Joël Pommerat, auteur et metteur en scène phare de la scène française et internationale, nous livre une formidable réécriture du Marius de Marcel Pagnol, issue d’un travail théâtral mené à la Maison Centrale d’Arles. Une traversée remarquable d’un monument de la culture française.
Comme chez Pagnol, la pièce raconte l’histoire d’un homme tiraillé entre son devoir de fils, son amour pour une femme et un profond désir d’évasion. Un Marius bien ancré dans le monde contemporain affrontant un Panisse businessman, propriétaire de magasins de scooters sur le Vieux Port de Marseille. Au drame de Pagnol revisité et campé dans le décor d’une boulangerie-salon de thé au réalisme cinématographique, ce Marius confère une résonance à la fois intemporelle et très actuelle, qui pose la question de l’importance accordée à la réussite sociale. L’humour y affleure sans cesse, notamment dans le passage obligé de la partie de cartes qui tourne à la querelle. Joël Pommerat nourrit ses pièces des recherches et improvisations menées au plateau avec les comédiens. Il en va de même pour ce Marius élaboré en 2017 avec des interprètes dont certains ont découvert le théâtre en milieu carcéral et ont depuis rejoint la Compagnie Louis Brouillard. Le résultat est une œuvre d’une rare justesse artistique et humaine.
Dans le cadre de la saison du Parvis scène nationale Tarbes Pyrénées
Production Compagnie Louis Brouillard / Coproduction La MC93 – maison de la culture de Seine-Saint-Denis à Bobigny, La Coursive – Scène nationale de La Rochelle, Le Festival d’Automne à Paris, le Théâtre de Brétigny- sur-Orge, Points-Communs – Nouvelle scène nationale de Cergy-Pontoise et du Val d’Oise, le Printemps des Comédiens / Avec le soutien du Théâtre de l’Agora – Scène nationale de l’Essonne / Ce spectacle n’aurait pas vu le jour sans le soutien logistique, financier et moral de ses partenaires précieux qui ont permis les restitutions publiques en 2017 au sein de la Maison Centrale d’Arles malgré toutes les difficultés à surmonter : La Maison Centrale d’Arles, La compagnie Les Hommes Approximatifs, Le Théâtre d’Arles – scène conventionnée art et création – nouvelles écritures, La Garance – Scène nationale de Cavaillon, Jean-Michel Grémillet, Le SPIP 13, La Direction Interrégionale des Services Pénitentiaires PACA, La Direction et les personnels de la Maison Centrale, L’Équinoxe – Scène nationale de Châteauroux, Le Printemps des Comédiens, La MC93 – Bobigny, Le CNCDC de Châteauvallon – Scène nationale, La Coursive – Scène nationale de La Rochelle, Le Théâtre Olympia – Centre dramatique national de Tours, Le Merlan – Scène nationale de Marseille, La Criée – Théâtre National de Marseille, Le Théâtre de la Porte- Saint-Martin / Ce projet a été rendu possible grâce au soutien de la Fondation d’entreprise Hermès, la Fondation Ecart Pomaret.
Joël Pommerat, auteur et metteur en scène phare de la scène française et internationale, nous livre une formidable réécriture du Marius de Marcel Pagnol, issue d’un travail théâtral mené à la Maison Centrale d’Arles. Une traversée remarquable d’un monument de la culture française.
Comme chez Pagnol, la pièce raconte l’histoire d’un homme tiraillé entre son devoir de fils, son amour pour une femme et un profond désir d’évasion. Un Marius bien ancré dans le monde contemporain affrontant un Panisse businessman, propriétaire de magasins de scooters sur le Vieux Port de Marseille. Au drame de Pagnol revisité et campé dans le décor d’une boulangerie-salon de thé au réalisme cinématographique, ce Marius confère une résonance à la fois intemporelle et très actuelle, qui pose la question de l’importance accordée à la réussite sociale. L’humour y affleure sans cesse, notamment dans le passage obligé de la partie de cartes qui tourne à la querelle. Joël Pommerat nourrit ses pièces des recherches et improvisations menées au plateau avec les comédiens. Il en va de même pour ce Marius élaboré en 2017 avec des interprètes dont certains ont découvert le théâtre en milieu carcéral et ont depuis rejoint la Compagnie Louis Brouillard. Le résultat est une œuvre d’une rare justesse artistique et humaine.
