Après son solo Today Is a Beautiful Day, Youness Aboulakoul signe avec Ayta un appel à la résistance et à la verticalité, un manifeste chorégraphique pour six interprètes féminines, un nécessaire hymne à la vie.
Dans sa dernière création, Youness Aboulakoul lance un appel en faveur de ces femmes pour qui la contestation est une nécessité. Dans la pièce, l’esprit libre et rebelle de la pratique musicale marocaine de l’ayta, alliée à l’engagement physique des danseuses, exalte la force et la liberté du corps féminin. D’origine berbère, l’ayta est né du cri. Un cri qui se transforme en appel à la mémoire, à la vie, à la beauté et à la souffrance qui l’accompagnent. Pratiqué au Maroc par des chanteuses et danseuses qui se démarquent par leur indépendance et leur liberté, il catalyse les émotions, exaltant la soif de justice. Transposé sur un plateau avec six danseuses d’origines diverses, Youness Aboulakoul rabat cet appel à la résistance sur la question de la verticalité. Les interprètes s’avancent comme une seule entité qui tombe, se soulève, se plie et se déplie. Un exercice rituel d’élévation et de valorisation des chutes. Ayta est une traversée sans relâche de ruptures et d’ascensions dans lequel le corps trouve à se régénérer.
Production Cie Ayoun // Coproduction (en cours) CCN-Ballet de Lorraine Nancy, Pôle Sud-CDCN Strasbourg, KLAP Maison pour la danse // En co-réalisation avec le Théâtre Joliette Marseille, Le Gymnase-CDCN Roubaix, Les Hivernales-CDCN Avignon, CCN2 Grenoble, La Place de la Danse-CDCN Toulouse, Espaces Pluriels scène conventionnée d’intérêt national Art et création - Danse - Pau, Pôle arts de la scène – Friche la Belle de Mai, Maison de la Danse de Lyon, DRAC Auvergne-Rhône-Alpes, CCN de Nantes, Caisse des Dépôts et Consignation
Après son solo Today Is a Beautiful Day, Youness Aboulakoul signe avec Ayta un appel à la résistance et à la verticalité, un manifeste chorégraphique pour six interprètes féminines, un nécessaire hymne à la vie.
Dans sa dernière création, Youness Aboulakoul lance un appel en faveur de ces femmes pour qui la contestation est une nécessité. Dans la pièce, l’esprit libre et rebelle de la pratique musicale marocaine de l’ayta, alliée à l’engagement physique des danseuses, exalte la force et la liberté du corps féminin. D’origine berbère, l’ayta est né du cri. Un cri qui se transforme en appel à la mémoire, à la vie, à la beauté et à la souffrance qui l’accompagnent. Pratiqué au Maroc par des chanteuses et danseuses qui se démarquent par leur indépendance et leur liberté, il catalyse les émotions, exaltant la soif de justice. Transposé sur un plateau avec six danseuses d’origines diverses, Youness Aboulakoul rabat cet appel à la résistance sur la question de la verticalité. Les interprètes s’avancent comme une seule entité qui tombe, se soulève, se plie et se déplie. Un exercice rituel d’élévation et de valorisation des chutes. Ayta est une traversée sans relâche de ruptures et d’ascensions dans lequel le corps trouve à se régénérer.
Avec Nefeli Asteriou, Marie-Laure Caradec, Sophie Lèbre, Cassandre Munoz, Anna Vanneau, Léonore Zurflüh — Concept, chorégraphie Youness Aboulakoul — Assistant artistique Pep Garrigues — Créateur lumières Jean-François Desboeufs — Sound media Jéronimo Roé — Créateur sonore Youness Aboulakoul et Zouheir Atban — Crédit photo François Stemmer
Youness Aboulakoul
Né à Casablanca, Youness Aboulakoul vit et travaille à Paris. Interprète depuis l’âge de 16 ans, il se forme au hip-hop comme aux danses folkloriques marocaines et à la danse contemporaine au Conservatoire de Casablanca. Depuis, il multiplie les expériences chorégraphiques, collaborant avec des artistes marocains et européens tels qu’Olivier Dubois, Radhouane El Meddeb, Ramon Baeza, Rosa Sanchez & Alain Baumann, Khalid Benghrib, Filipe Lourenço, Bernardo Montet, ou encore Christian Rizzo...
