Danse urbaine née dans les années 1990 à la suite
de violentes émeutes dans les ghettos de Los Angeles,
le Krump — Kingdom Radically Uplifted Mighty Praise (éloge d’un royaume puissant et radicalement élevé)
— rejoint la cohorte des danses urbaines telles qu’elles
émergent aujourd’hui dans les grandes capitales du monde.
Expression d’une quête d’identité par le corps, cette danse
nourrie de désespoir, de colère et de haine sert de base
à la création d’Heddy Maalem. Le chorégraphe en fait
émerger la richesse et le caractère rituel tout en conservant
l’expression la plus directe du Krump. Son pari, parfaitement
réussi, consiste à produire un spectacle et une forme poétique
sans entraver la très haute énergie et la puissance de cette
transe portée par trois danseurs et deux danseuses remarquables.
Heddy Maalem travaille le corps comme un poète
travaille la langue, pour sa matière. Depuis 1989, il invente
son propre style, un mouvement percutant, sans lyrisme
mais non sans esthétisme, un style épuré mais physique.
« Le Krump est un mouvement profond, pas encore une marchandise.
Il semblerait que le monde ait fait naître là où on ne l’attendait
pas, une danse du dedans, authentiquement spirituelle, faite
pour débusquer des monstres et dire l’inarticulé des paroles
rentrées dans la gorge de ceux qui ne peuvent même plus crier.
La seule danse qui vaille. »
Heddy Maalem
Danse urbaine née dans les années 1990 à la suite
de violentes émeutes dans les ghettos de Los Angeles,
le Krump — Kingdom Radically Uplifted Mighty Praise (éloge d’un royaume puissant et radicalement élevé)
— rejoint la cohorte des danses urbaines telles qu’elles
émergent aujourd’hui dans les grandes capitales du monde.
Expression d’une quête d’identité par le corps, cette danse
nourrie de désespoir, de colère et de haine sert de base
à la création d’Heddy Maalem. Le chorégraphe en fait
émerger la richesse et le caractère rituel tout en conservant
l’expression la plus directe du Krump. Son pari, parfaitement
réussi, consiste à produire un spectacle et une forme poétique
sans entraver la très haute énergie et la puissance de cette
transe portée par trois danseurs et deux danseuses remarquables.
Heddy Maalem travaille le corps comme un poète
travaille la langue, pour sa matière. Depuis 1989, il invente
son propre style, un mouvement percutant, sans lyrisme
mais non sans esthétisme, un style épuré mais physique.
« Le Krump est un mouvement profond, pas encore une marchandise.
Il semblerait que le monde ait fait naître là où on ne l’attendait
pas, une danse du dedans, authentiquement spirituelle, faite
pour débusquer des monstres et dire l’inarticulé des paroles
rentrées dans la gorge de ceux qui ne peuvent même plus crier.
La seule danse qui vaille. »
Heddy Maalem
COMPAGNIE HEDDY MAALEM
CHORÉGRAPHIE HEDDY MAALEM
SCÉNOGRAPHIE RACHEL GARCIA
CRÉATION
LUMIÈRES GUILLAUME FESNEAU
BANDE
SONORE HEDDY MAALEM ET STÉPHANE
MARIN
DANSEURS ANTHONY-CLAUDE
AHANDA ALIAS JIGSAW / WLADIMIR JEAN
ALIAS BIG TRAP / LUDOVIC MANCHINOPHELTES
ALIAS KELLIAS / ÉMILIE
OUEDRAOGO ALIAS GIRL MAD SKILLZ /
ANNE-MARIE VAN ALIAS NACH
MUSIQUES
HILDUR GUDNADOTTIR « YOU », IANNIS
XENAKIS PERSEPHASSA, ARVO PÄRT MISSA
SYLLABICA. KYRIE & GLORIA, 2 FINGERS
FOOLS RHYTHM, PHILIP GLASS THE HOURS,
« THE POET ACTS », STÉPHANE MARIN
SOUFFLES & BOURDON, JEAN-SEBASTIEN
BACH PRELUDE & FUGUE NO. 16 IN G
MINOR, BWV 88, HESPERION XXI, JORDI
SAVALL CANARIOS (IMPROVISATION), COLIN
STENTSON « LORD I JUST CAN’T KEEP FROM
CRYING SOMETIMES », SAUL WILLIAMS
« TWICE THE FIRST TIME »
CRÉDIT PHOTO PATRICK FABRE ET PARK SANG YUN
Né à Batna, au coeur des Aurès, d’un père algérien et d’une mère française, fils de deux terres, Heddy
Maalem préfère se dire fils de la Méditerranée, cette mer qui tente de combler la béance entre deux
peuples. Après avoir longuement pratiqué la boxe puis l’aïkido, recherché son propre mouvement, il
rencontre la danse qui lui apparaît alors comme une évidence inattendue. « Pour avoir vécu le déchirement
entre les deux pays dont je suis né, j’ai le sentiment d’être un étranger. En danse, je ne peux emprunter à
aucune école existante. Il me faut inventer mon langage, une langue non marquée. » Peu à peu, le style se
forme, d’un mouvement qui part du ventre ou du sol, pour percuter l’espace ou le partenaire, sans lyrisme
mais non sans esthétisme, un style épuré mais physique.
