SPECTACLE REPORTÉ
Maître incontesté du flamenco contemporain, Israel Galván a forgé sa stature internationale grâce à des créations originales nées d’une parfaite maîtrise de la culture chorégraphique flamenca. Ouvert à toutes les audaces stylistiques, son parcours alterne entre formes intimistes et grands spectacles. Pianiste et compositrice, figure internationale des musiques improvisées, aux confins du jazz et de la musique contemporaine, Sylvie Courvoisier déploie une créativité aventureuse faite de rigueur formelle et de spontanéité expressive. Cette création révèle à merveille ce que les deux artistes recèlent d’intrépidité, de fougue et de science savamment dosées. Avec une admiration profonde pour cette ossature musicale démente, ils s’affrontent, dans une création en deux parties, au colosse musical du Sacre du printemps de Stravinsky. Pour Sylvie Courvoisier, il s’agit d’interpréter, en compagnie du très éclectique pianiste Cory Smythe, la partition pour quatre mains de Stravinsky, ici sur deux pianos, en suivant les pulsations rythmiques insufflées par Israel Galván, mais aussi de livrer, dans un deuxième temps, une composition originale librement inspirée du Sacre, une délicate introspection aux tempi contrastés qui en déploie les harmonies de manière inédite. Expert en combinaisons et en développements rythmiques, Israel Galván s’engage quant à lui dans le labyrinthe « Stravinsky » avec l’avantage d’une pulsation très intime, imaginant des micro-développements, des secousses, des répliques imprévues qui dialoguent avec cette oeuvre immense, longtemps considérée comme injouable.
Production Israel Galván Company (Espagne) et MÛ (Suisse) / Coordination de production Pilar Lopez / Administration de production Jeanne-Lucie Schmutz / Productrice déléguée Carole Fierz / En collaboration avec Mondigromax, Dietrich Grosse Coproducteurs Théâtre de la Ville / Paris, Teatros del Canal / Madrid, Théâtre de Nîmes scène conventionnée pour la danse, Théâtre de Vidy-Lausanne, Teatro della Pergola, Fondazione Teatro della Toscana / Florence, MA scène nationale – Pays de Montbéliard
Maître incontesté du flamenco contemporain, Israel Galván a forgé sa stature internationale grâce à des créations originales nées d’une parfaite maîtrise de la culture chorégraphique flamenca. Ouvert à toutes les audaces stylistiques, son parcours alterne entre formes intimistes et grands spectacles. Pianiste et compositrice, figure internationale des musiques improvisées, aux confins du jazz et de la musique contemporaine, Sylvie Courvoisier déploie une créativité aventureuse faite de rigueur formelle et de spontanéité expressive. Cette création révèle à merveille ce que les deux artistes recèlent d’intrépidité, de fougue et de science savamment dosées. Avec une admiration profonde pour cette ossature musicale démente, ils s’affrontent, dans une création en deux parties, au colosse musical du Sacre du printemps de Stravinsky. Pour Sylvie Courvoisier, il s’agit d’interpréter, en compagnie du très éclectique pianiste Cory Smythe, la partition pour quatre mains de Stravinsky, ici sur deux pianos, en suivant les pulsations rythmiques insufflées par Israel Galván, mais aussi de livrer, dans un deuxième temps, une composition originale librement inspirée du Sacre, une délicate introspection aux tempi contrastés qui en déploie les harmonies de manière inédite. Expert en combinaisons et en développements rythmiques, Israel Galván s’engage quant à lui dans le labyrinthe « Stravinsky » avec l’avantage d’une pulsation très intime, imaginant des micro-développements, des secousses, des répliques imprévues qui dialoguent avec cette oeuvre immense, longtemps considérée comme injouable.
