Pour cette création très attendue au Festival d’Avignon 2024, Noé Soulier invite la claveciniste Maude Gratton et l’ensemble baroque il Convito, et explore la charge affective et émotionnelle du mouvement. Une danse polyphonique qui emprunte à Bach ses jeux de variations et son intensité expressive.
À la tête du CNDC d’Angers depuis 2020, le chorégraphe Noé Soulier se situe dans la lignée d’un Forsythe par son goût de l’analyse et de la perfection des formes aussi bien que dans l’héritage de la danse post-moderne. Ses créations, précises et organiques, puisent dans le concret du geste et de l’intention pour libérer le corps des interprètes. C’est la relation entre émotion et abstraction qui séduit Noé Soulier dans la musique de Bach, inégalable dans son inventivité mélodique et harmonique. Dans Close Up, les fugues et contrepoints interprétés en live par il Convito sont mis en tension au sein d’un espace commun avec l’action de six danseurs et danseuses à la technique impeccable. Une projection vidéo en révèle chaque détail, torsion du buste, inclinaison de la tête, position des doigts. Par la clarté du mouvement, les variations d’énergies et la subtilité de son écriture, Close Up nous rend visible l’expérience musicale de la polyphonie. On s’y aventure avec délice.
Création 2024 / Co-production Espaces Pluriels / Spectacle accueilli avec le soutien de l’OARA
Production CNDC Angers / Coproduction Il Convito, Théâtre de la Ville (Paris), Angers Nantes Opéra, Romaeuropa Festival, Espaces Pluriels Scène conventionnée danse (Pau), Theater Freiburg, Arsenal Cité musicale de Metz, Maison de la danse Pôle européen de création (Lyon), Théâtre Auditorium de Poitiers, Chaillot Théâtre national de la danse (Paris) / Avec le soutien de l’OARA (accueil en résidence) de la Villa Albertine et de Dance Reflections by Van Cleef & Arpels
Pour cette création très attendue au Festival d’Avignon 2024, Noé Soulier invite la claveciniste Maude Gratton et l’ensemble baroque il Convito, et explore la charge affective et émotionnelle du mouvement. Une danse polyphonique qui emprunte à Bach ses jeux de variations et son intensité expressive.
À la tête du CNDC d’Angers depuis 2020, le chorégraphe Noé Soulier se situe dans la lignée d’un Forsythe par son goût de l’analyse et de la perfection des formes aussi bien que dans l’héritage de la danse post-moderne. Ses créations, précises et organiques, puisent dans le concret du geste et de l’intention pour libérer le corps des interprètes. C’est la relation entre émotion et abstraction qui séduit Noé Soulier dans la musique de Bach, inégalable dans son inventivité mélodique et harmonique. Dans Close Up, les fugues et contrepoints interprétés en live par il Convito sont mis en tension au sein d’un espace commun avec l’action de six danseurs et danseuses à la technique impeccable. Une projection vidéo en révèle chaque détail, torsion du buste, inclinaison de la tête, position des doigts. Par la clarté du mouvement, les variations d’énergies et la subtilité de son écriture, Close Up nous rend visible l’expérience musicale de la polyphonie. On s’y aventure avec délice.
Conception, chorégraphie Noé Soulier / Création, danse Julie Charbonnier, Nangaline Gomis, Yumiko Funaya, Samuel Planas, Melisande Tonolo, Gal Zusmanovich / Musique Jean-Sébastien Bach / Interprétation musicale Ensemble il Convito / Direction, clavecin Maude Gratton / Traverso Amélie Michel / Violon Sophie Gent ou Christine Busch (en alternance) / Viole de gambe Claire Gratton / Violoncelle Ageet Zweistra ou Keiko Gomi / ScenographieNoé Soulier, Kelig le Bars et Pierre Martin Oriol / Assistante Stephanie Amurao / Dispositif vidéo Noé Soulier et Pierre Martin Oriol / Création lumière Kelig Le Bars / Responsable de production et diffusion Céline Chouffot / Chargée de production Adèle Thebault / Crédit photo Alexandre Guirkinger & Matthieu Vouzelaud (Faits et gestes)
Tous publics - Tarif plein 60€, réduit 35€ + 15€ pour le spectacle
Venez expérimenter l’univers chorégraphique du chorégraphe Noé Soulier par des séries d’improvisations dirigées, en compagnie de Julie Charbonnier, interprète de Close Up. Éviter quelqu’un, lancer des parties de son corps, attraper, s’élancer vers des mouvements qui ne viendront jamais… Les participant·e·s exploreront ces instructions pour saisir les qualités de mouvements produites par des actions pratiques. Évitant l’illustration, le geste dansé offre une pluralité de lecture et d’associations.
Noé Soulier
Né à Paris en 1987, Noé Soulier a étudié la danse au CNSMD de Paris, à l’École Nationale de Ballet du Canada ainsi qu’à P.A.R.T.S. Il a également obtenu un master en philosophie à l’Université de la Sorbonne (Paris IV) et participé au programme de résidence du Palais de Tokyo, Le Pavillon. En 2010, il est lauréat du premier prix du concours Danse Élargie, organisé par le Théâtre de la Ville et le Musée de la Danse. De 2015 à 2019, il est artiste en résidence au Centre National de la Danse à Pantin.
