Note d’intention

Bezperan est le fruit de longues réflexions entre le metteur en scène Daniel San Pedro de la compagnie des petits champs et les interprètes du collectif Bilaka.

L’univers de Bilaka est pluridisciplinaire, fondé sur l’activation contemporaine des pratiques dansées et musicales du Pays-Basque. Sensibles aux similitudes partagées avec la démarche artistique de Daniel San Pedro, et animés par la curiosité de visiter d’autres formes, de donner à cette création une approche théâtrale et ainsi de renforcer le travail d’interprétation ; l’envie de travailler ensemble est donc rapidement apparue comme une évidence. De même, la proximité entre les danseurs et les musiciens, au nombre de quatre au plateau, se fera dès le processus de création. Cette cohabitation que l’on retrouve également dans les autres pièces du collectif Bilaka est une caractéristique des cultures traditionnelles. L’instrumentarium sera composé d’instruments organiques (violons, accordéons, ...) comme d’instruments électro-acoustiques (guitares, nord, ...), dont les sonorités seront déviées et parfois sublimées. Tout cela sous une armature de percussions pour une création musicale inédite et sans concession. Bezperan nous offre la possibilité de voyager à travers la danse, la musique, le chant, la poésie et le théâtre. De raconter autrement une histoire. L’histoire de ces femmes et de ces hommes qui un soir d’hiver, sous la neige, sous le silence assourdissant de la vie qui n’est plus, vont parler aux abeilles, vont implorer la terre pour faire arriver le printemps.

La nature annonciatrice de printemps, les rites carnavalesques sont apparus comme source d’inspiration infinie, permettant sans cesse d’interroger les horizons. La chorégraphie, écrite à plusieurs mains par les danseurs du collectif, a pour ambition de s’imaginer pour huit interprètes, du fait que beaucoup des pratiques rituelles et dansées du Pays Basque, véritable terreau de recherches et d’expérimentations, soient pensées pour huit danseurs. Cela permet ainsi au Collectif de se risquer au prolongement de nouvelles danses du répertoire traditionnel. La musique de Bezperan, à la veille du printemps sera à l’image des sonorités que l’on retrouve lors de la période carnavalesque au Pays Basque : un contraste entre des musiques percussives et engagées appelant à un réveil imminent d’une part, et un environnement musical secret et silencieux, qui laisse place à une lente découverte du paysage, d’autre part. Cette thématique universelle ouvrira les portes des possibles à l’infini tant elle a été évocatrice et source d’inspiration pour de nombreux compositeurs. La recherche de déviation des instruments que l’on retrouve notamment dans le processus de création du Sacre du printemps d’Igor Stravinsky sera une étape importante pour se redécouvrir différemment dans l’écriture. L’instrumentarium des musiques jouées par quatre musiciens au plateau sera composé d’instruments acoustiques de répertoires traditionnels comme l’accordéon, le violon ou les percussions, accompagnateurs fidèles des danseurs lors des rites. Mais une projection à partir de ces instruments organiques tendra vers des sonorités électroniques et actuelles avec le soutien de claviers et guitares déconstruites.