Le Sacre du Printemps, composition d’Igor Stravinsky, réduction pour piano à quatre mains de l’auteur / "Conspiracion" de Sylvie Courvoisier et Cory Smythe / "Spectro" de Sylvie Courvoisier / Direction musicale Sylvie Courvoisier / Mise en scène et chorégraphie Israel Galván / Avec Sylvie Courvoisier et Cory Smythe (piano), Israel Galván (danse) / Création lumière Rubén Camacho / Design sonore Pedro León / Scénographie et direction technique Pablo Pujol / Assistanat à la mise en scène Balbi Parra / Conseillère costumes Reyes Muriel del Pozo / CRÉDITS PHOTOS ISRAEL GALVÁN, LUIS CASTILLA, SYLVIE COURVOISIER, CAROLINE MARDOK
Israel Galván
Israel Galván de los Reyes a reçu le prix National de Danse 2005, dans la section « Création » de la part du département de la Culture du gouvernement espagnol pour « sa capacité à générer une nouvelle création dans un art tel que le flamenco sans oublier ses vraies racines qui en font un genre universel ». En 2012 il a été honoré par le Prix New York Bessie Performance pour une production exceptionnelle et a reçu la médaille des beaux-arts du Conseil des Ministres du gouvernement espagnol.
Fils des bailaores sévillans Jose Galván et Eugenia de los Reyes, il a grandi dans une atmosphère de tablaos, fiestas et écoles de danse de flamenco, où il avait l’habitude d’accompagner son père. Mais c’est seulement en 1990 qu’il a eu l’envie de devenir danseur.
En 1994, il rejoint la Compañíñía Andaluza de Danza, dirigée par Mario Maya, et c’est le début d’une carrière qui lui apportera les plus importants prix en flamenco (et) en danse. Il a collaboré avec de nombreux artistes tels que Enrique Morente, Manuel Soler, Pat Metheny, Vicente Amigo et Lagartija Nick, sur des projets de nature très différente.
En 1998, Israel présente en avant-première ¡Mira ! / Los Zapatos Rojos, sa première création. Salué par la critique comme un éclair de génie, la pièce a effectivement révolutionné la conception des spectacles de flamenco.
Depuis il a présenté des productions telles que La Metamorfosis, Galvánicas, Arena, La Edad De Oro, Tábula Rasa, Solo, El Final De Este Estado De Cosas - Redux, Israel vs Los 3000, La Curva et Lo Real/Le Réel/The Real, pour lesquelles il a reçu 3 prix Max de Teatro en mai 2014 : meilleure production de danse, meilleure chorégraphie et meilleur danseur. Il a aussi créé La Francesa et Pastora pour sa soeur Pastora Galván.
Galván est artiste associé au Théâtre de la Ville à Paris et au Mercat de les Flors à Barcelone.
Sylvie Courvoisier
Née à Lausanne en Suisse, mais installée à Brooklyn aux États-Unis depuis 1998, Sylvie Courvoisier est fondamentalement une artiste de l’“entre-deux mondes”, proposant sa musique à la fois comme l’espace et l’outil d’un authentique dialogue toujours “réengagé” entre l’Europe et l’Amérique, l’improvisation et la composition, la tradition et la modernité.
Assumant parfaitement son ancrage dans l’héritage de la musique savante occidentale qu’elle ne cesse dans son jeu d’évoquer/resonger/chahuter en citations fugaces et autres déconstructions savantes aussi amoureuses qu’iconoclastes, la pianiste trouve par ailleurs l’essentiel de son originalité et le moteur de sa créativité dans une sorte de nomadisme esthétique revendiqué dont le jazz est en quelque sorte la matrice et le modèle. Navigant naturellement au fil des rencontres et des projets entre musique de chambre improvisée et composition contemporaine (ses duos télépathiques et ultra raffinés avec son compagnon, le violoniste Mark Feldman), free music d’inspiration européenne (aux côtés de légendes vivantes comme Evan Parker, Joëlle Léandre, Fred Frith), post et free jazz s’inscrivant dans la continuité du geste chorégraphique de Cecil Taylor (à la tête de son trio avec Kenny Wollesen et Drew Gress), musique expérimentale électronique (avec la compositrice de musique électro-acoustique Ikue Mori) ou tradition Klezmer revisitée (en tant qu’interprète des pièces écrites de John Zorn), Sylvie Courvoisier impose dans tous ces contextes une vraie signature sonore et compositionnelle faite de rigueur formelle et de spontanéité expressive.
