Jean-François Sivadier s’inspire de la figure du génial Glenn Gould pour emporter le destin de trois pianistes dans une bourrasque d’amitié et de musique. Au rythme de Chopin, Beethoven ou encore Schubert, ils se livrent avec une passion et une sincérité qui nous captivent.
Du festival d’Avignon à l’Opéra de Lille, le metteur en scène et auteur Jean-François Sivadier apporte sa virtuosité et sa maîtrise du plateau dans la création de nombreux opéras et pièces classiques. Sentinelles, son nouvel opus s’inspire de la jeunesse du pianiste Glenn Gould dans un brillant hommage à la musique. Trois pianistes, Raphaël, Swan et Mathis, se tournent vers leur passé : leurs études, leur inséparable trio, et surtout le point de bascule où le génie éclot chez Mathis, au risque de tout changer. Les trois amis se contredisent, se disputent, se déchirent avec amour et tendresse. Sentinelles saisit la réalité de l’artiste et sa sensibilité, ses doutes, ses peurs... mais aussi l’amitié et l’équilibre délicat, infiniment puissant, qui lie ces trois hommes. En orchestrateur aguerri, Jean-François Sivadier alterne dialogues rythmés et partitions chorégraphiées pour célébrer la musique, mais aussi le théâtre, comme une ode à l’art lui-même.
Production déléguée MC93 – Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis / Coproduction Compagnie Italienne avec Orchestre, Théâtre du Gymnase-Bernardines – Marseille, Théâtre National Populaire de Villeurbanne, Théâtre-Sénart – Scène nationale, Le Bateau Feu – Scène nationale de Dunkerque, CCAM – Scène nationale de Vandoeuvre-lès-Nancy / Avec le soutien de La Colline – Théâtre national, du ministère de la Culture / Sentinelles de Jean-François Sivadier est publié aux Solitaires Intempestifs (2021).
Jean-François Sivadier s’inspire de la figure du génial Glenn Gould pour emporter le destin de trois pianistes dans une bourrasque d’amitié et de musique. Au rythme de Chopin, Beethoven ou encore Schubert, ils se livrent avec une passion et une sincérité qui nous captivent.
Du festival d’Avignon à l’Opéra de Lille, le metteur en scène et auteur Jean-François Sivadier apporte sa virtuosité et sa maîtrise du plateau dans la création de nombreux opéras et pièces classiques. Sentinelles, son nouvel opus s’inspire de la jeunesse du pianiste Glenn Gould dans un brillant hommage à la musique. Trois pianistes, Raphaël, Swan et Mathis, se tournent vers leur passé : leurs études, leur inséparable trio, et surtout le point de bascule où le génie éclot chez Mathis, au risque de tout changer. Les trois amis se contredisent, se disputent, se déchirent avec amour et tendresse. Sentinelles saisit la réalité de l’artiste et sa sensibilité, ses doutes, ses peurs... mais aussi l’amitié et l’équilibre délicat, infiniment puissant, qui lie ces trois hommes. En orchestrateur aguerri, Jean-François Sivadier alterne dialogues rythmés et partitions chorégraphiées pour célébrer la musique, mais aussi le théâtre, comme une ode à l’art lui-même.
Texte, mise en scène et scénographie Jean-François Sivadier / Distribution Vincent Guédon, Julien Romelard, Samy Zerrouki / Collaboration artistique Rachid Zanouda / Son Jean-Louis Imbert / Lumières Jean-Jacques Beaudouin / Costumes Virginie Gervaise / Regard chorégraphique Johanne Saunier / Régie générale Marion Le Roy / Régie son et vidéo Elric Pouilly / Régie lumière Chloé Biet / Crédit photo Jean Louis Fernandez
Jean-François Sivadier
Après son passage au Centre Théâtral du Maine où il travaille avec André Cellier et Didier-Georges Gabily, Jean-François Sivadier intègre l’École du Théâtre National de Strasbourg. Il en sort en 1986 et joue sous la direction de Didier-Georges Gabily, Alain Françon, Laurent Pelly, Stanislas Nordey, Jacques Lassalle, Daniel Mesguisch, Christian Rist, Dominique Pitoiset, Serge Tranvouez, Yann-Joël Collin.
