Grisey, très caractéristique de la musique dite spectrale. En 2015 également, Anne Teresa De Keersmaeker poursuit sa recherche du lien entre texte et mouvement dans Die Weise von Liebe und Tod des Cornets Christoph Rilke, une création basée sur le texte éponyme de Rainer Maria Rilke. Dans Carnets d’une chorégraphe, une monographie de trois volumes publiée par Rosas et les Fonds Mercator, la chorégraphe dialogue avec la théoricienne et musicologue Bojana Cveji, et déploie un vaste panorama de points de vue sur ses quatre oeuvres de jeunesse ainsi que sur Drumming, Rain, En Attendant et Cesena.

La pièce mythique d’Anne Teresa De Keersmaeker revient, 34 ans après sa création, avec 4 jeunes danseuses. Magie intacte.
Rosas danst Rosas, la pièce mythique et fondatrice d’Anne Teresa De Keersmaeker créée à la Balsamine en 1983, revient sur scène au Kaaitheater, 34 ans plus tard, avec une toute nouvelle distribution. C’est la quatrième fois déjà que la pièce est ainsi recréée avec de nouvelles danseuses, tout en gardant intacte sa magie, son énergie incroyable, sa sensualité formidable. Le spectacle avait été crée en 1983 et dansé alors par Anne Teresa De Keersmaeker, Michèle Anne De Mey, Fumyo Ikeda et Adriana Borriello. Les quatre danseuses qui la jouent aujourd’hui n’étaient pas nées à la la création. Elles s’appellent Laura Maria Poletti, Laura Bachman, Soa Ratsifandrihana et Yuika Hashimoto. Le nouveau Rosas danst rosas ira ensuite, en juillet, au festival Zomer van Antwerp avant d’entamer une tournée internationale. On reste frappé par sa radicalité, la musique répétitive et néanmoins peine d’émotions, la sensualité des gestes du quotidien que font les danseuses à l’unisson ou, au contraire, le cassant. En 1982, Fase d’ATDK sur une musique répétitive de Steve Reich fut une révélation. Un an plus tard, la toute jeune chorégraphe est invitée par Hugo De Greef, au Kaaifestival et crée ce Rosas danst rosas qui donnera son nom à la compagnie. La musique est créée par Thierry De Mey et Peter Vermeersch dans la foulée de Steve Reich. La première partie (40 minutes) se déroule sans autre musique que le souffle et le frottement contre le sol. Des structures rigoureuses, abstraites, mathématiques mais avec une intensité physique poussée parfois à l’extrême. Avec des gestes presque expressionnistes et émotionnels et d’autres, ancrés dans le quotidien comme remettre une blouse, se passer la main dans les cheveux ou remettre une chaise. Comme si les corps se jetaient à coeur perdu contre une structure rigide. C’est de ce clash que peut naître une émotion. Le spectacle est construit comme le déroulement d’une journée, commençant par le silence, la lenteur et l’horizontalité. Le deuxième mouvement, avec les chaises, a une musique presque agressive et des solos basés sur des gestes quotidiens. Une troisième partie avec des mouvements simples et répétitifs transforme la chorégraphie en une bataille d’épuisement avant que la dernière partie récapitule en silence les étapes du spectacle.
La Libre Belgique, Guy Duplat, juin 2017.

Rosas danse toujours Rosas. Reprise d’une pièce fondatrice.
D’abord il y a cette déflagration sonore suivant l’extinction des lumières. Puis, ce Rosas qui s’inscrit doublement en lettres brillantes sur le long rideau de fond de scène argenté. Un côté paillettes tranchant avec le spectacle lui-même. Mais bien en phase avec l’époque de sa création 1983. En 1983, aucune des quatre danseuses présentes ces jours-ci sur le plateau du Kaaitheater n’était née. Personne n’imaginait que trente ans plus tard la superstar Beyonce allait reprendre presque geste pour geste une partie de la chorégraphie de Rosas danst Rosas dans le clip de sa chanson Count down. Et que des centaines de vidéos réalisées par des anonymes aux quatre coins du monde tourneraient sur Youtube suite au Fabulons Rosas Remix Project. Sur la scène du Kaai, la formidable première partie au sol sans autre bruit que le souffle et les soupirs des danseuses fascine toujours autant et plonge le spectateur dans un univers à la fois familier (moue boudeuse, main qui glisse dans les cheveux, corps qui se tend et se détend comme dans un sommeil agité..) et troublant par sa répétition et le formidable travail sur les lumières de Remon Fromont. Puis la musique surgit, les quatre jeunes femmes sont debout, dansent avec les chaises, continuent à transformer des gestes banals en mouvements de danse (une main qui dénude une épaule, un coup d’oeil sur le côté, un corps qui se recroqueville...). En 2017, Rosas danst Rosas n’a rien perdu de sa puissance visuelle, de son charme, de son mélange d’espièglerie et de violence contenue, de sa décharge d’adrénaline qui emporte le spectateur et les danseurs dans un tourbillon de mouvements répétitifs à couper le souffle. S’y ajoute la personnalité des quatre jeunes interprètes de cette nouvelle distribution chacune s’appropriant pleinement les gestes d’origine comme si elles les portaient depuis toujours. Et on se dit que tout le miracle de l’oeuvre d’Anne Teresa De Keersmaeker est là, dans cette manière unique de marier exigence physique, rigueur mathématique des déplacements et transposition sur scène de gestes du quotidien dont elle parvient à faire surgir l’émotion la complicité la simplicité, par le biais d’interprètes constamment justes et vraies.
Le Soir, Jean-Marie Wynants, juin 2017.

