Pour cette version de Gargantua, le comédien et metteur en scène
Julien Mellano incarne Alcofribas Nasier, drôle de personnage, érudit et
bon vivant, qui présente « La Vie Très Horrifique du Géant Gargantua » de
Rabelais. Accordant un soin tout particulier à faire sonner les mots, qu’ils
soient savants, croquignoles, désuets ou grossiers, Alcofribas exploite une
schizophrénie débridée pour donner corps et âmes aux protagonistes hauts
en couleurs de cette histoire fantastique.
On connaît surtout de Gargantua la joyeuse truculence et la
démesure de ses protagonistes. On connaît moins le côté sombre et
dramatique de la deuxième partie du récit dans laquelle, sur fond de guerre
absurde, la violence et la bêtise viennent troubler l’utopie romanesque d’un
monde pétri de bonté. Dans cette fresque assaisonnée d’aventures, le géant
Gargantua devient alors le porte-parole d’une sorte d’humanisme fabuleux.
Julien Mellano met ainsi en parallèle le récit rabelaisien avec les stratégies
politiques, les alliances pipées par les intérêts économiques et autres
imbroglios diplomatiques ou religieux de notre temps.
DE PART ET D’AUTRE
Espaces Pluriels scène conventionnée danse Pau s’associe
à L’Agora, scène de territoire pour l’enfance et la jeunesse,
pour mettre en regard, sur la saison 15-16, deux projets
théâtraux autour du traitement et de la réécriture de grands
textes de la littérature : Gargantua de Julien Mellano,
programmé par L’Agora, et Le Petit Chaperon Rouge de Joël
Pommerat, programmé par Espaces Pluriels (06 & 07 avril 2016).
Pour cette version de Gargantua, le comédien et metteur en scène
Julien Mellano incarne Alcofribas Nasier, drôle de personnage, érudit et
bon vivant, qui présente « La Vie Très Horrifique du Géant Gargantua » de
Rabelais. Accordant un soin tout particulier à faire sonner les mots, qu’ils
soient savants, croquignoles, désuets ou grossiers, Alcofribas exploite une
schizophrénie débridée pour donner corps et âmes aux protagonistes hauts
en couleurs de cette histoire fantastique.
On connaît surtout de Gargantua la joyeuse truculence et la
démesure de ses protagonistes. On connaît moins le côté sombre et
dramatique de la deuxième partie du récit dans laquelle, sur fond de guerre
absurde, la violence et la bêtise viennent troubler l’utopie romanesque d’un
monde pétri de bonté. Dans cette fresque assaisonnée d’aventures, le géant
Gargantua devient alors le porte-parole d’une sorte d’humanisme fabuleux.
Julien Mellano met ainsi en parallèle le récit rabelaisien avec les stratégies
politiques, les alliances pipées par les intérêts économiques et autres
imbroglios diplomatiques ou religieux de notre temps.
D’APRÈS L’OEUVRE DE FRANÇOIS RABELAIS / ADAPTATION, MISE EN SCÈNE, INTERPRÉTATION JULIEN MELLANO / CONCEPTION SONORE MATTHIEU DEHOUX / CRÉATION LUMIÈRE RODRIGUE BERNARD / MUSIQUE OLIVIER MELLANO / CONSEILS ARTISTIQUES DAMIEN BOUVET
CRÉDIT PHOTO JULIEN MELLANO
Production COLLECTIF AÏE AÏE AÏE / Coproductions le Théâtre de l’Espace/Scène Nationale de Besançon, le Centre Athéna/ Scène de Territoire à Auray, L’Archipel/Scène de Territoire à Fouesnant-les Glénan / Soutiens le Ministère de la Culture et de la Communication / DRAC Bretagne, le Conseil Régional de Bretagne. / Accueils en résidence de création le Volume/Vern-sur-Seiche, le Théâtre du Cercle/Rennes, / la Ferme du Buisson/Scène Nationale de Marne-la-Vallée, le Théâtre de l’Oiseau-Mouche/Roubaix, / le Centre Athéna/Auray / Remerciements Théâtre Lillico/ Rennes
COLLECTIF AÏE AÏE AÏE
Outre la manifestation phonique dʼun drame présupposé, aïe aïe aïe est à lʼorigine le nom dʼun magazine
qui se présentait comme un petit laboratoire graphique et littéraire piloté par Julien Mellano et Emmanuel
Posnic alors étudiants en art (de 1996 à 2000 : parution de 8 numéros regroupant une douzaine
dʼauteurs).
