Ces deux soli puissants mettent en scène des figures masculines énigmatiques et plurielles. Identités multiples, geste politique, organicité ou abstraction façonnent cette incarnation radicale de l’Autre comme miroir de nos fantasmes.
Avec un goût prononcé pour le minimalisme, Pierre Pontvianne développe une écriture pétrie d’humanité, toujours en prise avec son époque. Avec Jimmy, le chorégraphe recentre son propos autour d’un seul interprète, l’extraordinaire Jazz Barbé, son collaborateur de longue date. Vêtu de noir, un bonnet bleu électrique cachant ses yeux, le danseur a l’art de se mouvoir au sol avec une aisance inouïe. Il assume en maître ce seul en scène tout en reptation virtuose et libère les imaginaires fantômes qui en émanent.
Dans sa troisième pièce, Comme un symbole, Alexandre Fandard, autodidacte passé par les danses urbaines comme le hip-hop et le krump, creuse le sillon d’une chorégraphie intimiste et éminemment politique. Sur le plateau, un homme seul, vêtu d’un blouson en nylon, se débat. Pieds vissés au sol, buste intensément vibrant, il est tour à tour barbare, racaille, terroriste potentiel ou éternel étranger. À travers la figure du « jeune de banlieue » souvent masculine, méprisée ou adulée, sacrifiée ou érotisée, le chorégraphe s’empare de nos mythologies urbaines pour mieux les déconstruire.

Ces deux soli puissants mettent en scène des figures masculines énigmatiques et plurielles. Identités multiples, geste politique, organicité ou abstraction façonnent cette incarnation radicale de l’Autre comme miroir de nos fantasmes.
Avec un goût prononcé pour le minimalisme, Pierre Pontvianne développe une écriture pétrie d’humanité, toujours en prise avec son époque. Avec Jimmy, le chorégraphe recentre son propos autour d’un seul interprète, l’extraordinaire Jazz Barbé, son collaborateur de longue date. Vêtu de noir, un bonnet bleu électrique cachant ses yeux, le danseur a l’art de se mouvoir au sol avec une aisance inouïe. Il assume en maître ce seul en scène tout en reptation virtuose et libère les imaginaires fantômes qui en émanent.
Dans sa troisième pièce, Comme un symbole, Alexandre Fandard, autodidacte passé par les danses urbaines comme le hip-hop et le krump, creuse le sillon d’une chorégraphie intimiste et éminemment politique. Sur le plateau, un homme seul, vêtu d’un blouson en nylon, se débat. Pieds vissés au sol, buste intensément vibrant, il est tour à tour barbare, racaille, terroriste potentiel ou éternel étranger. À travers la figure du « jeune de banlieue » souvent masculine, méprisée ou adulée, sacrifiée ou érotisée, le chorégraphe s’empare de nos mythologies urbaines pour mieux les déconstruire.
Pierre Pontvianne
Lauréat du prix de Lausanne (prix professionnel) en 1999, Pierre Pontvianne construit une carrière internationale au sein de compagnies prestigieuses et s’engage dans de multiples projets chorégraphiques sur la scène indépendante européenne. En 2004, il crée la compagnie PARC à Saint-Étienne.
Depuis 2012, ses créations sont régulièrement programmées dans des festivals de renom (Montpellier Danse, June Events à Paris, Les Brigittines à Bruxelles, Festival de Danse de Cannes, Antigel à Genève, Biennale de la danse de Lyon, Rencontres Chorégraphiques Internationales de Seine Saint-Denis ...) et sur des scènes incontournables de la danse contemporaine (Maison de la Danse de Lyon, Théâtre de la Ville de Paris, Comédie de Saint-Étienne - CDN, Le Manège à Reims ...).
Son travail est également intégré au répertoire de compagnies réputées telles que le Ballet de l’Opéra National de Lyon, Ballet BC à Vancouver et le Ballet Junior de Genève. Les œuvres de Pierre Pontvianne ont été présentées dans divers pays, notamment en France, Suisse, Pays-Bas, Belgique, Irlande, Espagne, Allemagne, Finlande, Hongrie et au Canada.
