Le chorégraphe israélien Hillel Kogan et la danseuse Mijal Natan naviguent entre clichés et tradition flamenca dans un duo flamboyant et satirique qui brouille les identités. Une pièce drôle et subversive qui reconfigure brillamment la géographie des arts et de la pensée. Nourri au ballet classique, à la danse contemporaine aux côtés d’Ohad Naharin et désormais explorateur du flamenco, Hillel Kogan nous livre en mode stand-up une image grotesque de l’Espagne, amalgame grandiose et monstrueux de Picasso, de Carmen, de la corrida, des castagnettes, de la passion, du sexe, de l’Inquisition… Comme dans sa pièce précédente We love arabs, il se glisse dans la peau d’un personnage politiquement incorrect qui tour à tour parle, chante, séduit, danse et s’énerve. Entraînant dans ce chamboule-tout chorégraphique la danseuse Mijal Natan, artiste expérimentée et flamenca israélienne renommée, il nous propose une succession de tableaux hauts en couleurs, entrecoupés de prises de paroles, tantôt humoristiques, tantôt politiques. Car l’Espagne c’est aussi ça : la douleur de la guerre civile, du fascisme et du colonialisme. En un mot : Thisispain. Le flamenco, avec son exacerbation de la souffrance et des rôles genrés, sert ici de miroir grossissant. On applaudit à ce savoureux projet de déconstruction des normes autant qu’à la splendide performance chorégraphique.

Le chorégraphe israélien Hillel Kogan et la danseuse Mijal Natan naviguent entre clichés et tradition flamenca dans un duo flamboyant et satirique qui brouille les identités. Une pièce drôle et subversive qui reconfigure brillamment la géographie des arts et de la pensée. Nourri au ballet classique, à la danse contemporaine aux côtés d’Ohad Naharin et désormais explorateur du flamenco, Hillel Kogan nous livre en mode stand-up une image grotesque de l’Espagne, amalgame grandiose et monstrueux de Picasso, de Carmen, de la corrida, des castagnettes, de la passion, du sexe, de l’Inquisition… Comme dans sa pièce précédente We love arabs, il se glisse dans la peau d’un personnage politiquement incorrect qui tour à tour parle, chante, séduit, danse et s’énerve. Entraînant dans ce chamboule-tout chorégraphique la danseuse Mijal Natan, artiste expérimentée et flamenca israélienne renommée, il nous propose une succession de tableaux hauts en couleurs, entrecoupés de prises de paroles, tantôt humoristiques, tantôt politiques. Car l’Espagne c’est aussi ça : la douleur de la guerre civile, du fascisme et du colonialisme. En un mot : Thisispain. Le flamenco, avec son exacerbation de la souffrance et des rôles genrés, sert ici de miroir grossissant. On applaudit à ce savoureux projet de déconstruction des normes autant qu’à la splendide performance chorégraphique.
tous publics - tarif unique 25€, + 14€ pour le spectacle
Pour rencontrer les artistes, comprendre leur démarche de création, traverser de nouvelles expériences ou simplement passer un moment ensemble… rien de tel que de faire ! Tout au long de la saison, nous vous proposons d’expérimenter avec les artistes invités leur pratique de la danse et du théâtre. Ateliers, stages, échauffements collectifs, dj Sets ou bals : ces moments sont ouverts à tous, quel que soit votre niveau de pratique. Venez nous rejoindre !
Ce workshop animé par Hillel Kogan débute par une session de Gaga/people, une approche du mouvement développée par le chorégraphe Ohad Naharin. Accessible à tous dès 16 ans, sans prérequis en danse, le Gaga/people invite à explorer son corps à travers des consignes imagées et progressives. Chaque participant est encouragé à interpréter librement les propositions, dans une atmosphère bienveillante et stimulante avec pour objectif de se reconnecter à ses sensations, développer sa souplesse, sa conscience corporelle.
Dans un second temps, Hillel Kogan propose une exploration du mouvement comme outil d’expression et de réflexion à partir de l’improvisation. Les participants expérimenteront les méthodes utilisées dans son processus créatif, en jouant avec les conventions de la scène, du corps et de la parole. Ce travail ludique et engagé permet de questionner les normes artistiques et sociales à travers une pratique chorégraphique accessible et inventive.
Hillel Kogan
Le chorégraphe contemporain Hillel Kogan travaille au carrefour de la danse et du théâtre. Ses pièces combinent mouvement, texte et objets occasionnels au service dʼun langage visuel à plusieurs niveaux ; langage qui navigue intelligemment et avec fantaisie entre un commentaire subtil et plus explicite sur le monde de la danse, la culture populaire et la société contemporaine.
Les centres dʼintérêt de Hillel Kogan sont des "gens de la danse" reconnaissables, presque archétypiques : des chorégraphes contemporains qui se débattent avec le processus de création (WHAT NOW), des danseurs qui réfléchissent sur la danse (DANCER IS THE ANSWER), un danseur arabe qui incarne un « Autre » symbolique dans une pièce de danse « israélienne » (WE LOVE ARABS), ou encore une gracile ballerine qui travaille avec un chorégraphe masculin mature (THE SWAN AND THE PIMP). Ces “Everymen” (ou femmes) bougent et pensent au présent tout en faisant constamment face à leur héritage dansé et à diverses icônes culturelles – quʼil sʼagisse de musique jazz, de houmous, de lʼétoile de David ou de baguettes de pain. Ces objets, Hillel Kogan sʼen sert pour mettre à nu lʼidéologie dans lʼesthétique,pour faire reconnaître les hiérarchies dʼâge, de sexe et dʼethnicité qui existent – et finissent par dominer – dans les domaines de la danse et de la culture.