Développant dans sa musique à la fois sensualiste et abstraite une poétique sophistiquée articulant de façon personnelle les techniques et idiomatismes d’une certaine “avant-garde” dans tous ses états, Sylvie Courvoisier invente un univers hybride et volontiers paradoxal, fondé essentiellement sur tout un jeu de tensions contradictoires — entre puissance et retenue, énergie et fragilité, tumulte et douceur, impulsion gestuelle et cérébralité, sensualité et austérité — rendant ainsi parfaitement compte d’une certaine forme d’instabilité identitaire propre à notre monde contemporain dont la scène new-yorkaise est en quelque sorte le reflet ou la métaphore. Grande spécialiste dans l’art d’arranger et “préparer” son piano, la musicienne n’aime rien tant au final qu’explorer toujours plus intimement le coeur de la matière sonore, plongeant même parfois littéralement dans le ventre de son instrument pour en frotter, pincer, frapper, caresser les cordes — et ramener à la surface, à la manière de bribes de rêves éveillés, comme le relief ou la crête d’un discours souterrain inconscient violemment pulsionnel. C’est parce qu’elle sonde ainsi au plus intime que sa musique allusive, toute de mouvement et de métamorphoses, sonne à ce point de manière universelle.
C’est par hasard, et au détour d’un courbe, qu’a été plantée la graine. Sylvie Courvoisier et Israel Galván travaillaient alors à un spectacle nommé La Curva – où la pianiste s’aventurait sur des chemins inconnus : “Israel et les musiciens flamencos inventaient la musique, et je rentrais dans leur monde.” Lors d’une pause dans les répétitions, sans autre projet que les plaisirs de la musique et des contrastes, elle joue au piano un bref passage du Sacre du printemps. Une découverte et un flash pour Israel Galván, qui s’en entiche et s’en toque. Quelques mois plus tard, la graine germe : elle devient un bref duo entre la pianiste et le danseur – qui est aussi un musicien, un maître du compás et des rythmiques complexes du flamenco. Ils mettent ainsi sur pied huit minutes éclatantes, présentées dans le cadre d’une soirée à numéros proposée par le journal Le Monde à l’Opéra Bastille. Un moment percussif de complicité musicale et frappante où s’exprimaient ensemble l’envergure de l’orchestre et l’intimité du duo. Une graine, un germe : on est encore loin de la plante, mais l’idée, rampante, s’enracine. Quatre ans après, elle a pris corps.
À ces deux artistes intrépides, amoureux de l’inédit, le Sacre du printemps offre les dangers les plus séducteurs. C’est ce que les Anglo-Saxons nomment, en français, “une folie à deux”. Pour l’une, Sylvie Courvoisier, il s’agit d’interpréter, avec le très éclectique Cory Smythe, la version pour quatre mains sur deux pianos tout en suivant les pulsations rythmiques insufflées par Israel Galván – la folie à deux devenant folie à trois –, mais aussi de livrer, dans un deuxième temps, une composition originale librement inspirée par le du Sacre. Car le projet est avant tout de retrouver l’essence, la musique avant le papier, “revenir au squelette, à Stravinsky dans sa chambre.” Mais le défi ne s’arrête pas à la page… encore faut-il tenir le rythme. Autre obstacle à enjamber : Israel Galván est un musicien qui ne lit pas la musique, et Sylvie Courvoisier doit lui transmettre et lui apprendre la partition des percussions qu’il frappe aux pieds. Élevé “dans la dictature du rythme”, expert des combinaisons et des développements, des imprévus et des rigueurs des rythmiques flamencas, Galván s’amuse de partir, dans le labyrinthe de Stravinsky “avec un certain avantage” et imagine déjà des micros-développements rythmiques, des mondes minuscules taquinant le monde immense, secousses, syncopes et répliques. Depuis toujours, il est à la fois danseur et percussion : “J’aime danser la musique qui sort de moi, me transformer en instrument. Cette percussion, résonnance, vibration, émane de l’intérieur. Parfois, je suis en scène comme un instrument, pas comme un corps qui danse. C’est très libérateur de ne pas être seulement un danseur.”
