Fondée par Thierry Escarmant et implantée à Pau, la compagnie Écrire un Mouvement propose des créations pluridisciplinaires. Son Théâtre du Corps, fait de textes, de danses, d’images, de musique live, développe une écriture corporelle de la parole, physiquement très engagée, où s’entendent les timbres, les textures et les grains de la voix. En compagnie de la comédienne Fanny Avram, du danseur Victor Virnot et du guitariste Ryan Kernoa, le chorégraphe s’engage sur le plateau pour convoquer quelques fragments de vie, d’errances, d’accidents de parcours, de grands virages et d’anecdotes. Un voyage mnésique dans une logique d’association libre avec pour récurrence la notion de ruine. Témoin de notre présent, de ses chutes et de ses délabrements, la ruine s’énonce comme un véritable phénomène touristique, de Détroit au mur de Berlin, en passant par le site de Tchernobyl et ses visites avec compteur Geiger. Comme le suggère le titre « Ruin Porn Body », il y a quelque chose d’obscène dans cette fascination pour la ruine ou plus précisément dans sa marchandisation. L’interrogation aiguë de notre société et des images qu’elle produit passe ici par une déconstruction sensible des représentations. La réalité se fragmente en moments intenses qui la diffractent pour mettre en lumière les contractions mêmes de l’être humain : cruauté, violence, espoir, humour, empathie. Autant de reflets qui permettent de saisir le désarroi de notre temps ou de tenter de s’en extraire.
Co-production : OARA — Office Artistique de la Région Nouvelle Aquitaine | Scène Conventionnée Espaces Pluriels — Pau | Scène Nationale du Sud Aquitain — Bayonne | L’Avant-Scène — Scène Conventionnée de Cognac | La Mégisserie — Scène Conventionnée de Saint-Junien | CCN Malandain Ballet Biarritz | ADAMI | SPEDIDAM La Cie Écrire un Mouvement est soutenue par : la Ville de Pau, le Conseil Départemental des Pyrénées Atlantiques, le Conseil Régional de la Nouvelle Aquitaine, le Ministère de la Culture - DRAC Nouvelle Aquitaine.
Fondée par Thierry Escarmant et implantée à Pau, la compagnie Écrire un Mouvement propose des créations pluridisciplinaires. Son Théâtre du Corps, fait de textes, de danses, d’images, de musique live, développe une écriture corporelle de la parole, physiquement très engagée, où s’entendent les timbres, les textures et les grains de la voix. En compagnie de la comédienne Fanny Avram, du danseur Victor Virnot et du guitariste Ryan Kernoa, le chorégraphe s’engage sur le plateau pour convoquer quelques fragments de vie, d’errances, d’accidents de parcours, de grands virages et d’anecdotes. Un voyage mnésique dans une logique d’association libre avec pour récurrence la notion de ruine. Témoin de notre présent, de ses chutes et de ses délabrements, la ruine s’énonce comme un véritable phénomène touristique, de Détroit au mur de Berlin, en passant par le site de Tchernobyl et ses visites avec compteur Geiger. Comme le suggère le titre « Ruin Porn Body », il y a quelque chose d’obscène dans cette fascination pour la ruine ou plus précisément dans sa marchandisation. L’interrogation aiguë de notre société et des images qu’elle produit passe ici par une déconstruction sensible des représentations. La réalité se fragmente en moments intenses qui la diffractent pour mettre en lumière les contractions mêmes de l’être humain : cruauté, violence, espoir, humour, empathie. Autant de reflets qui permettent de saisir le désarroi de notre temps ou de tenter de s’en extraire.
Chorégraphe & Metteur en scène : Thierry Escarmant / Interprètes : Fanny Avram, Thierry Escarmant, Victor Virnot / Musicien & Compositeur : Ryan Kernoa / Avec la participation de : Stéphane Garin / Régisseur Général : Manuel Buttner / Dramaturge : Christelle Harbonn / Scénographe : Manuel Buttner / Éclairagiste : Ivan Mathis / Espace Sonore : Vanessa Court / Sonorisation : Vanessa Court en alternance avec Johann Loiseau / Soutien technique : Jérémy Pompey & Romain Colautti / Photos : Manuel Buttner
La compagnie
Bien qu’identifiée compagnie chorégraphique, Écrire un Mouvement propose des créations pluridisciplinaires, allant de la pièce dansée à la pièce de théâtre en passant par des petites formes et lectures musicales. Fondée en 1989 et implantée à Pau, Thierry Escarmant en est l’auteur associé. Il propose sous l’intitulé Un Théâtre du Corps une écriture scénique faite de textes, de danses, d’images et parfois de musique live, dont la composition et le maillage demeurent à la fois la clé esthétique et l’axe de sa démarche.
