Remarqué dans les pièces de Pascal Rambert, Alain Buffard, Vincent Thomasset ou encore Marlène Monteiro Freitas, le danseur Lorenzo De Angelis signe avec Haltérophile sa première création. Il y fait le pari ambitieux de s’adresser à chaque spectateur personnellement. Pour cela, il exploite un dispositif circulaire qui lui permet de dédier à chacun une danse, de partager l’écoute d’un morceau de musique, un silence, une interrogation, une déclaration, une offrande. Ces adresses viennent d’un réel désir de partage ou de rencontre. Directement dictées par la présence physique des spectateurs, elles sont parfois de pures mises en scène, des situations relationnelles factices, des copiés-collés de scènes de cinéma ou de situations vécues. Haltérophile, qui explore tous les angles morts et les matériaux résiduels des diverses créations auxquelles il a participé, révèle la trempe chorégraphique de Lorenzo De Angelis. La pièce irradie une bienveillance fort réparatrice, et stimulante, par les temps ambiants.
« Je suis là pour vous, pour chacun de vous. Pour vous recevoir, vous, vos désirs, vos fatigues, vos peurs, vos angles morts… Venez avec tout ce dont vous êtes fait, je verrai comment vous le rendre. » Lorenzo De Angelis
Coproduction CDC Toulouse, Charleroi-Danses / Soutenu par Actoral / Accompagné par Grand Studio.
Remarqué dans les pièces de Pascal Rambert, Alain Buffard, Vincent Thomasset ou encore Marlène Monteiro Freitas, le danseur Lorenzo De Angelis signe avec Haltérophile sa première création. Il y fait le pari ambitieux de s’adresser à chaque spectateur personnellement. Pour cela, il exploite un dispositif circulaire qui lui permet de dédier à chacun une danse, de partager l’écoute d’un morceau de musique, un silence, une interrogation, une déclaration, une offrande. Ces adresses viennent d’un réel désir de partage ou de rencontre. Directement dictées par la présence physique des spectateurs, elles sont parfois de pures mises en scène, des situations relationnelles factices, des copiés-collés de scènes de cinéma ou de situations vécues. Haltérophile, qui explore tous les angles morts et les matériaux résiduels des diverses créations auxquelles il a participé, révèle la trempe chorégraphique de Lorenzo De Angelis. La pièce irradie une bienveillance fort réparatrice, et stimulante, par les temps ambiants.
« Je suis là pour vous, pour chacun de vous. Pour vous recevoir, vous, vos désirs, vos fatigues, vos peurs, vos angles morts… Venez avec tout ce dont vous êtes fait, je verrai comment vous le rendre. » Lorenzo De Angelis
Conception et interprétation Lorenzo De Angelis / Co-écriture Ikue Nakagawa / Collaboration Aina Alegre / Musique originale Patrick Belmont / Lumière Coralie Pacreau / Visuel Ikue Nakagawa / / Crédits photos DR
Enfin, Haltérophile révèle la trempe chorégraphique de Lorenzo de Angelis,
déjà remarqué comme danseur interprète exceptionnel. L’artiste se confronte à une très
vaste aire de jeu circulaire, offerte à la station des spectateurs qui l’observent. Il sollicite
l’un ou l’autre d’entre ces derniers, par des jeux d’adresses de regard, de quelques propos
brefs, aussi directs que légers et sensibles, en toute improvisation. Cela tout en projetant ses
amples trajectoires, ses brèves courses, ses cristallisations corporelles mouvantes, à travers
tout l’espace. Lequel devient le support palpable d’un enjeu de rencontre entre le soliste et la
situation politique de l’assemblée qui l’entoure. Non sans une bienveillance fort réparatrice,
et stimulante, par les temps ambiants.
Mouvement.net, Gérard Mayen.
Le théâtre est peut-être le lieux, le système ou le rituel par lequel un acteur est sensé
pouvoir toucher, emporter, communier, partager avec tous les individus réunis face à lui…
mais voilà, je décide de ne pas y croire. Comment un individu, aussi talentueux soit-il
pourrait effectivement exaucer la prière et répondre avec autant de pertinence à chaque
présence, à chaque spectateur.
L’idée de base de ce projet est donc de jouer pour une personne à la fois, mais devant
d’autres. C’est pourquoi je travaille sur un dispositif du public en cercle qui me permet
d’être en face d’une seule personne à la fois (sans que celle-ci n’ait eut à se déplacer) pour
lui dédier une danse qu’elle m’inspire, écouter avec elle une musique, partager un silence,
une interrogation, une déclaration, une offrande, une saynète,... pendant que les autres
membres du public assistent à cette scène plus ou moins intime mais de façon biaisée,
alors qu’ils attendent en quelque sorte leur tour. Il s’agit aussi pour ces derniers de pouvoir
goûter ce que l’adresse génère de résiduel ; la face cachée, en quelque sorte.