En 1989, il fonde sa compagnie. Transport phenomena (1991), Corridors (1992), Trois Vues sur la douce
paresse (1994) : en quelques pièces le ton est donné. Heddy Maalem travaille le corps comme un poète
travaille la langue, pour sa matière. Ses chorégraphies, à l’écriture précise et épurée, s’attachent à la clarté,
à la lisibilité.
En 1997, il écrit Un Petit Moment de faiblesse, solo remarqué, prologue au Beau Milieu créé la même année
au Festival d’Avignon dans le cadre du “ Vif du Sujet ”. Dans K.O. Debout, pièce pour 7 interprètes créée en
1999 à la Maison de la Culture d’Amiens, le chorégraphe approfondit son exigence du seul mouvement
absolument fondé, dit-il, en désaveu et contrepoint d’un monde brouillé d’images et de bruits.
Pour Black Spring (2000), Heddy Maalem réunit des danseurs d’origine africaine dans un ambitieux projet
fidèle à son questionnement récurrent sur l’identité. La formidable humanité de cette pièce séduit Benoît
Dervaux, réalisateur de documentaires, cadreur des frères Dardenne, qui s’engage dans une collaboration
artistique aboutissant à la réalisation d’un film homonyme diffusé sur Arte.
En 2001 dans Petite Logique des forces, 3 soli créés au Festival Danse à Aix, les interprètes sont présents,
sans violence, avec une précision qui force l’attention du regard. Trois figures se dégagent, chacune
s’impose sur des images du cinéaste Nicolas Klotz.
Avec L’Ordre de la bataille en 2002, Heddy Maalem pose la question du sens de l’existence dans un monde
transformé en bain de sang. À question simple réponse complexe, qu’il élabore avec 7 interprètes venus
des pays du Sud et des images issues de sa nouvelle collaboration avec Benoît Dervaux.
En 2004, il crée un Sacre du Printemps pour 14 interprètes africains, en s’assurant à nouveau la complicité
de Benoît Dervaux. La pièce connaîtra un immense succès international. Habité par un besoin d’alternance
entre pièces magistrales et petites pièces, Heddy Maalem écrit en 2006 une série de soli et de pièces
courtes qui forment Le Principe de solitude et crée Un Champ de forces, une pièce pour 12 interprètes.
L’année 2009 est marquée par les projets internationaux avec l’adaptation du Sacre du Printemps pour 20
danseurs de la Sichuan Modern Dance Company en Chine et la création de From the new world commande
de la ville de Burlington, Vermont, USA, à l’occasion du Quadricentenaire de Samuel de Champlain.
En mars 2010, il crée Mais le diable marche à nos côtés à La Filature Scène nationale Mulhouse pour huit
interprètes venus d’Afrique, d’Asie et d’Europe pour lequel il a reçu l’aide à l’écriture Beaumarchais
décernée par la Sacd. Le chorégraphe se voit confier par le Ministère de la culture et de la communication
une mission en Martinique dans le cadre de 2011 année de l’Outre-Mer, suite à laquelle il réalise Je suis les
rivières pièce pour 25 jeunes danseurs, créée lors de la Biennale Fort de danse Caraïbes 2012.