Le travail de Noé Soulier explore la chorégraphie et la danse à travers des dispositifs multiples incluant la scène, l’espace du musée et la réflexion théorique. Il développe ainsi une pratique à la fois conceptuelle et profondément ancrée dans le mouvement. Ses pièces chorégraphiques, Faits et gestes (2016), Les Vagues (2018) ou First Memory (2022), tentent d’activer la mémoire corporelle des spectateur·ices grâce à des mouvements qui visent des objets ou des évènements absents, et suggèrent ainsi plus qu’ils ne montrent.
Le film Fragments (2022) poursuit cette recherche sur la dimension fragmentaire de l’expérience du corps en la confrontant au cadre de la caméra. L’exposition chorégraphiée Performing Art (2017), créée au Centre Pompidou puis au MUCEM, renverse la position habituelle de la danse dans le musée en déplaçant l’exposition sur scène, transformant les accrocheurs en performeurs et l’installation des collections en chorégraphie.
Dans des projets comme le livre Actions, mouvements et gestes (2016) et la performance Mouvement sur mouvement (2013), il analyse différentes manières de concevoir le mouvement qui visent à démultiplier l’expérience du corps.
Parallèlement, il chorégraphie des pièces pour le Ballet du Rhin (D’un pays lointain, 2011), le Ballet de Lorraine (Corps de ballet, 2014), L.A. Dance Project (Second Quartet, 2017), le Ballet de l’Opéra de Lyon (Self Duet, 2021), le Nederlands Dans Theater (About Now, 2023) et la Trisha Brown Dance Company (2023).
Depuis juillet 2020, il dirige le Cndc – Angers (Centre national de danse contemporaine), une institution unique dans le champ chorégraphique qui réunit un centre de création chorégraphique, une école supérieure de danse contemporaine et une programmation danse.
il Convito
Fondé en 2015 sur des bases chambristes autour du clavecin, du pianoforte ou de l’orgue de Maude Gratton, l’ensemble et orchestre il Convito est un espace de création portant des projets artistiques forts et choisis interrogeant la rencontre entre Musique, Arts et Histoire. La diversité des claviers anciens est le cœur et le fil rouge de différents chapitres révélant une architecture intérieure autour et sur les pas de Johann Sebastian Bach. L’ensemble explore sur instruments historiques le répertoire baroque puis les courants artistiques s’entremêlant à une période charnière de cohabitation entre Lumières et préromantisme, jusqu’à la filiation menant au cœur du XIXe siècle.
il Convito chemine sur une voie singulière et engagée, dessinant une histoire partagée à l’écoute du geste. Des projets travaillant la subtilité du croisement entre les différentes matières et écritures (danse, arts du cirque, arts visuels...) naissent chaque année, et il Convito s’engage régulièrement auprès des compositeur·ices d’aujourd’hui. il Convito s’appuie sur une équipe de solistes d’envergure internationale et multiplie les collaborations artistiques fortes comme avec Les Basses Réunies (dir. Bruno Cocset), le claveciniste Pierre Hantaï, le violoncelliste Christophe Coin, l’historienne de l’Art Anne Delage, le compositeur Nicolas Frize, l’ensemble TM+ (dir. Laurent Cuniot). Des projets sont en cours de développement avec le chorégraphe Noé Soulier et la photographe Aurélia Frey. il Convito s’investit dans la transmission et le partage : ensemble fondateur en 2017 du MM Festival, festival de Musique en Mouvement à La Rochelle, l’ensemble mène un important travail sur son territoire d’implantation en Région Nouvelle-Aquitaine, crée en 2021 la Saison du MM puis l’Orchestre du MM en 2022.
Le 1er disque d’il Convito paru chez Mirare et consacré aux concertos pour clavecin de Wilhelm Friedemann Bach a été nominé à la Shortlist Gramophone Awards 2016. Le 1er disque en orchestre est en cours de parution, il sera consacré aux doubles concertos pour clavecin(s) et pianoforte de Carl Philipp Emanuel & Wilhelm Friedemann Bach avec comme invité le réputé claveciniste Pierre Hantaï.
il Convito est soutenu par la DRAC Nouvelle-Aquitaine, la Région Nouvelle Aquitaine, la Ville de La Rochelle, le département Charente-Maritime, l’OARA (Office Artistique Région Nouvelle-Aquitaine), l’ADAMI, la Spedidam et le CNM. il Convito reçoit le soutien de la Caisse des Dépôts, mécène principal de l’ensemble et de la MAIF pour ses actions de médiation envers le jeune public. La Banque de France est grand mécène de l’ensemble et orchestre il Convito.