Depuis 2021, il est artiste associé à l’Atelier de Paris / CDCN, une résidence qui se prolonge jusqu’en 2024, et au Dôme théâtre d’Albertville en 2025/2026.
À propos de son approche chorégraphique, Pierre Pontvianne déclare : « Je ne cherche ni du sens, ni de l’étonnement, je cherche l’endroit de collision entre les deux. »
Alexandre Fandard
Né dans une banlieue périphérique de Paris, Alexandre Fandard est plasticien, danseur et chorégraphe autodidacte. Ses origines multiples l’amènent à penser et à travailler avec la pluralité. À travers ses œuvres picturales comme performatives et scéniques, il explore les questions d’identité, d’altérité, de mobilité, de mémoire, et se définit comme un plasticien des arts vivants.
Suite à une blessure qui l’immobilise durant un an, il se jette littéralement dans la peinture abstraite, comme pour canaliser ce désir de création. La toile devenant ainsi une nouvelle et seconde scène cathartique pour lui.
Artiste lauréat du Programme Culture de l’Union Européenne / Aerowaves 2022, artiste de LA COLLECTION 22/23 du Département Développement et Coopération Artistiques – Institut français, et sélectionné au Pôle performance de POUSH-Paris, il développe une écriture chorégraphique dramaturgique à la croisée de la danse, du théâtre et de la performance. Son esthétique « organique » s’appuie sur une pluridisciplinarité et une communication entre les arts et la matière afin de rendre compte de créations à la fois sensibles et picturales.
Ses performances et ses œuvres scéniques, comme Quelques-uns le demeurent en 2018, Très loin, à l’horizon en 2020, Comme un symbole en 2022, avec lesquelles il remporte quatre prix à l’international et sort lauréat du dispositif FoRTE 2018 / Île de France, sont présentées en France et à l’étranger notamment à l’Opéra Bastille, au 104, au Centre National de la Danse à Paris, Paris ART FAIR...
Le plasticien travaille actuellement à « ma chair-monde », une nouvelle série regroupant un ensemble d’œuvres protéiformes se déployant en 4 volets : les peintures Portrait anonyme et Paysage-monde, les sculptures La chute, et les tableaux- performances Sous la peau. L’artiste y explore les notions d’identité, de mémoire, de mobilité, de déracinement, de régénération.
« Après avoir créé à Montpellier danse l’an passé œ, pièce pour sept danseurs et danseuses, Pierre Pontvianne recentre son propos cérébral, conceptuel autant qu’organique, autour d’un seul interprète, l’extraordinaire Jazz Barbé. Présent dans plusieurs de ses œuvres, l’artiste, formé en danse contemporaine au Conservatoire national supérieur de Musique et de Danse de Lyon, a l’art de contorsionner son corps, de se mouvoir par terre avec une aisance infinie. Tout se passe au sol, ou presque. C’est là toute la particularité de ce solo. Vêtu de noir, un bonnet bleu électrique sur la tête cachant ses yeux, le danseur fait face au public, immobile. À peine un hochement de tête ou une flexion de jambes rappellent sa nature humaine.
Tout semble à l’arrêt. Seuls les crépitements qui s’intensifient au lointain donnent un peu de vie à l’ensemble. Des vrombissements se font entendre. Attraction terrestre : le corps choit. C’est dans le contact avec le plateau qu’enfin les bras, les jambes, les muscles s’animent. Se laissant traverser par les sons et les musiques imaginés par Pierre Pontvianne, Jazz Barbé habite l’espace ciselé par les lumières tantôt tamisées, tantôt crues de Victor Mandin. Accentuant son goût du minimalisme et de l’épure, l’écriture du chorégraphe se déploie à contre-courant du foisonnement de mouvements très présents aujourd’hui sur les plateaux. Sa grammaire, rampante, traînante, roulante, est magnifiée par la présence unique de son danseur. Elle agit comme une seconde peau. Malgré un tempo lent, un temps souvent suspendu, la magie de Jimmy opère imperceptiblement ! »
L’Oeil d’olivier, Olivier Frégaville-Gratian d’Amore, 23/05/25
« La tempête menace. La voix reste calme, le ton est pressant. Assis sur le bord de la scène, Alexandre Fandard distille des émotions paradoxales et fortes. Comme sa danse qui le transperce, douceur et tension semblent cousues à sa peau même, tel un tissu double-face miroitant. [...]