Présentation
C’est en 1983 qu’Anne Teresa De Keersmaeker atteint le succès international avec la représentation Rosas danst Rosas. La production va en première pour le festival du Kaaitheater à Bruxelles, et signifie d’emblée l’avènement de la compagnie Rosas. Les quatre danseuses qui font initialement partie de Rosas, sont toutes d’anciennes élèves de Mudra : Anne Teresa De Keersmaeker et Michèle Anne De Mey, auxquelles viennent s’ajouter Fumiyo Ikeda et Adriana Borriello. La musique de Rosas danst Rosas, composée par Thierry De Mey et Peter Vermeersch, voit le jour en parallèle à la chorégraphie. La représentation est structurée en cinq parties, la danse comme la musique s’appuient sur des principes répétitifs et minimalistes. Dans Rosas danst Rosas, dont Thierry De Mey a entretemps réalisé un film du même titre, deux sortes de mouvements s’entrelacent. D’une part des mouvements abstraits, difficiles à qualifier, de l’autre, des mouvements plus concrets, reconnaissables : la main qui lisse les cheveux, qui rectifie la tenue d’une blouse, la tête qui tourne brusquement… Ces gestes qui réfèrent à des gestes du quotidien, possèdent une signification directe. A croire que les incidents du processus de l’oeuvre émaillent la représentation comme autant de citations littérales. Mais le matériel gestuel n’est pas le seul à continuellement ébrécher l’hermétisme illusoire de la représentation (« de la danse et rien de plus ») et à le pousser dans le sens d’une réalité plus factuelle. Ainsi, pendant l’intermède entre la première et la seconde partie, les danseuses préparent leurs chaises et leur chaussures, lissent leurs vêtements et reprennent manifestement haleine. A la fin de la quatrième partie, les danseuses affichent sans honte leur fatigue : elles se tiennent sur la scène, visiblement haletantes et trempées de sueur. Dans ces courts instants, « l’envers » physique de la danse est montré comme un art corporel. Il serait impensable de le voir dans une représentation de ballet classique ; mais les exécutions de danse moderne sont, elles aussi, placées sous le signe de l’occultation de la fatigue et de l’effort. Au contraire, l’oeuvre d’Anne Teresa De Keersmaeker s’applique, aussi après Rosas danst Rosas, à briser l’illusion qu’une représentation de danse mette en scène une réalité tout autre que la réalité (physique) quotidienne. Ainsi peut-on remarquer que De Keersmaeker n’essaie jamais d’atteindre la perfection absolue dans ses chorégraphies : elle n’impose pas à ses danseurs d’exécuter sans aucune erreur les mouvements en simultané. C’est pourquoi les représentations de Rosas témoignent toujours cette expressivité et cette –humanité- si spécifiques.
La première partie de Rosas danst Rosas se joue au sol et en silence. Formant une grande diagonale de l’arrière droite au devant gauche, les quatre corps allongés sur la scène roulent sur le sol avec des pauses et des intervalles, accompagnés d’une pure « musique » de halètements syncopés, du frappement des bras sur le plancher, du roulement des corps… Le deuxième mouvement se joue sur des petites rangées de chaises alignées en biais (voir Come Out dans Fase). Le matériel gestuel se compose de gestes rapides, durs et énergiques qui répondent aux percussions métalliques. La troisième partie est tout comme la première un jeu entre les lignes droites et les diagonales que l’éclairage accentue par des couloirs de lumière. La mise à nu incidente ou voulue d’une épaule - rite de séduction ? - est l’un des gestes concrets les plus marquants de ce mouvement. Le quatrième mouvement est une danse en groupe et monte en crescendo, jusqu’à la limite de l’épuisement physique, des diagonales, des lignes droites et des cercles se succèdent et s’alternent dans cette partie. L’épilogue est une coda très courte qui n’est constituée que par des gestes concrets liés à la fatigue réelle des danseuses. Dans toute la pièce on voit encore beaucoup de mouvements à l’unisson entre les quatre femmes : ce qui n’empêche que toutes les variations possible du nombre quatre soient essayées. Trois danseuses font par exemple le même mouvement, la quatrième son contraire ; ou encore, elles suivent un parcours deux par deux, ou une plus une plus deux, une ou plus deux plus une, etc. C’est dans Rosas danst Rosas qu’apparaissent pour la première fois les champs de tension qui marqueront la totalité des oeuvres ultérieurs d’Anne Teresa De Keersmaeker : notamment l’opposition entre les structures rationnelles (« pensées ») et les émotions signifiantes, la dialectique entre l’agressivité et la tendresse, ou l’interaction entre l’uniformité (de costumes ou de mouvements) et l’individualité (l’accentuation des différences de constitution entre les danseuses par le port de vêtements identiques, ou les accents singuliers dans l’exécution des mouvements à l’unisson).

ESPACES PLURIELS
SCÈNE CONVENTIONNÉE D'INTÉRÊT
NATIONAL ART ET CRÉATION DANSE
17 AVENUE DE SARAGOSSE
64000 PAU