Il crée son premier projet duo Logos en 2010, puis en 2018 le duo Les Architectes en collaboration avec le chorégraphe et l’artiste visuel Youness Atbane. En novembre 2019 suit la première de son premier solo, Today Is a Beautiful Day, au festival Dancing on the Edge, aux Pays-Bas (Utrecht, Rotterdam et Amsterdam). Pour cette pièce, créée en coproduction avec les CCN de Montpellier, de Roubaix et de Belfort, ainsi qu’avec Les Subsistances à Lyon, Charleroi Danse (BE), l’Institut Français du Maroc et L’Usine à Casablanca (MA), Youness reçoit sa première aide à la création de la DRAC Ile-de-France.
En France, Today Is a Beautiful Day a été présentée aux Subsistances à Lyon, à Montreuil dans le cadre des Rencontres chorégraphiques internationales à l’automne et à actOral, festival international des arts & des écritures contemporaines à Marseille. Youness vient de créer Mille Miles, une pièce avec cinq interprètes, dont les premières ont eu lieu aux SUBS, Lyon, dans le cadre du festival Sens Dessus Dessous, en co-réalisation avec la Maison de la Danse de Lyon. Youness Aboulakoul est également concepteur de son. Passionné par la musique électronique, ses compositions puisent leur inspiration dans la richesse de la musique marocaine et dans les sonorités de l’univers électro, mélangeant ces deux sources d’inspiration afin de développer son propre univers sonore. En tant que compositeur de musique électronique, Youness Aboulakoul signe la musique originale de plusieurs pièces chorégraphiques et cinématographiques, parmi lesquelles Les Sauvages de Sylvère Lamotte (2017) et Les Architectes (2018). En tant que chorégraphe, performeur et musicien, Youness Aboulakoul porte un intérêt particulier au dialogue entre les disciplines artistiques, favorisant le décloisonnement des pratiques entre les arts performatifs, visuels et sonores. Cette vision plurielle de la création contribue à repousser les frontières de la danse contemporaine et à permettre l’émergence de nouvelles formes d’expression artistique.
AYTA est un cri de protestation et un appel à la résistance, une manifestation chorégraphique destinée à six interprètes-femmes, six corps qui ne font qu’un, qui tentent de résister au pli par la verticalité. Elles deviennent ainsi une entité qui avance, tombe, se soulève, se plie, se déplie et se replie, mais termine par retrouver une verticalité portant la trace de toutes ces luttes acharnées. Tenir la ligne verticale est avant tout une nécessité – de contestation, d’opposition au pli et, enfin, d’affirmation identitaire. Exercice rituel d’élévation et de valorisation des chutes, la performance allie l’esprit libre et rebelle de la pratique musicale marocaine ayta aux combats de six artistes qui s’expriment à travers la danse, attisant la force et la liberté du corps féminin opposé à tout système qui cherche à le diriger et à le contrôler.
Ayta en arabe dialectal marocain signifie « le cri » ou « l’appel ». D’origine berbère, l’ayta s’est développé au Maroc en tant que pratique musicale. Vite intégré dans différentes occasions de célébration, telles que les mariages et les fêtes locales, ou dans les pèlerinages religieux, l’ayta est pratiqué par les cheikhats, chanteuses et danseuses qui se démarquent par leur style de vie libre et indépendant. L’Ayta est le chant né du cri et qui se transforme en appel, appel à la mémoire, à la vie, à sa beauté, à sa souffrance. C’est un chant de la splendeur extérieure et de la douleur intérieure. Même dans ses formes contemporaines les plus éloignées des pratiques initiales, l’ayta se présente toujours comme un catalyseur des émotions et des aspirations sociales communautaires, exaltant la liberté et la quête de la justice. « L’origine du terme ayta fait l’objet d’une légende de la région de Hasba à l’époque où les caïds, chefs militaires arabes, lançaient des expéditions pour enlever les filles des villages de leur contrée. Les mères, de rage et de désespoir, se mettaient à crier, à pleurer, et à se lamenter. Pour partager leur peine, par signe de solidarité, les gens du village se regroupaient autour d’elles et les accompagnaient dans leurs cris. En les entourant de leurs chants et de leurs pleurs, ils ritualisaient la douleur. Ainsi le terme de ayta serait, à l’origine, le cri de désespoir d’une femme ». Fanny Soum Pouyalet, Le Corps, la Voix, le Voile
