Flora Détraz compose avec Muyte Maker un hymne à la joie déroutant et allègre qui sème le trouble dans nos représentations du féminin. Ventriloque autodidacte formée par ses rencontres avec Meredith Monk, Meg Stuart, ou encore Marlene Freitas, elle développe son propre travail avec Peuplements (2013), Gesächt (2014) et le solo Tutuguri (2016), en jouant sur la distorsion entre le son et le geste. Dans Muyte Maker, la jeune chorégraphe trouve dans l’ambiguïté et les glissements qui s’opèrent entre la voix et le corps matière à décupler la force de résistance de l’allégresse. De la joie enfantine au rire grotesque, de la folle gaieté à la cacophonie grinçante, Flora Détraz démultiplie les possibles de la voix : chuchotement, bruitage, rire, chant. Espiègle et iconoclaste, elle place dans la bouche de charmantes jeunes filles les textes scabreux dont foisonne le répertoire de l’époque médiévale et de la Renaissance : blason du tétin, satire sur le mariage, balade sur les excréments... Mêlant le sacré et le profane de manière déroutante, la machinerie évocatrice de Muyte Maker interroge la logique du plaisir et renverse la lecture des corps. En perpétuelle métamorphose, les quatre figures féminines se laissent électriser par la joie d’être ensemble dans une polyphonie déréglée et transgressive dont la jubilation est pleinement communicative.
Production PLI. Coproduction Ramdam – un centre d’art – Lyon, CCN de Caen – Direction Alban Richard, Pact-Zollverein – Essen, Chorège – Relais Culturel du Pays de Falaise, L’Avant-scène – Cognac, La Place de la danse CDCN Toulouse, Le réseau des Petites Scènes Ouvertes, Festival Alkantara – Lisbonne. Mise à disposition de studio Les Éclats chorégraphiques – La Rochelle, Alkantara – Lisbonne, O espaço do Tempo – Montemor-o-novo (Portugal). Le projet Muyte Maker a reçu l’aide à la maquette et l’aide au projet de la Région Normandie, et l’aide au projet de la DRAC Normandie. La compagnie PLI est soutenue par la DRAC Normandie au titre de l’aide à la structuration et par la Région Normandie au titre du développement de son activité.
Flora Détraz compose avec Muyte Maker un hymne à la joie déroutant et allègre qui sème le trouble dans nos représentations du féminin. Ventriloque autodidacte formée par ses rencontres avec Meredith Monk, Meg Stuart, ou encore Marlene Freitas, elle développe son propre travail avec Peuplements (2013), Gesächt (2014) et le solo Tutuguri (2016), en jouant sur la distorsion entre le son et le geste. Dans Muyte Maker, la jeune chorégraphe trouve dans l’ambiguïté et les glissements qui s’opèrent entre la voix et le corps matière à décupler la force de résistance de l’allégresse. De la joie enfantine au rire grotesque, de la folle gaieté à la cacophonie grinçante, Flora Détraz démultiplie les possibles de la voix : chuchotement, bruitage, rire, chant. Espiègle et iconoclaste, elle place dans la bouche de charmantes jeunes filles les textes scabreux dont foisonne le répertoire de l’époque médiévale et de la Renaissance : blason du tétin, satire sur le mariage, balade sur les excréments... Mêlant le sacré et le profane de manière déroutante, la machinerie évocatrice de Muyte Maker interroge la logique du plaisir et renverse la lecture des corps. En perpétuelle métamorphose, les quatre figures féminines se laissent électriser par la joie d’être ensemble dans une polyphonie déréglée et transgressive dont la jubilation est pleinement communicative.
Création chorégraphique Flora Détraz / Avec les interprètes Mathilde Bonicel, Inês Campos, Flora Détraz et Agnès Potié / Création lumières Arthur Gueydan / Création sonore Guillaume Vesin / Scénographie et costumes Camille Lacroix / Collaboration artistique Anaïs Dumaine / Régie lumières Eduardo Abdala / Régie son Estelle Gotteland / Crédits photo Bruno Simao
Flora Détraz
Flora Détraz se forme en danse classique et suit des études littéraires (classes préparatoires et licence de lettres modernes) avant d’intégrer la formation du Centre Chorégraphique National de Rillieux-la-pape, dirigée par Maguy Marin.
Elle poursuit sa formation au sein du cycle de recherches chorégraphiques PEPCC, Forum Dança, à Lisbonne. Au cours de son parcours, elle a l’occasion de rencontrer, entre autres, Meredith Monk, Jonathan Burrows, Loïc Touzé, Meg Stuart, Vera Mantero, Diane Broman, qui influencent sa propre recherche.
Depuis 2013, elle crée des pièces chorégraphiques qui questionnent la relation entre la voix et le mouvement : Peuplements (2013), Gesächt (2014), Tutuguri (2016), Muyte Maker (2018).
Actuellement, elle est aussi interprète dans le spectacle Bacchantes, prélude pour une purge de Marlène Monteiro Freitas et assistante à la chorégraphie pour la pièce Anarchismos de Pablo Fidalgo.
Drôles de dames
Dans Muyte Maker, Flora Détraz met en scène un détonant quatuor féminin suspendu entre burlesque et tragique.
Après avoir effectué des études littéraires et s’être initié à la danse classique, Flora Détraz a suivi la formation professionnelle du Centre chorégraphique national (CCN) de Rillieux-la-Pape, alors dirigé par Maguy Marin, puis participé au programme de recherches chorégraphiques PEPCC du Forum Dantza, à Lisbonne. Au long de son parcours d’apprentissage, elle a croisé la route notamment de Meredith Monk, Meg Stuart, Vera Mantero, Loïc Touzé et Jonathan Burrows qui, à des degrés divers, ont tous influé sur sa propre pratique scénique. En tant qu’interprète, elle travaille avec plusieurs chorégraphes, en particulier Marlene Monteiro Freitas. On peut notamment la voir à l’œuvre dans le jubilatoire Bacchantes, prélude pour une purge, actuellement en tournée.
Depuis 2003, Flora Détraz conçoit parallèlement des pièces chorégraphiques dont la dynamique se fonde sur une exploration en profondeur des relations entre la voix et le mouvement. Succédant à Peuplements (2013), Gesächt (2014) et Tutuguri (2016), Muyte Maker (2018) est sa dernière création en date. Que serait la joie poussée dans ses retranchements ? Telle est la question, assez abyssale, qui sous-tend cette pièce très atypique, à forte résonance métaphysique, conçue et interprétée par Flora Détraz, avec les danseuses et musiciennes Mathilde Bonicel, Inès Campos et Agnès Potié. Ensemble, rivalisant d’agilité vocale et de souplesse corporelle, elles mettent en branle une partition chorégraphico-musicale impeccablement (dé)réglée, au long de laquelle les (con)torsions diverses se succèdent sur un fil ténu, entre burlesque et tragique. Vêtues de manière identique, les cheveux (fleuris) accrochés à un filin suspendu au-dessus de chacune d’entre elles, elles apparaissent d’abord sagement assises côte à côte derrière une longue table, puis, tels des automates en folie, se comportent de manière de plus en plus saugrenue. De ce dispositif subtilement implosif, résulte une sarabande tantôt hilarante, tantôt inquiétante, toujours hallucinante, semblant surgir d’un music-hall du troisième type.
Jérôme Provençal, Les Inrockuptibles, supplément 20e Biennale de danse du Val-de-Marne, 20018.