Création théâtrale Joël Pommerat / Librement inspirée de la pièce de Marcel Pagnol / Collaboration Caroline Guiela Nguyen, Jean Ruimi / Distribution Damien Baudry, Élise Douyère, Michel Galera, Ange Melenyk, Redwane Rajel, Jean Ruimi, Bernard Traversa, Ludovic Velon / Scénographie et lumière Éric Soyer / Assistante à la mise en scène Lucia Trotta / Assistant à la mise en scène Guillaume Lambert / Direction technique Emmanuel Abate / Direction technique adjointe Thaïs Morel / Costumes Isabelle Deffin / Création sonore Philippe Perrin, François Leymarie / Renfort assistant David Charier / Régie son Philippe Perrin, Fany Schweitzer / Régie lumière Jean-Pierre Michel / Régie plateau Ludovic Velon / Construction décors Thomas Ramon – Artortom / Accessoires Frédérique Bertrand / Avec l’accompagnement de Jérôme Guimon de l’association Ensuite. / Crédit photo Christophe Loiseau
Joël Pommerat
Né en 1963, Joël Pommerat est auteur-metteur en scène, et a fondé la Compagnie Louis Brouillard en 1990. Il a la particularité de ne mettre en scène que ses propres textes. Selon lui, il n’y a pas de hiérarchie : la mise en scène et le texte s’élaborent en même temps pendant les répétitions. C’est pour cela qu’il se qualifie d’écrivain de spectacles. En 1995, il crée Pôles, premier texte artistiquement abouti à ses yeux. C’est aussi le premier à être publié en 2002. En 2004, le Théâtre National de Strasbourg accueille la création de sa pièce Au monde, premier grand succès public et critique de la compagnie.
Avec la trilogie Au monde (2004), D’une seule main (2005), Les Marchands (2006), Joël Pommerat ancre plus directement ses pièces dans la réalité contemporaine et l’interrogation de nos représentations. Il aborde le réel dans ses multiples aspects, matériels, concrets et imaginaires. En 2006, Au monde, Les Marchands et Le Petit Chaperon rouge sont repris au Festival d’Avignon, où Joël Pommerat crée également Je tremble (1 et 2) en 2008. Il poursuit sa réécriture des contes avec Pinocchio (2008) et Cendrillon (2011). En 2010, il présente Cercles/Fictions au Théâtre des Bouffes du Nord dans un dispositif circulaire qu’il explore à nouveau dans Ma Chambre froide l’année suivante. En 2013, il crée La Réunification des deux Corées, dans un espace bi-frontal où les spectateurs se font face.
En 2015, il crée Ça ira (1) Fin de Louis, une fiction vraie inspirée de la Révolution française de 1789. En 2019, il crée Contes et légendes, une fiction documentaire d’anticipation sur la construction de soi à l’adolescence et le mythe de la créature artificielle.
Depuis 2014, il mène des ateliers à la Maison Centrale d’Arles, avec des détenus de longue peine. Fin 2017, il crée Marius (d’après Marcel Pagnol) en collaboration avec Caroline Guiela Nguyen et Guillaume Lambert. En 2018, il crée également Amours composé de différentes scènes de La Réunification des deux Corées et de Cet Enfant. En 2022, il présente Amours (2) à la Friche la Belle de Mai à Marseille.