Tout au long de ma carrière d’interprète, j’ai dû me répéter avant chaque montée sur scène
« il y a des gens, là, qui ont payé, sont partis de chez eux, qui s’assoient et se taisent ; ils
viennent me regarder faire quelque chose, puis ils repartent. C’est un métier qui existe, et
c’est celui que j’ai choisi. »
Il faudrait être à la hauteur de tous ces investissements, et le laps d’espace-temps où il
peuvent s’exaucer, celui de la représentation, est très mince. On entend souvent, dans la
masse des critiques primaires de l’art contemporain « oh mais ça c’est pas pour moi »,
« ces artistes, ils sont dans leurs petits mondes »…
Alors voilà, pour toutes ces raisons, je vais faire quelque-chose rien que pour toi… qui te
correspond, qui te ressemble, quelque-chose que tu es capable d’imaginer peut-être, et
rassurera mais donc et décevra aussi… puisque ce sont tes désirs, tes réflexes, tes émotions
qui seront la matières de ce que je vais te proposer, de ce qu’on va construire, oui, il vaut
mieux être riche, il vaut mieux se poser tout de suite la question de ce qu’on veut vraiment,
de ce qu’on fait là, et surtout savoir ne pas y répondre. Jusqu’ici, mon travail prenait la forme d’installations culinaires, dispositifs dans lesquels le
public venait se restaurer, et ainsi, créer l’œuvre elle-même, générer son vécu et en être
responsable. Et je me disais : « au moins, ils auront eu à manger. »
Évidemment, on ne peut pas plaire à tout le monde. Mais j’essaye quand-même, pour le
sport… tout en restant moi-même. J’aimerais au moins donner quelque-chose... à chacune
des personnes présentes... fut-ce une banane, une émotion, un briquet... n’importe.
Il s’agit aussi pour moi de faire ce que j’ai souvent voulu faire sur scène : parler aux gens,
être avec eux, de leur côté, travailler avec eux. De la convivialité, de la légèreté, mais
justement parce que je voudrais prendre au sérieux les impératifs de partage et de don
sous-entendus dans la notion de spectacle. Ces adresses personnelles viennent à la fois
d’un réel désir de partage, ou de rencontre, mais sont parfois de pures mises en scène,
des situations relationnelles factices, parfois des copiés-collés de scènes de cinéma, ou de
situations réellement vécues. Et puis j’essaye de laisser parler les corps ; ils sont bavards si
on les écoute. Une personne et son corps dont on reconnaît simplement la présence sont
une mine d’or spectaculaire. Les gens qui sont là, qui me répondent où m’échappent, sont
le spectacle… sans qu’ils s’agisse de dispositif participatif. L’enjeu pour moi étant qu’ils
soient beaux, ces gens, brillants d’aisance et de simplicité… on a le droit d’être gêné, je le
suis aussi… on a le droit d’être excité, d’avoir peur, de douter, de dire non… « tu as le droit
d’être déçu, du moment que tu ne le caches pas, que tu le partages et que tu me laisse en
faire quelque chose ».
Car il s’opère comme une superposition d’images : image de la situation réellement
perçue, et image que la personne à laquelle s’adresse l’action en cours perçoit, et que nous
imaginons ; il y a une sorte d’empathie. Chaque fois qu’une personne reçoit une action, elle
devient une sorte de miroir du soliste dont elle offre un reflet aux autres. Un miroir plus ou
moins fidèle, libre d’interprétation, et qui fait totalement partie de l’évènement en cours,
et en offre une lecture multiple. La personne soi-disant concernée est libre d’y croire,
de prendre la chose à son avantage, aussi bien que de rester en retrait, ou de refuser
l’influence du performer.
C’est une question très importante pour moi et que je réactive sans cesse tout au long de
la proposition. Quel est le rôle du public ? Et quel est le rôle de chaque individu du public ?
Celui qu’il choisit, celui qu’on lui donne... Il s’agit aussi de questionner la capacité des
gens à recevoir, à prendre, à apprécier. Notamment en proposant un spectacle dont à peu
près les trois quarts ne leur est pas directement adressé. Qu’ils cherchent à se positionner
pendant que je cherche la juste invitation au travers des différents types de propositions
qui vont s’enchaîner. Qu’ils puissent jouir de manières différentes de toutes les distances et
proximités qui leur conviennent.
Voilà, j’en ai fait une affaire personnelle et c’est à la recherche d’une légitimité que j’avance
ou tourne en rond, que je m’ébats, que je me débat dans cette cage de regards. Il y a
de la danse, des danses, ma voix, qui chante, fait des bruits, déblatère et susurre... , de
la séduction, du travail, des illusions, des regards et des grimaces, de la mesure, de la
délicatesse, mais de l’excès aussi.
Lorenzo De Angelis