Alexandre Fandard se raconte sans fard. Il grandit à Dammarie-les-Lys (Seine-et-Marne), d’un père d’origine allemande et calédonienne, et d’une mère martiniquaise, travaillant tous les deux dans le domaine du soin. Les questions de l’identité, de l’altérité soutiennent son travail. « Si, par exemple, je suis dans la rue en jogging, et que mon père, qui est blanc, porte la même te nue, on ne le verra pas de la même façon que moi, vite catalogué "banlieue", poursuit-il, happé par son sujet. Parfois, même lorsque je vais au théâtre, je ressens ce phénomène. J’ai subi le racisme depuis mon enfance et dans le contexte des manifestations de décembre, je ne me sens pas toujours en sécurité. »
Autodidacte, toujours le pied sur l’embrayage pour changer de vitesse et de direction mais au plus près de son instinct, il a 17 ans lorsqu’il quitte sa famille pour vivre seul. Parti pour décrocher un CAP de mécanicien, il pratique parallèlement le hip-hop. Il a 18 ans lorsqu’il intègre, pour huit mois seulement, l’Académie internationale de la danse, à Paris, y découvre le classique, le contemporain, les claquettes et cachetonne pour la Star Ac de TF1.
Un an plus tard, il plaque tout et décide de devenir travailleur social auprès de handicapés. Il se consacre pendant trois ans à ce métier, puis intègre le collectif d’artistes La Main, basé dans les locaux de la boîte de nuit La Main jaune, porte de Champerret, à Paris (17). « Le lieu agrège plein de créateurs, de plein d’horizons différents. J’y ai rencontré la plupart de mes amis d’aujourd’hui, et cela m’a donné envie de chorégraphier. » Le hasard d’une petite annonce le fait basculer dans le réseau des productions internationales. Le voilà, en 2013, dans l’équipe du metteur en scène sud-africain Brett Bailey. Il tourne pendant trois ans dans la performance-installation Exhibit B, sur l’histoire coloniale. Au Centquatre, à Paris, le spectacle lève un vent de contestation dans certains groupes de la communauté noire, accusant Bailey de racisme. « Brett Bailey n’est pas raciste, dit Alexandre Fandard. Travailler avec lui m’a amené, en tant que personne métisse en France, à déconstruire la manière dont l’imaginaire de l’autre, et de la personne noire en particulier, s’est bâti. Au-delà de la couleur, Exhibit B a permis à tous d’aller vers une mémoire collective et non communautaire. »
Après cette expérience qui l’aide à comprendre son besoin d’un art politique, puis la rencontre avec Radhouane El Meddeb pour Heroes, prélude (2015), Alexandre Fandard passe à l’action en son nom. Entre la peinture, qu’il découvre en 2011 à la suite d’une blessure et après avoir vu un documentaire sur Jean-Michel Basquiat, et la danse, il puise sa matière spectaculaire frémissante sous influence « du noir de Pierre Soulages et des figures brouillées de Francis Bacon ». Sur ses toiles, à la densité picturale frappante, une silhouette centrale noire se détache « comme une plaie qui évolue avec le temps ». Celui « qui veut entrer dans la chair en dansant, la réalité de la chair, son désarroi, sa colère », a trouvé son équilibre entre « le coup de pinceau apaisant et l’écriture chorégraphique douloureuse mais cathartique ».
Le Monde, Rosita Boisseau, 11/01/21 (sur Alexandre Fandard)