Reste que le colosse musical qu’est le Sacre dissimule une ossature démente, qui défie toutes les lois de l’anatomie musicale. [...] Ici, le danseur est musicien, il est créateur et instrumentiste. Alors que, dialoguant avec le piano, Israel Galván frappe aux pieds les percussions de l’orchestre, le cadre serré des mesures devient l’écrin d’une interprétation, et, toutes libertés dehors, il s’agit bien de Stravinsky – des “commandements” de sa musique.
Lors du passage à Paris du spectacle La Fiesta en juin 2018, le critique de France Info écrivit ceci : “Durant 1h30, Israel Galván a libéré des forces primaires, comme pouvait le faire Stravinski avec son révolutionnaire Sacre du printemps. On n’était pas loin d’un scandale similaire lors de la création à Avignon, vu la réaction d’une partie du public ulcérée par tant de débauches paroxystiques.” Curieuse coïncidence, ou plutôt non. Car ni Galván ni Stravinsky n’avaient pour intention de choquer. Ils n’ont fait que laisser libre cours à une liberté aussi inspirée qu’ingénue. Chef d’inculpation au pénal : spectacle ayant entraîné le scandale sans intention de le créer. Bien avant la goyesque Fiesta, les spectacles d’Israel Galván se sont toujours avancés, dès leur titre, sous le signe de la rupture et de la sortie de route : La Metamorfosis, El Final de este estado de cosas, La Curva… En solo, en duo, en chef d’une bande déglinguée, Israel Galván travaille toujours simultanément la fin d’un moment et sa suite, peut-être une façon, pour ce maître du compás de débuter à chaque fois sur le dernier temps.
On l’a vu ainsi croiser les cornes avec Akram Khan dans TOROBAKA, spectacle qui reposait sur les oppositions et les complémentarités – l’Andalousie et l’Inde, le taureau (lâché) et la vache (sacrée). Puis dans un Solo promené partout dans le monde, qui l’exposait à nu, à cru, à vif, sans aucun autre accompagnement que les sons d’une pièce ou d’une ville et la présence d’un public tout proche. A suivi FLA.CO.MEN, un jeu de chamboule-tout débridé et jouissif, un terrain de fredaines partagées où il faisait aussi bon déchaîner sa virtuosité irrépressible que d’écouter dans le noir la radio des voisins. La Fiesta était une autre suite, ni solitude, ni clan, ni commencement ni fin.
Spectacles déstabilisants, revigorants, à la fois joyeux et austères, provoquant sans provoc toutes sortes d’ébranlements. Des terrains mouvants, on se demande où on a mis les pieds. Passant là où on ne l’attendait pas, Israel Galván poursuit en toute logique sa trajectoire avec Stravinsky. “Le plus difficile, c’est le début, disait encore Léonard Berstein. Le do si haut perché du basson, qui sonne comme tout sauf un basson.”
Après les libertés de La Fiesta, il embarque dans une nouvelle aventure en trio, reposant pour la première fois sur une partition – ce qui ne saurait dire que tout est déjà écrit : trouver l’inédit, tout en respectant le texte sera la folie nouvelle. Folie déjà transformée, transformée en rêverie.
