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Nicolas Heredia
Théâtre / lundi 10 & mardi 11 février 20h  / Théâtre Saragosse
1H10 / TARIF B

Nicolas Heredia s’attaque avec beaucoup d’humour à notre besoin névrotique d’optimiser le temps. Pariant sur l’attente du divertissement, il joue avec notre frustration, dans une pièce radicale à la légèreté stimulante.

La pièce, qui suit une partition irrésistible où s’entremêlent banalités et réflexions philosophiques, est malicieusement sous-titrée « moment à passer ensemble au détriment du reste ». Si vous choisissez ce spectacle, vous serez d’ailleurs coincés dans la salle une heure durant et vous raterez, inévitablement, tout ce qui se passera ailleurs. Et pendant que vous serez pleinement occupés à passer à côté d’un nombre incalculable d’événements, que va-t-il se produire sur le plateau ? Faut-il accepter le vide ? Ou tenter de le remplir ? Prendrez-vous le risque de consacrer une heure entière à ce spectacle, uniquement parce qu’il est pourvu d’un titre accrocheur ? Avec une fantaisie qui tire vers l’absurde, Nicolas Heredia fait une démonstration magistrale que le vide est un matériau dramatique et comique des plus efficaces. « L’air de ne pas y toucher, Nicolas Heredia et Sophie Lequenne nous proposent une réflexion subtile et hilarante sur notre état de perpétuelle frustration marchandisée. » JEAN-LUC PORQUET, LE CANARD ENCHAÎNÉ, 20 JUILLET 2022

Écriture, scénographie et mise en scène Nicolas Heredia / Distribution Nicolas Heredia, Sophie Lequenne / Manipulations Gaël Rigaud, Marie Robert / Collaboration artistique Marion Coutarel / Construction et régie générale Gaël Rigaud / Création lumière Marie Robert / Régie son et écrans Mathieu Vinsson / Coordination de production Bruno Jacob, Mathilde Lubac-Quittet / Crédit photo Marie Clauzade & La Vaste Entreprise
Production

Production La Vaste Entreprise / Coproduction Le Parvis – scène nationale Tarbes Pyrénées, Théâtre des 13 vents – CDN Montpellier, Théâtre Jean Vilar – Montpellier, SNA – Scène Nationale d’Albi / Soutien Théâtre d’O – Département de l’Hérault, Hangar Théâtre – ENSAD Montpellier, La Bulle Bleue ESAT artistique – Montpellier, Musée du Louvre-Lens, Culture Commune – scène nationale du Pas de Calais, Théâtre de Nîmes – scène conventionnée, Scènes Croisées de Lozère – scène conventionnée, Résurgence – arts vivants en Lodévois & Larzac, Le Sillon – scène conventionnée Clermont-l’Hérault / Avec l’aide de la DRAC Occitanie, Région Occitanie, Département de l’Hérault, Ville de Montpellier

Nicolas Heredia s’attaque avec beaucoup d’humour à notre besoin névrotique d’optimiser le temps. Pariant sur l’attente du divertissement, il joue avec notre frustration, dans une pièce radicale à la légèreté stimulante.

La pièce, qui suit une partition irrésistible où s’entremêlent banalités et réflexions philosophiques, est malicieusement sous-titrée « moment à passer ensemble au détriment du reste ». Si vous choisissez ce spectacle, vous serez d’ailleurs coincés dans la salle une heure durant et vous raterez, inévitablement, tout ce qui se passera ailleurs. Et pendant que vous serez pleinement occupés à passer à côté d’un nombre incalculable d’événements, que va-t-il se produire sur le plateau ? Faut-il accepter le vide ? Ou tenter de le remplir ? Prendrez-vous le risque de consacrer une heure entière à ce spectacle, uniquement parce qu’il est pourvu d’un titre accrocheur ? Avec une fantaisie qui tire vers l’absurde, Nicolas Heredia fait une démonstration magistrale que le vide est un matériau dramatique et comique des plus efficaces. « L’air de ne pas y toucher, Nicolas Heredia et Sophie Lequenne nous proposent une réflexion subtile et hilarante sur notre état de perpétuelle frustration marchandisée. » JEAN-LUC PORQUET, LE CANARD ENCHAÎNÉ, 20 JUILLET 2022