Ces systèmes de pouvoir sont utilisés – et abusés – dans les œuvres, pour être ensuite mieux déconstruits par des mécanismes théâtraux et littéraires, tels que lʼironie et la parodie, lʼaliénation et lʼintertextualité, et afin de remettre en question leur validité en tant que normes et critères pour la danse et la création, à lʼépoque actuelle.
Par conséquent, les œuvres de Hillel Kogan exposent la danse non seulement comme un langage artistique, mais aussi comme un lieu de construction de sens, de définition de catégories et dʼétablissement de normes, au sein duquel le corps dansant – toujours en conflit dʼune manière ou dʼune autre – soulève, en sa présence même, des réflexions sur ce qui est considéré comme propre, beau, cool, intéressant – dans la danse et la société. Cette forme unique de discours dansé que Hillel Kogan a développé incarne sa position autoréflexive, mieux décrite comme méta-danse : lʼexploration de codes artistiques identifiables, dʼimages visuelles ou de conventions théâtrales comme canal de contemplation critique sur le métier de chorégraphe, les nuances du processus créatif et la relation entre la performance et le spectateur – toujours basée sur des attentes traditionnelles, plus orthodoxes.
« Le performeur-chorégraphe israélien est polyglotte, mais il est aussi “polydanseur”. Nourri au ballet classique, chercheur contemporain et désormais explorateur du flamenco. Qui pourrait d’ailleurs soupçonner qu’il ne lui a guère fallu que dix-huit mois pour en intégrer les codes ? Chant profond et rauque compris ! Quand on est danseur, on peut apprendre toutes les langues du corps - ce dont il a fait une métaphore du métissage des identités. Voyageant de l’Espagne - où “mâle” se dit naturellement “macho” -, jusqu’à la France, avant de revenir en Israël, pays méditerranéen lui aussi, “mais toujours en guerre”. Sur scène, Kogan convoque une sacrée alliée, Mijal Nathan, danseuse de Tel-Aviv, qui a plongé très jeune dans le flamenco pour ne plus en ressortir. A deux, ils jouent à tout. A compter en rythme avec les pieds et les mains, pour se dire des choses profondes l’air de rien et sauter par-dessus la question des passeports. A remonter comme les saumons les filières nationales, mais pour mieux enjamber, grâce à la danse, les frontières. Ils dénouent les images toutes faites comme ils déconstruisent les codes du “flamenco puro”. Mais ils le dansent quand même… Hillel Kogan [...] performe la partition masculine avec une délicieuse grâce féminine, s’appropriant aussi les jeux de tête, de traîne et d’éventail de sa partenaire. Bel échange. »
Télérama, Emmanuelle Bouchez, 05/11/24
« Dans THISISPAIN, je suis un touriste issu de la danse contemporaine qui visite le monde du flamenco. Avec moi, Mijal Natan, une artiste israélienne de flamenco, prestigieuse et expérimentée. Pourquoi une Israélienne et le flamenco ? Qu’est-ce que vient faire Hillel Kogan, un chorégraphe israélien, avec le flamenco ?
L’Espagne c’est Picasso, la guitare classique, les corridas, Carmen, les éventails, les castagnettes, la tortilla, la passion, le sexe, les belles plages, Almodovar, Penelope Cruz, Julio Iglesias, Franco, Colomb, l’expulsion des juifs, les gitans, l’Inquisition, l’âge d’or, Don Quichotte, Dali, Goya, vin, pois noirs, rouges et blancs. L’Espagne est une image. L’Espagne est un code. Le flamenco est souvent l’art de la souffrance et de la douleur. Et alors, THISISPAIN.
L’art "occidental" flirte depuis des siècles avec le fantasme exotique espagnol. et le marque comme plein de passion, de noble sauvagerie, il en est sexy. Dans les ballets classiques, l’image emblématique de la danseuse espagnole (Carmen, Paquita, Silvia ) porte tous les signes codés et représentatifs qui entretiennent un dialogue musclé avec la sylphide et le cygne purs, pieux et asexués. Des personnages espagnols pleins d’entrain, ou alors des gitanes séduisantes aux seins nus peuplent la littérature, la peinture ainsi que l’opéra. Il est intéressant de noter que le personnage espagnol le plus célèbre, Carmen, chante "L’amour est un oiseau rebelle" en français.
THISISPAIN est structuré comme un spectacle de flamenco - l’œuvre se déplace entre les formes du genre, enchâssées dans un dialogue entre Mijal Natan et moi, sur des questions d’identité, de nationalité, de genre. Cependant, je n’aborde pas le flamenco seulement comme quelqu’un qui l’observe de l’extérieur mais aussi comme quelqu’un qui a décidé de le vivre de l’intérieur pendant un an, dans le processus de création. Mon point de vue est celui de quelqu’un qui est vraiment fasciné par le flamenco.
Le flamenco en Israël est une proposition étrange. Un drôle de cocktail. Je suis un danseur-touriste attiré par l’absurde et ma position est réflexive : je joue de la matière même du flamenco pour révéler les mécanismes de son activation et de sa représentation comme art, langage, institution, histoire, et surtout comme lieu de vie sociale, local mais aussi universel. Lieu de débat : qu’est-ce qu’un homme et qu’est-ce qu’une femme, qu’est-ce que l’espagnol, qu’est-ce qu’israélien, qu’est-ce que l’européanité, qu’est-ce que l’appropriation culturelle, qu’est-ce que l’identité nationale, qu’est-ce que le folklore et qu’est-ce que l’art. Tout cela en remettant en cause le concept d’identité en soi dans l’esprit de Judith Butler et de la queer théorie : l’identité n’est pas une essence mais plutôt une performance. Et moi, Hillel, je veux performer l’espagnol. »
Hillel Kogan