Dès le départ, ses recherches s’orientent sur la relation entre le texte et le corps. Il s’agit toujours d’une écriture corporelle de la langue, physiquement très engagée, où la production des sons est envisagée, au même titre que n’importe quelle autre partie du corps, en tant que partition chorégraphique. L’enjeu de son “Théâtre du corps” ne serait pas la clarté du message ou du récit, propre au théâtre d’expression, mais la recherche
d’un langage tapissé de peau, d’un texte où l’on puisse entendre les timbres, les textures et les grains de la voix au travers de l’engagement physique.
J’imagine cette création comme une sorte de Road Movie mnésique, un périple sur les routes du temps où les bornes kilométriques viendraient convoquer quelques fragments de vie, errances, accidents de parcours, grands virages et anecdotes. Une traversée via l’effeuillage d’une poignée de journées sans chronologie dont la logique serait celle de l’association libre avec une récurrence : la ruine.
La ruine contemporaine, symbole de notre temps, témoigne de notre présent, de ses chutes et de ses délabrements qu’ils soient politiques, sociaux, économiques ou écologiques. La ruine tout à la fois en tant que lieu qu’en tant que phénomène touristique, de Detroit aux États-unis à l’ile de Hashima au Japon, en passant par l’Europe avec son mur de Berlin ou ses visites avec compteur Geiger sur le site de Tchernobyl. Comme semble en attester le terme ‘‘Ruin Porn’’, il y aurait quelque chose d’obscène dans cette fascination pour les ruines ou plus précisément dans sa marchandisation. Pour Baudriard, ce qui serait ‘‘obscène’’ serait précisément ce qu’on ne représente plus. Ce glissement de l’ordre de la représentation à celui de la présentation, dans l’actualité, l’art ou le divertissement, sera l’une des clés de voûtes de cette création, questionnant notamment la délectation et le voyeurisme dans la représentation du désarroi.
Thierry Escarmant, novembre 2019.
Je me souviens d’Anne Cauquelin, historienne de l’art, dans son "l’art du lieu commun" qui me rassurait en écrivant : "Les états successifs de la réalisation sont les témoins d’une visée ou d’une direction dont on ne peut envisager la forme qu’une fois le processus achevé. Contrairement à l’idée reçue, l’intention n’est discernable, qu’a posteriori." Je me propose aujourd’hui de poser pour intention de "ne pas savoir", pour deux raisons : La première, c’est que pour la première fois, je pensais savoir... depuis maintenant plus de deux ans, je pensais que j’allais faire cette pièce sur la question des ruines, et plus particulièrement, celle des théâtres en ruine, et plus particulièrement sur ceux de la ville de Détroit, et plus particulièrement sur le tourisme né de ça, et plus particulièrement sur le voyeurisme sur lequel il se fonde, et plus particulièrement sur l’obscénité qu’il révèle, et plus singulièrement sur le corps du danseur butoh qui s’affirme en tant que théâtre, en tant que lieu, et plus singulièrement sur le corps vieillissant, et plus particulièrement sur le silence que tous ces lieux convoquent, dont celui de l’art... La seconde c’est, qu’aujourd’hui, ce silence m’a considérablement devancé et qu’il nous fait face en un présent dont on ne saurait encore dire s’il sera salvateur... Quoi qu’il en soit, il (me/nous) demande un certain recueillement, une certaine prise en considération... "Savoir" aujourd’hui, pour moi, s’apparenterait à un déni... Un déni de réel, un refus d’admettre... Une démission qui consisterait à faire comme si "de rien n’était"... ou comme si nous pouvions savoir... Je sais que je ne convierai personne à un dîner devant des assiettes vides et qu’il y aura donc repas... qu’il y aura partage... que l’échelle sera à échelle humain... j’entends par là modeste parce que cette belle incertitude appelle l’humilité et nous place au coeur de la fragilité. Elle nous rappelle que les corps, en ces instants, sont peut-être l’unique et le seul témoin possible de ce que nous éprouvons... et qu’il nous faudra donc plutôt danser que parler... danser pour en parler...
"Dansons, dansons, sinon nous sommes perdus" disait Pina…
Thierry Escarmant, juin 2020.