DISTRIBUTION

Écriture, scénographie et mise en scène Nicolas Heredia / Distribution Nicolas Heredia, Sophie Lequenne / Manipulations Gaël Rigaud, Marie Robert / Collaboration artistique Marion Coutarel / Construction et régie générale Gaël Rigaud / Création lumière Marie Robert / Régie son et écrans Mathieu Vinsson / Coordination de production Bruno Jacob, Mathilde Lubac-Quittet / Crédit photo Marie Clauzade & La Vaste Entreprise

 
Soirée ciné
Yannick / Quentin Dupieux
dimanche 09 février 18h
Cinéma Le Méliès, Le Foirail

Partenaire historique de la scène Espaces Pluriels, le cinéma Le Méliès propose une sélection de films imaginée en résonance avec les spectacles de la saison 24-25. Les chorégraphes et metteurs en scène accompagnent ces films d’un regard singulier et les mettent en perspective avec leurs propres pièces. Nicolas Heredia présente le film Yannick (2023) du cinéaste Quentin Dupieux. Habitué à réaliser des œuvres aux scénarios étonnants et fantasques, Quentin Dupieux imagine avec le grinçant Yannick un film en huis clos sur fond sociétal, se déroulant dans l’enceinte d’un vieux théâtre parisien. L’absurde se mêle ici à la comédie pour donner vie à un objet filmique difficilement qualifiable mais toujours hilarant.

En partenariat avec le cinéma Le Méliès

 

Nicolas Heredia & La Vaste Entreprise

Basés à Montpellier, Nicolas Heredia et La Vaste Entreprise développent depuis 2007 différents projets au croisement des arts vivants, visuels ou performatifs. Pour chaque nouvelle création se dessine une forme spécifique (spectacles, expositions, expériences) pour composer au fil des années un ensemble de pièces qui se répondent et se nourrissent, en privilégiant la mise en lumière d’un ordinaire rendu sensible, plutôt que le spectaculaire, et en puisant dans le réel (rencontres / immersions in situ / histoires personnelles / aléas du direct / objets trouvés / hasards heureux) pour inventer une écriture poétique multiforme.

« Dès 2008, notre version de La Mastication des morts était déjà conçue comme une « installation théâtrale ». En 2014, le spectacle N’attrape pas froid était accompagné d’une exposition et d’un livre : des textes et des images qui prolongeaient la création, au-delà de sa version scénique. Par ailleurs, pour différents projets in situ, j’ai imaginé plusieurs formes entre spectacle et exposition. J’aime que le spectateur puisse naviguer entre des formes complémentaires, en le laissant libre de jouer avec, d’agencer les signes, de débusquer les échos, de multiplier les interprétations.

En 2016, avec la déambulation audioguidée Visite de Groupe, que nous avons souvent joué dans des lieux d’art contemporain, on s’approchait davantage de la performance : l’œuvre n’est en soi qu’un objet inerte (une bande son) et il est indispensable qu’un groupe de personnes se rassemble pour « l’activer », lui donner vie, et chair. Les spectateurs sont alors les acteurs d’une pièce chaque fois différente, et qui sans eux, n’existe pas. Par ailleurs, Légendes, une installation pour l’espace public, explore encore une autre dimension : plus de 350 écriteaux fleurissent subitement dans la rue, sur le modèle des plaques commémoratives. Mais au lieu de commémorer des gens célèbres ou des faits historiques, nous commémorons des faits ordinaires, des gestes invisibles, des pensées inavouables. Entre le happening visuel, le roman éclaté, et le jeu de piste poétique. »

Nicolas Heredia

I/O Gazette , Mathias Daval, 11/07/22

Névrosés atteints du syndrome de fear of missing out, c’est à vous que la Vaste Entreprise s’adresse : qu’êtes-vous prêts à rater en ne ratant pas À ne pas rater ? En construisant une succession de séquences « spectaculaires » minutées, qui se soldent systématiquement par une non-spectacularité exemplaire puis par sa disparition pure et simple, Nicolas Heredia déjoue les attentes qu’il a lui-même créées et transforme l’espace scénique en une sorte d’ouvroir de performance potentielle. Avec son habituelle et élégante créativité, appuyée par une addition de gimmicks scénographiques malins, il lance en vrac des interrogations ontologiques sur notre rapport au temps. À force de métadénouement des nœuds dramaturgiques, pas grand-chose d’autre n’advient qu’une expérimentation ludique sur sa propre frustration de spectateur : c’est peu, mais c’est beaucoup à la fois.