Dans Éloge du puissant royaume, Heddy Maalem amène ces danseurs vers une épure graphique et un degré d’abstraction de pure beauté, sans leur arracher leur âme, leur souffle commun. Comme le Hip Hop, le Krump illustre bien ceci : la communauté continue d’exister, à travers une identité partagée, mais elle affiche aussi son impossibilité à se réaliser, contrairement aux danses traditionnelles. Ici, le cercle ne danse pas, il encourage le soliste. La manière dont Maalem dialogue avec le Krump, pour l’amener sur un terrain où les individualités font oeuvre commune, est magistrale. Thomas Hahn, Artistik Rezo.com, 14 janvier 2014
Heddy Maalem est plutôt un homme du retrait, un homme du silence. Il se méfie des faux-semblants et des petits arrangements avec l’exactitude. A cette image, sa danse est simple, parfois brute, à la recherche d’un ajustement intérieur. Sans enjolivure. Du plus profond sourd la tension secrète que l’on perçoit dans ses chorégraphies comme dans l’individu. rfi.fr/emission/heddy-maalem2, Yasmine Chouaki, « En sol majeur », RFI, 11 janvier 2014.
Ses chorégraphies ressemblent à son itinéraire écartelé entre une Afrique natale et une France d’adoption.
On y danse la rencontre, l’authenticité, la violence et le chaos.
Ils sont jeunes, s’affrontent, se confrontent... pas seulement les uns aux autres, mais aussi avec eux-mêmes.
Il y a ce souffle, cet « élan vital » qui bouscule les viscères, se fraye un chemin et parvient à
s’extérioriser. À libérer une rage contenue. Les cinq interprètes de la dernière création du chorégraphe
franco-algérien Heddy Maalem se livrent sans fioritures. (…) _ Guidant ces autodidactes peu habitués à la
scène et adeptes de l’improvisation, Heddy Maalem a su bâtir, à partir de la violence fondatrice de son art
et de leurs expériences, un royaume à la hauteur de leur talent. Transformant ces enfants des cités en rois
et maîtres de leur énergie créatrice.
Séverine Kodjo Grandvaux, Jeune Afrique, 23 juin 2013.
Ils sont magnifiques et sidérants ! Les cinq interprètes d’Éloge du puissant royaume chorégraphié par Heddy Maalem sont les rois du krump, cette danse hip hop palpitante et sèche comme un coup de feu (...), le krump en version française donne une sacrée leçon d’invention. Rosita Boisseau, M, Le magazine du Monde, 4 mai 2013.
Une fois encore, l’ancien boxeur des Aurès Heddy Maalem réussit à montrer les corps puissants comme rempart contre l’insensée violence de la nature humaine. Il ne s’agit pas cette fois-ci de danser envers et contre tout, ni même de faire circuler le mouvement entre les humains. Éloge du puissant royaume est la matérialisation d’une rencontre évidente. Marie-Juliette Verga, ParisArt, avril 2013.
J’ai rencontré les danseurs de Krump sans doute parce que je les ai toujours cherchés. Ils s’appellent, Jigsaw, Kellias, Crow… noms de code de leur identité réinventée. Le Krump est un mouvement profond, pas encore une marchandise. Il semblerait que le monde ait fait naître là où on ne l’attendait pas, une danse du dedans, authentiquement spirituelle, faite pour débusquer des monstres et dire l’inarticulé des paroles rentrées dans la gorge de ceux qui ne peuvent même plus crier. La seule danse qui vaille. Avant d’être une mode, c’est un rite inventé, une sorte de louange forcenée, la contorsion brutale de celui qui refuse la camisole contemporaine. Ces danseurs nous disent : Qu’arrive-t-il à la force qui nous mène ? Que signifie ce monde échoué ? Qui vit dans l’obscur de nous-mêmes ? Cette danse est une chance car elle est un partage de la violence qui nous fonde et un moyen de la comprendre en se délivrant du discours. C’est une danse du début ou de la fin des temps qui dit l’essentiel de ce qui fait un homme aujourd’hui, un secret pour lui-même vivant debout au plus noir de sa propre nuit. Heddy Maalem, Mai 2012.