En 2002, Julien Mellano prend la direction dʼaïe aïe aïe, en lui donnant une nouvelle dimension artistique
par la création de spectacles mêlant théâtre et manipulation dʼobjets. Toujours sensible aux notions de
narration, de fiction et de bidouillage, aïe aïe aïe trouve son langage scénique en privilégiant les
spectacles dits de petites formes (pièces courtes pour jauge réduite) destinés à un public non préjugé.
Metteur-en-scène et interprète, Julien Mellano conçoit des spectacles qui font la part belle au mélange
des genres artistiques et au brouillage des pistes. Son intérêt pour les jeux de langage, les expériences
sonores, l’incarnation de personnages et le soin qu’il accorde à la fabrication des images donnent lieu à
des formes théâtrales transversales, marquées par un goût prononcé pour le détail, le détournement, le
monstre, la métamorphose, les jeux de simulacre et l’absurde.
La scénographie part d’une palette de casiers en plastic (des casiers à bouteilles bien entendu), une sorte de gros Rubik Cube ou de Légo, permettant à Alcofribas de construire les éléments de décors utiles à son histoire : une cave, un siège, l’église Notre Dame, l’abbaye de Seuilly, un calvaire, le château du bois de Vède, une buvette, une tribune... Comme un os à moelle, ce bloc de casiers brut, anoblis par le travail de la lumière, cache du mou, en l’occurrence : des serpillières trempées, de vieux traversins et de poussiéreux coussins, qui eux, serviront à transformer le corps d’Alcofribas pour évoquer les géants trapus, les méchants dégoulinants de cupidité et les entrailles de tout ce petit monde. Et puis, en bonnes poupées gigognes, ces caisses contiennent des bouteilles qui contiennent le nectar ou le carburant nécessaire à Alcofribas pour donner vie aux protagonistes de cette fiction truffée de fantastique. Les micros font entendre les sons produits par les choses et les gens. Le bruit du vin qui glougloute, les boyaux qui travaillent, les cordes vocales qui vibrent, les cerveaux qui bouillonnent, les os qui craquent... Autant de sons produits par Alcofribas et recyclés par Matthieu Dehoux comme matière sonore et musicale, le tout agrémenté des partitions d’Olivier Mellano. Le travail de lumière de Rodrigue Bernard, tantôt transformera les pauvres objets et les vilains corps en jolies choses, tantôt renforcera la crudité de tout cela, parce que cette histoire n’est pas toujours jolie jolie...
Datés de la fin du XVIème siècle, on s’étonne et l’on amuse encore aujourd’hui de l’impertinence
débridée et de l’humour de François Rabelais qui, comme libéré d’une jeunesse monastique et studieuse,
signe Gargantua et Pantagruel, pour les plus célèbres de ses écrits. Il déclare, dès ses premiers récits,
une guerre à la bêtise et à l’hypocrisie (particulièrement celle des bigots et des moines oisifs), en prônant
les vertus inestimables de la gourmandise et de la curiosité. Au travers de ses personnages à double-fond,
il bouscule les bonnes manières et le puritanisme étouffant d’une société qui sépare trop souvent le
corps et l’esprit.
Rabelais écrivit : "Par le monde, il y a beaucoup plus de couillons que d’hommes". Constat qu’on se plaît
à partager en se félicitant de faire partie des hommes...
« Bien entendu un récit aussi énorme que Gargantua est impossible à retranscrire intégralement sur
scène. J’ai dû faire des choix parmi les épisodes et les personnages pour mettre en valeur la trame
générale et les propos qui m’importaient. Les nombreuses coupes ont été à chaque fois douloureuses
tant l’audace et l’humour de Rabelais rendent son récit riche et surprenant. À partir de ces morceaux de
choix, je me suis appliqué à ce que l’adaptation reste fidèle à son écriture tout en m’efforçant de la rendre
accessible aux oreilles contemporaines et à tous les publics.
On connaît surtout de Gargantua la joyeuse truculence et la fantastique démesure de ses protagonistes,
mais on connaît moins le côté sombre et dramatique de la deuxième partie du récit dans laquelle, sur
fond de guerre absurde, la violence et la bêtise viennent troubler l’utopie romanesque d’un monde pétri
de bonté. En ces temps de révoltes contagieuses et de campagnes, on ne pourra s’empêcher de faire
des parallèles avec l’attitude de certains tirants obstinés, les stratégies politiques, les alliances pipées par
les intérêts économiques et autres imbroglios diplomatiques ou religieux. Comme quoi, l’humanité
n’évolue pas temps que ça. Ce sont souvent les méchants qui créent les histoires et l’Histoire ; alors
autant s’en amuser tant que faire se peut... »
Julien Mellano