Toute la culture , Lucine Bastard-Rosset, 15/07/22 S’il y a bien un spectacle à ne pas rater c’est justement le spectacle À ne pas rater. Une réflexion philosophique remplie d’humour sur ce qu’il prévaut de faire, ou de ne pas faire. Dans notre société contemporaine, nous sommes poussés à exploiter la moindre parcelle de notre temps, sans quoi nous risquons de gâcher des instants, de passer à côté d’évènements. Une recherche du profit temporel insatiable, une recherche qui se solde obligatoirement par un échec car la frustration d’avoir l’impression de “perdre son temps” ne peut totalement disparaître. Et si nous acceptions d’être là, de profiter du moment présent ? Et si nous acceptions de ne rien faire ? Et si nous apprenions à ne rien faire ?

Dans notre société contemporaine, le temps est mesuré, millimétré. Il faut connaître la durée de chaque chose, savoir où nous en sommes. À ne pas rater joue sur cette idée en chronométrant le spectacle, en marquant physiquement le temps qui passe. Le temps est présent et défile et « plus on avance, plus on réduit le champ des possibles. » De multiples minuteurs attestent de l’arrivée prochaine d’un événement spectaculaire. Au fil du spectacle, ces événements se multiplient, deviennent toujours plus spectaculaires. Nous les attendons, assis sur nos sièges, nous attendons ce qui devrait arriver, obnubilés par ce qui sort de l’ordinaire.

Note d’intention

Cette dernière décennie, face à une accélération du monde toujours croissante, deux syndromes anxieux ont été conceptualisés : le FoMO (Fear of Missing Out, ou la peur constante de manquer une information importante dont tout le monde serait déjà au courant sauf vous) et le FoBO (Fear of Better Options, ou le sentiment permanent d’être en train de rater quelque chose de potentiellement mieux). Des questions effectivement exacerbées par nos habitudes contemporaines, mais sans doute aussi, simplement, des angoisses existentielles constitutives de la condition humaine. Éminemment mélancoliques, et pourtant gorgées d’un potentiel comique infini.

Chaque semaine, je lis les critiques des nouveaux films qui sortent en salle, que je n’aurai sans doute pas le temps d’aller voir. Je lis des critiques de livres que je n’aurai pas le temps de lire, et puis déjà la semaine suivante arrive, avec une nouvelle salve de films, de livres, de spectacles, et on me parle aussi de trois séries formidables dont j’ai déjà raté les quatre premières saisons, et une nouvelle semaine arrive – et ainsi de suite. Je me dis que, quitte à ajouter encore un spectacle à ce flot de propositions, autant qu’il parle de ça. Et tant qu’à faire, autant l’intituler À ne pas rater. La thématique récurrente du temps. Dans mon travail, le temps est souvent la matière première de l’œuvre, l’argile de la sculpture. Pour À ne pas rater, je suis parti d’une approche à la fois intime et politique du temps : la logique capitaliste ayant fini par totalement contaminer notre rapport individuel au temps, chacun tente donc plus ou moins consciemment de « rentabiliser » sa journée, « d’optimiser » ses vacances – et plus largement, de « maximiser » le temps qui lui est donné avant de mourir. Ne passer à côté de rien, cocher toutes les cases : c’est une course absurde évidemment, une bataille perdue d’avance, et je trouve à la fois terrible et infiniment touchant notre façon d’essayer tout de même vaillamment d’écoper l’océan ! Cela rejoint évidemment ce que disait déjà Pascal sur le divertissement : nous agiter sans cesse nous empêche de penser à la mort. C’est aussi pour cela que, dès le départ je voulais que le temps puisse s’incarner physiquement sur le plateau, avec cette sorte de sablier moderne qu’est la barre de progression. Et puis le spectacle est aussi inspiré par les Vanités, ces peintures du XVIIème siècle qui disent la finitude de toute chose et la vacuité de la condition humaine en juxtaposant les éléments de la fête, des plaisirs fugaces, et ceux du temps qui passe…

Nicolas Heredia

ESPACES PLURIELS
SCÈNE CONVENTIONNÉE D'INTÉRÊT
NATIONAL ART ET CRÉATION DANSE
17 AVENUE DE SARAGOSSE
64000 PAU