« Kharboucha est l’Antigone marocaine. Ce mythe connaît plusieurs versions : le caïd Aïssa Ben Omar ayant entendu dire que Kharboucha chantait une aïta évoquant les atrocités qu’il commettait et invitant la tribu à se révolter, il lui demanda de se produire devant lui. Courageuse, elle chanta la chanson dans son intégralité ; le sort qui lui fut réservé était de finir emmurée vivante, brûlée vive ou étranglée. Les versions diffèrent, mais se rejoignent toutes pour confirmer le fort caractère de Kharboucha qui appartenait à la tribu des Ouled Zid, à l’époque du protectorat français qui combattait par ses chants le Caïd Issa Ben Omar et la volonté de ce dernier à vouloir étouffer sa voix et sa parole de résistance ». Johara Radi
Youness Aboulakoul explore la corporalité des performeuses sous l’angle de la résistance qu’elles opposent à l’oppression physique et symbolique. Ce thème s’inscrit dans la continuation d’une démarche chorégraphique matérialisée autour de la violence, jusqu’à présent à travers deux spectacles - Today Is a Beautiful Day, et Mille Miles. S’attachant à la question du corps féminin et des violences et résistances dont il témoigne, AYTA clôt la série de spectacles en trois volets commencée en 2019. C’est une pièce qui ne cherche pas à transcrire fidèlement les signes esthétiques de l’ayta, mais qui s’inspire de son héritage, de ses partitions et ses compositions rythmiques et musicales, de ses danses et de ses figures féminines qui ont marqué son histoire, comme matière de départ, afin de l’analyser, l’étudier, la défaire pour se l’approprier, et la déployer dans les corps et dans l’espace, la faire résonner dans un sens plus large pour faire jaillir une danse de chair et de peau, d’os et d’organes. Le spectacle propose aux interprètes un espace de recherche et d’affirmation de leurs personnalités et de leurs combats, révélant la force et la résistance dont leur corps, individuel ou intégré dans une collectivité, fait preuve devant toute instance qui cherche à le soumettre à son système de pouvoir.
Un cri, un pli, un corps poussé au sol, une multitude de corps à la recherche de la verticalité. De la tension créée entre le désir d’élévation et les inévitables chutes surgit une danse-résistance qui s’oppose à toute tentative de pliement. Plus il y a de tentative au pli, plus il y a de résistance. Plus il y a de résistance, plus il y a d’élévation. Un corps fini, un cri vers l’infini. Qu’est-ce qu’un corps que l’on plie ? Qu’est-ce qu’une intériorité que l’on déplie ? Tomber et se redresser, embrasser le sol et ensuite explorer la verticalité : c’est dans l’espace dessiné entre ces deux couples d’oppositions que la danse se cherche une forme dans AYTA. Ainsi le pli connaît-il un détournement sémantique par l’énergie indomptable des artistes-guerrières : ce qui ressort initialement comme un instrument d’oppression se métamorphose en arme de combat et en prolongation d’un corps qui ne cesse de se diriger vers les hauteurs. Les épreuves sont là afin que le regard fracturé arrive à mieux saisir ce qui nous fait avancer et progresser ensemble. Travail de mouvement sur l’articulation et la répétition, sur la contraction musculaire et le mouvement organique, AYTA amène sur scène six interprètes dont les corporalités et les origines témoignent d’une réjouissante diversité. Plier, se déplier, chanter, succomber, résister, s’élever : c’est ainsi que les performeuses souhaitent articuler leur guerre rituelle en compagnie des spectateurs- témoins.
Si le pli mène à l’inclusion, dans quel moule le corps plié sera-t-il contraint de se fixer ? Dans un cadre ? Dans une enveloppe ? Et si la ligne verticale ne fait que résister à cette tentative de pli, comment sera-t-il possible de la traduire en danse ? Quelle physicalité peut-on trouver à partir du pli et quelle qualité de mouvement peut-on développer ainsi ? C’est à ces questions qu’AYTA tentera de répondre à travers les explorations chorégraphiques et philosophiques avancées dans le spectacle. L’effort de résister au pli mène à la mise en place de véritables stratégies corporelles : s’il faut se plier, c’est pour mieux comprendre son corps et pour mieux saisir comment résister au prochain pli. Dans AYTA, le corps féminin dansant repousse le sol, se redresse, retrouve la ligne verticale et, enfin, l’élévation. Un processus qui n’exclut néanmoins ni les chutes ni l’épuisement surgi de la pression incessante d’opposer la résistance. La connexion intime avec le sol donne au corps des six performeuses la force de se diriger vers les hauteurs et l’impact des chutes stimule davantage la pulsion vers l’élévation. Au cours de cette démarche, la verticalité ne se montre pas comme un impératif qui nie la force de la vulnérabilité et le droit de faillir – au contraire, elle se manifeste comme somme(t) d’une série de ruptures et d’ascensions qui seulement ensemble puissent offrir au corps le pouvoir de se régénérer.