À l’opéra, Joël Pommerat a collaboré avec Oscar Bianchi en adaptant sa pièce Grâce à mes yeux (Festival d’Aix-en-Provence, 2011). En 2014, il présente Au monde, mis en musique par Philippe Boesmans au Théâtre de la Monnaie à Bruxelles. Pour le Festival d’Aix-en-Provence, en 2017, il adapte sa pièce Pinocchio pour une nouvelle collaboration avec Philippe Boesmans. En septembre 2019, à l’initiative de l’Opéra-Comique il écrit le livret et met en scène L’Inondation, inspiré et adapté de l’œuvre éponyme de Evgueni Zamiatine, sur une création musicale de Francesco Filidei.
Joël Pommerat a reçu de nombreux prix pour son œuvre. Depuis ses débuts, il a été soutenu par de longs partenariats avec le Théâtre Brétigny et le Théâtre Paris-Villette. À l’invitation de Peter Brook, il a également été artiste en résidence au Théâtre des Bouffes du Nord entre 2007 et 2010. Il a ensuite été artiste associé au Théâtre National Bruxelles-Wallonie ainsi qu’à l’Odéon-Théâtre de l’Europe. Depuis 2014, il fait partie de l’association d’artistes de Nanterre-Amandiers. La Compagnie Louis Brouillard est associée à la Coursive-Scène nationale de la Rochelle, à la Comédie de Genève et depuis janvier 2020 au TNP de Villeurbanne.
Joël Pommerat cherche à créer un théâtre visuel, à la fois intime et spectaculaire. Il travaille sur une grande présence des comédiens et le trouble des spectateurs. Il est revenu sur sa démarche artistique dans deux ouvrages : Théâtres en présence (2007) et, avec Joëlle Gayot, Joël Pommerat, troubles (2010).
Le Monde, Fabienne Darge
Marius, d’après Marcel Pagnol, n’est pas un spectacle ordinaire. Il est né du désir de quelques êtres humains de sortir de leurs enfermements respectifs. D’abord, Jean Ruimi, un détenu de la prison d’Arles, une des six maisons centrales de France, destinées à accueillir les détenus condamnés à de longues peines et/ou considérés comme ayant peu de chances de réinsertion sociale. Ensuite, l’ancienne directrice de cette maison centrale, Christine Charbonnier, aujourd’hui secrétaire générale de la Direction interrégionale des services pénitentiaires Sud-Est-Marseille, convaincue que l’art, et singulièrement le théâtre, peut-être un formidable « levier de réinsertion et de reconstruction ». Enfin, deux metteurs en scène de théâtre reconnus et célébrés pour leur travail sur le plan artistique : Joël Pommerat, principalement, et Caroline Guiela Nguyen qui lui a donné un coup de main.
Le résultat va très au-delà des projets socioculturels ordinaires et signe les épousailles, à un niveau rarement atteint dans le domaine du théâtre, de l’art et des préoccupations sociales. Ce n’est pas qu’ici le théâtre descende de son Olympe pour arroser de sa grandeur des êtres frustres ayant commis des passages à l’acte irréparables. Il s’agit bien plutôt ici de partage d’expériences, qui s’enrichissent les unes des autres. Joël Pommerat en a eu l’intuition dès le départ, quand Christine Charbonnier l’a appelé en 2014 pour lui proposer l’aventure. L’auteur et metteur en scène, qui cherche, dans son théâtre, le réel au sens de la présence pure, de pur présent, a été un des premiers, dans la période contemporaine, à remettre sur scène de vrais corps et de vrais visages, loin de ceux, idéalisés, de l’industrie culturelle. Il a toujours eu conscience de l’« appauvrissement que pouvait amener, sur le plan artistique, l’enfermement dans un espace culturel de référence, très difficile à dépasser quand on baigne dans cet univers depuis des années ».