_Lola Gruber
Un flamenco entre les cordes de son piano
Nous pensons bien sûr à la pièce de Stravinsky, mais nous pensons aussi immédiatement au roman que lui consacra Alejo Carpentier. Sa structure, mue par le souffle de la musique du grand compositeur russe, est capable de rendre tangible la tourmente sonore de l’orchestre. Autre transcription : celle faite de concert avec Sylvie Courvoisier, si complice de l’écriture musicale d’Israel Galván ces dernières années. Pour elle, ce n’est pas seulement la version à quatre mains, sur deux pianos, il y a un corps qui sert de filtre, comme une préparation à insérer dans les cordes : le sujet “danseur flamenco”. Pensons à cela , et à ce qu’il y avait déjà dans le piano préparé de John Cage. Rappelons-nous aussi que son maître, Henry Cowell, modifia pour la première fois un piano pour le Deep Song de Martha Graham, et que cela n’a rien d’une coïncidence. Nous comprenons ainsi que Courvoisier mette un flamenco entre les cordes de son piano. Voilà qui est plus exact que toutes les contraintes de timbre ou de rythmique.
Revenons-en un moment à Carpentier, à la façon dont il utilise la violence rituelle de la musique de Stravinsky chaque fois qu’il parle, dans son roman, de la guerre civile espagnole, du flamenco, des Gitans. On verra alors que c’est cette même expression atavique dont se sert Israel Galván pour s’aventurer dans les monstruosités d’une violence expressive – rites anciens, oui, mais aussi violences de la guerre moderne, le criminel qui traque comme une bête les enfants innocents, la violence sexuelle qui nous entoure et nous façonne, et jusque dans certains des gestes les plus bienveillants. Une simple invitation à s’asseoir, et là aussi, la bête surgit.
S’attaquer au Sacre du Printemps d’Igor Stravinsky, pure mythologie dans les versions de Nijinsky, de Millicent Hodson et Kenneth Archer, dans celles de Maurice Béjart, Pina Bausch, Xavier Le Roi ? Ce n’est pas un geste d’orgueil – comme Galván le dit lui-même, c’est l’âge. C’est une impulsion invisible qui le pousse à cela, à interpréter, réinterpréter, se situer face à la danse, face aux ballets anciens et modernes, face à la chorégraphie. Loin d’une quelconque prétention, c’est la façon qu’a trouvé Galván de se situer dans le monde, de mesurer son propre espace, de dessiner son chemin dans un jardin de sentiers tortueux. Finalement, ce n’est qu’un modeste dessin dans le sol, qui semble dire : “Hé, ce sont mes pieds, cela a été mon chemin, les traces poussiéreuses d’une chanson.”
Comme le dit l ’expression populaire italienne : Traduttore, traditore ! (Traducteur, traître !). Et comme l’affirme plus avant le chanteur Enrique Morente – une référence pour Israel Galván – la traduction de la tradition exige sa trahison. Ainsi, nous pourrions dire que l’expérience à laquelle s’essaie Israel Galván avec une pièce classique du canon contemporain n’est ni une déclinaison, ni une rénovation ni une actualisation, mais une traduction – version et thème, thème et version.
Or la traduction dans un jargon – le flamenco – des langages de la modern dance, de la danse espagnole, du ballet ou de n’importe quel processus chorégraphique post-moderne, s’établit loin de tout ordre académique comme un nouveau jargon, un argot. L’identité flamenco d’Israel Galván est univoque : parce que c’est la danse qui l’accueille depuis son enfance, le langage qui l’habite depuis ses premiers mots. Un corps fait de cette façon, eh bien, il ne peut s’affranchir de sa propre matière, faite de demi-mots, de bégaiements, de confusions, des sens cachés et des lignes rythmiques de son dialecte. Les pieds, les mains, le corps suivent ce langage singulier, onomatopéique, aussi naturel qu’artificiel.
Le flamenco, entre les mains d’Israel Galván, ou plutôt entre ses pieds, est un exercice inégalable de terreur et de rhétorique. Jean Paulhan parlait de la terreur comme d’une présence inaltérable de la nature ; rhétorique qui fait d’une pierre ou d’un arbre des éléments créés ex nihilo et soudain apparus. C’est au creux de ce paradoxe que Galván tente sa traduction du Sacre du Printemps. Le poids d’un corps. Une façon de parler. Le vent distingué.
Pedro Romero