En 1996, il écrit, met en scène et interprète Italienne avec orchestre à la MC2 : Grenoble puis termine la mise en scène du diptyque de Molière Dom Juan / Chimère de Didier-Georges Gabily, suite au décès de ce dernier. Artiste associé au Théâtre National de Bretagne dès 2000, il y porte à la scène de nouvelles versions de ses pièces Italienne avec orchestre (2003), renommée Italienne scène et orchestre – qui obtient le Grand Prix du Syndicat de la critique – et Noli me tangere (2011), créée à l’origine en 1998 pour le Festival Mettre en scène. Parmi les autres mises en scène réalisées pour le Théâtre National de Bretagne, Le Mariage de Figaro de Beaumarchais (2000), La Mort de Danton de Büchner (2005) – pour lequel il obtient un Molière, La Dame de chez Maxim de Feydeau (2009), Le Misanthrope (2015) et Dom Juan de Molière (2016). En 2019, il crée Un ennemi du peuple d’Henrik Ibsen, présenté à l’Odéon - Théâtre de l’Europe. Toutes ces productions bénéficient de tournées nationales et internationales. En 2022, il crée Othello de Shakespeare au Quai à Angers.
Habitué du Festival d’Avignon, Jean-François Sivadier y présente entre autres La Vie de Galilée de Brecht, Le Roi Lear de Shakespeare (2007) mais aussi Partage de midi de Claudel (2008).
Depuis 2004, il travaille régulièrement avec l’Opéra de Lille, où il met en scène Madame Butterfly (2004), Wozzeck (2007), Les Noces de Figaro (2008), Carmen (2010), Le Couronnement de Poppée (2012) et Le Barbier de Séville (2013). Au Festival d’Aix-en-Provence, il met en scène en 2011 Traviata (qui entre au répertoire du Staatsoper de Vienne) et en 2017 Don Giovanni. En 2021, il crée Carmen à l’Opéra National du Rhin à Strasbourg
Télérama , Emmanuelle Bouchez
Relisant Thomas Bernhard, Jean-François Sivadier s’intéresse à la figure du pianiste Glenn Gould et à deux de ses brillants contemporains. Vertigineux.
L‘auteur-metteur en scène Jean-François Sivadier accomplit un grand voyage aux racines de l’art. Non pas du sien : au théâtre, il a préféré s’intéresser à la vocation des pianistes. Depuis Italienne, scène et orchestre en 2003, où il était question d’une répétition de La Traviata de Verdi, il a prouvé son extrême sensibilité musicale. Celle-ci s’avère plus profonde encore aujourd’hui avec Sentinelles, d’autant qu’elle se conjugue à merveille avec son approche si vivante de la scène.
Tout commence par la rencontre entre un grand interprète et le directeur d’une école de musique, dans un amphi bondé d’étudiants. Ces deux-là ont autrefois partagé la même passion pianistique et l’on remonte le temps jusqu’à leur jeunesse… Ils étaient alors trois amis fascinés par le même maître — Mathis, déjà un génie en puissance, croisant le fer artistique avec Raphaël, le futur pédagogue, et Swan, qui s’évanouira plus tard dans la nature.