« Le fait de travailler avec des gens qui n’ont pas les codes culturels, qui n’ont jamais mis les pieds au théâtre, pour qui l’art n’est pas donné comme un fait établi, offre un énorme enrichissement, à condition de mener un véritable travail artistique, poursuit Joël Pommerat. Je n’ai jamais voulu penser à cette aventure comme à une aventure à vocation sociale. Le social ne se dissocie pas de l’artistique. Je ne suis ni un juge, ni un auxiliaire de l’administration pénitentiaire. On ne peut pas s’en tenir à la présence de « vraies gens », comme on dit, pour obtenir des effets de réel. Il faut l’engagement d’un travail de création, et je travaille avec eux avec les mêmes exigences que pour des comédiens professionnels, sur la faculté à être totalement là, dans le présent de la représentation, dans l’adresse, dans le relâchement et dans la relation à l’autre. »
Libération, Anne Diatkine
Les 28 et 29 décembre, puis le 2 janvier, six détenus et deux comédiens professionnels, un homme et une femme, venus en renfort, ont donc présenté Marius d’après Marcel Pagnol, réécrit et mis en scène par Joël Pommerat, avec la collaboration de Caroline Guiela Nguyen et Jean Ruimi, incarcéré. Cinq représentations devant trente-cinq personnes, dont les codétenus, la famille des acteurs, mais aussi des journalistes, des directeurs de scènes nationales ayant participé au financement et même, le dernier soir, une invitée exceptionnelle : la ministre de la Culture, Françoise Nyssen. La spécificité du spectacle n’est cependant pas à chercher du côté du public - après tout, Christiane Taubira, alors garde des Sceaux, s’était-elle aussi déplacée quand des détenus incarcérés à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis avaient fait une lecture au Théâtre de l’Odéon en 2015 - mais bien dans les effets produits. Car pendant la représentation, on a d’abord cherché qui pouvait être, parmi les huit comédiens sur scène, l’acteur professionnel inclus dans la distribution.
[…] Ça n’a l’air de rien, mais l’impossibilité de discerner l’acteur professionnel du reste de la distribution masculine est éloquente. Elle dit notamment la qualité de jeu de l’ensemble de la troupe, qui a acquis cette souplesse, ce « parlé vrai » sans ostentation par lequel l’émotion fait effraction, et que recherche souvent Pommerat dans son travail avec les comédiens.
Note d’intention
Nous avons choisi cette pièce après plusieurs mois de recherche, dans le cadre d’un atelier théâtral. Cet atelier faisait suite à notre précédente création à la Maison Centrale en décembre 2015. Nous avons commencé à travailler en improvisation à partir de plusieurs scènes de pièces de Shakespeare ainsi que de Pagnol. Au bout de 6 mois, nous avons finalement décidé de nous fixer sur Marius.
Notre projet s’est défini de la manière suivante : prendre toute liberté avec l’œuvre originale tout en lui restant fidèle. Adapter, réécrire mais ne pas trahir. Nous avons sorti cette histoire de son époque (l’entre-deux-guerres) pour la faire résonner avec aujourd’hui, en conservant le contexte marseillais que plusieurs comédiens connaissent bien. Dans Marius comme dans un conte se posent des questions essentielles à travers des situations simples : qu’est-ce que réussir sa vie ? L’amour est-il possible ? Le désir de fuite est-il raisonnable ? L’amour d’un père est-il toujours bon ?
La méthode de travail a été l’improvisation dirigée, débouchant ensuite sur l’écriture précise du texte. Dans un premier temps le travail d’improvisation permet aux acteurs de s’approprier très librement les personnages et les situations. Et finalement le texte est enrichi par le vécu et de l’imaginaire de chacun. Le projet était d’aboutir à une pièce que les comédiens devraient ensuite restituer au mot près. Du fait de la difficulté et de l’ambition artistique élevée de ce projet, il a confronté les comédiens à un engagement très fort. Le processus s’est développé sur une longue durée (plus d’un an et demi de travail pour Marius).
Joël Pommerat