Le Monde, Rosita Boisseau, 18/07/24
Close Up, titre de la nouvelle pièce pour six interprètes du chorégraphe Noé Soulier, directeur du Centre national de danse contemporaine d’Angers depuis 2020, invité pour la première fois au Festival d’Avignon, touche à différents domaines. Si le verbe anglais signifie « fermer, se refermer », le terme « close up » évoque, dans l’art de la magie, un magicien qui exécute des tours de cartes à une très courte distance des gens pour mieux les bluffer. En photo et en cinéma, il fait référence à un type de cadrage serré, qui parie sur le zoom pour mieux donner l’illusion de pénétrer dans la matière.
Avec cet indice gros comme une maison, une opération de resserrage du propos finit effectivement par arriver au milieu du spectacle créé le 15 juillet, devant un public enthousiaste, à l’Opéra Grand Avignon. Changement de focale, une longue séquence se déploie en fond de scène devant une caméra posée sur pied qui ne bougera pas de son socle. Les interprètes se glissent dans un espace circonscrit par un panneau blanc, comme pour une prise de vues dans un studio de photo. Ils y passent et repassent, livrant des images fragmentées de leurs évolutions projetées sur un grand écran. Ils choisissent d’y inscrire telle ou telle partie de leur corps en mouvement.
Cette écriture cinématographique en direct de la danse, qui flirte parfois avec l’imagerie mode, pas loin de la pub pour des jeans, permet néanmoins d’avoir la sensation de presque toucher le muscle lié au geste, tout en ayant la possibilité de considérer l’ensemble de l’interprète lancé dans son enchainement de pas.
Macro-micro, avant-arrière, ce jeu de plans est l’un des attraits ludiques de Close Up, où la gestuelle segmentée et physique, quasi athlétique, devenue la signature de Noé Soulier, éclate. Depuis les pièces Removing (2015) ou Les Vagues (2018), sou influence notamment de la danse classique, qu’il a pratiquée et décortiquée, ainsi que du sport qui offre selon lui « un répertoire de gestes d’une richesse extraordinaire », il a mis au point une partition à partir de verbes d’action. Il creuse ici de nouveau autour de « frapper », « éviter », « lancer ».. Tout en détentes sans cesse bloquées, la danse se déplie en lignes brisées : un interprète shoot dans un ballon (invisible), bifurque dans un lancer de javelot (inexistant), puis s’étire dans un immense plié au ras du sol.
Note d’intention
Dans cette nouvelle création, j’aimerais explorer l’improvisation en temps réel. En effet, la reconstruction permet de sélectionner les moments les plus intéressants, mais elle ne peut pas recréer l’urgence et l’imprévisibilité des transitions présente dans l’improvisation d’origine. Le vocabulaire chorégraphique que je tente de développer n’est pas purement abstrait. Il s’appuie sur des actions pratiques détournées de leur but d’origine comme attraper, éviter, frapper ou lancer. La reconnaissance de ces actions est rendue impossible par de nombreuses distorsions : absence des objets visés, parties du corps inadaptées, combinaisons de direction inorganiques… Ces actions détournées portent une charge affective et émotionnelle que n’ont pas des mouvements purement formels, mais elles ne forment pas une chorégraphie narrative. Elles créent une forme d’expressivité non narrative. C’est précisément cette strate d’expressivité, qui se situe entre le mouvement formel et la fiction narrative, que je souhaite explorer. Celle-ci rejoint la collaboration musicale au cœur de la pièce.
Les pièces contrapuntiques de Johann Sebastian Bach appartenant à l’Art de la fugue et à l’Offrande musicale ainsi que des mouvements de sonates marqués par leur inventivité mélodique et harmonique. Les pièces contrapuntiques de Bach ne sont pas construites sur un modèle de développement narratif comme peuvent l’être de nombreuses sonates, concertos ou symphonies du répertoire classique et romantique. Mais, si elles se concentrent sur une construction polyphonique extrêmement abstraite, les matériaux thématiques qu’elles utilisent sont extrêmement expressifs. Je souhaite explorer la même tension entre matériaux chargés affectivement et construction polyphonique. Elle me semble permettre de saisir une dimension cruciale de notre expérience intime. Celle-ci ne connait jamais la simplicité et la linéarité d’un schéma narratif. Au contraire, nos expériences les plus intenses comme les plus infimes sont complexes et polyphoniques. C’est cette dimension non linéaire de notre expérience affective que je souhaite sonder.
Cette nouvelle création prolonge également sur scène la recherche menée dans le film de danse Fragments avec l’utilisation de la vidéo en temps réel. Dans Fragments, j’ai positionné un cadre physique entre la caméra et les danseur·euses pour renverser le rapport entre la chorégraphie et sa captation. Ce cadre, qui ne capturait que le centre du corps des danseur·euses, correspondait exactement à l’espace enregistré par la caméra et nous a permis de véritablement chorégraphier pour l’espace spécifique de la caméra au lieu de trouver des manières de filmer des phrases de mouvement préexistantes. Nous avons ainsi pu créer un microcosme chorégraphique où chaque détail — torsion du buste, inclinaison de la tête, position des doigts — prend une importance considérable.
Noé Soulier