En s’inspirant du Naufragé, récit publié en 1983 par le dramaturge autrichien Thomas Bernhard autour de son contemporain Glenn Gould (1932-1982) — immense soliste ayant renoncé à la scène à 32 ans pour ne pas « se compromettre » —, Sivadier a creusé le profil des trois personnages en puisant dans les nombreux documentaires laissés par le virtuose qui préférait Bach et les baroques à Mozart, selon lui trop « sucré ». L’issue est moins désespérée que celle décrite par Bernhard, même si les rivalités entre artistes sont ici tout aussi radicales et tourmentées : l’art doit-il célébrer la joie, changer le monde ou se suffire à lui-même ? Portée par trois solides acteurs (dont Vincent Guédon dans la peau de Gould), cette controverse est d’emblée crédible et saisissante. Une grande toile au sol, d’abord foulée par les batailles du trio, figurera, une fois tirée vers le haut, le mur-obstacle du prestigieux concours international où les trois amis s’affrontent. Un moment de suspense vertigineux aiguisé par la danse appelée à la rescousse pour symboliser l’interprétation musicale. Au fil d’extraits de Bach, Chopin, Chostakovitch ou Rachmaninov, la métaphore opère avec force tant les acteurs assument leurs partitions chorégraphiques avec musicalité. Une belle traversée.
La Croix, Marie-Valentine Chaudon
Pour écrire Sentinelles, Jean-François Sivadier s’est inspiré du Naufragé de Thomas Bernhard, qui raconte l’amitié entre trois virtuoses du piano, dont un génie : Glenn Gould dans le roman de Bernhard devenu Mathis dans la pièce de Sivadier. « Nous jouons du piano. Mathis fait autre chose », dit Raphaël en regardant Swan.
Sous la plume alerte de Sivadier, affûtée à l’épreuve du plateau, se dessine un passionnant triangle. En un peu plus de deux heures d’une intensité hors norme, il condense quelques années d’un compagnonnage décisif. Ce récit au souffle romanesque inouï happe le public sans artifice ni intermédiaire, ni même celui de l’objet piano, pourtant au cœur du sujet. Sur la scène nue, à l’exception d’une toile, trois chaises et une table pliante, seuls agit le pouvoir infini du verbe et son incarnation radicale par les éblouissants Vincent Guédon (Mathis), Julien Romelard (Raphaël) et Samy Zerrouki (Swan). Seul face à son instrument, chaque personnage trouve dans l’amitié des deux autres un refuge apparemment indestructible. Survivra-t-il à la révélation du génie ? Plane aussi l’ombre de Sarah Stensen, concertiste de renom, mentor de Swan, et mère de Mathis qui ne supporta pas de voir en son fils celui qui allait l’éclipser. Reliés par cette figure tutélaire, les deux jeunes gens semblent les deux pôles d’une même force d’abstraction, la musique. Le premier cherche la beauté, la transcendance et la communion avec le public, tandis que le second mène une quête inflexible vers les abysses d’un art sans concession, se méfiant du « désir de plaire. Ce désir diabolique, qui fait de nous des mendiants ». Entre les deux, Raphaël rêve d’une musique politique et fédératrice, et entraîne le public dans ses doutes d’interprète. La salle tout entière vibre avec lui dans les affres où le précipite, en se refusant à lui, une partition de Chostakovitch.
On se prend à aimer ces trois amis si attachants, sans jamais se lasser de leurs affrontements pleins de tendresse. « Je t’engueule parce que je t’aime », dit Mathis à Swan, avant de le faire fulminer par une ultime provocation : « Mozart est mort trop tard ! » Leurs joutes savoureuses, où l’un ne jure que par le compositeur de La Flûte enchantée et l’autre par le scandaleux Stravinski ou le sombre Berg, évitent l’écueil du débat d’initiés. Elles ouvrent de captivants champs de réflexion où s’esquissent en filigrane des questions essentielles autour du théâtre et plus largement de la place de chacun en ce monde. Les échos sensibles de cette saga se diffractent au fil d’une pièce composée en crescendo jusqu’au point d’orgue du concours Tchaïkovski, qui scellera le destin de leur amitié. Quelle énergie, quel souffle ! Jusqu’aux ultimes minutes du spectacle, d’une grâce sublime et irréelle, étourdissante, un ballet fascinant où les comédiens donnent littéralement à voir la musique, le corps pour seul instrument. Des images qui, sitôt évaporées, nous laissent déjà nostalgiques de leur beauté brute et implacable.