Après le succès public de son triptyque Pode ser / C’est toi qu’on adore / Se faire la belle, Leïla Ka se lance dans la création d’une pièce de groupe où cinq personnages féminins diffractent sa gestuelle unique, à la fois fluide et éruptive.
L’univers chorégraphique de Leïla Ka allie une danse électrique et pulsionnelle à l’éclat plus mélancolique d’une intériorité dévoilée. Dans Maldonne, la chorégraphe additionne les figures féminines et dresse les grandes lignes d’un personnage colonisé par de multiples identités. Les interprètes sont toutes vêtues de robes : robes de soirée, robes de mariée, robes de chambre, robes de tous les jours… La pièce transpose au plateau une « soirée entre filles ». Des gynécées antiques aux pyjama parties hollywoodiennes, elle révèle la liberté qu’offrent ces soirées intimes et ces moments de partage. Les danseuses évoluent dans un univers musical volontairement hétéroclite allant du classique à l’électro, en passant par la variété. Maldonne déploie sa théâtralité dans une dramaturgie tumultueuse qui embarque le public dans des montagnes russes d’émotions.
Production déléguée CENTQUATRE-PARIS // Coproduction La Garance - Scène nationale de Cavaillon, Théâtre Malakoff – Scène nationale, Théâtre d’Angoulême - Scène nationale, Théâtre de Suresnes Jean Vilar - festival Suresnes Cités Danse 2024, Centre Chorégraphique National d’Orléans – direction Maud Le Pladec dans le cadre de l’Accueil-studio, Centre Chorégraphique National - Ballet de Lorraine direction Petter Jacobsson dans le cadre de l’Accueilstudio, Les Quinconces et L’Espal - Scène nationale du Mans, Espaces Pluriels scène conventionnée d’intérêt national Art et création – Danse – Pau, La Manufacture – CDCN Nouvelle-Aquitaine Bordeaux/ La Rochelle, La Passerelle – Scène nationale de Saint- Brieuc, Fondation Royaumont, Espace 1789 – Scène conventionnée d’intérêt national Art et création pour la danse de Saint-Ouen // Soutien financier Le Quatrain – équipement culturel de Clisson Sèvre et Maine Agglo, Ville de Gouesnou – Centre Henri Queffélec // Mécénat Caisse des Dépôts // Leïla Ka est artiste associée au CENTQUATRE-PARIS, artiste complice à La Garance, scène nationale de Cavaillon et en résidence longue à l’Espace 1789, scène conventionnée d’intérêt national Art et création pour la danse de Saint-Ouen // Leïla Ka est accompagnée par le réseau TREMPLIN – réseau inter-régional Grand Ouest + Paris // jusqu’en 2024 // Ce spectacle est en tournée avec le 104ontheroad
Après le succès public de son triptyque Pode ser / C’est toi qu’on adore / Se faire la belle, Leïla Ka se lance dans la création d’une pièce de groupe où cinq personnages féminins diffractent sa gestuelle unique, à la fois fluide et éruptive.
L’univers chorégraphique de Leïla Ka allie une danse électrique et pulsionnelle à l’éclat plus mélancolique d’une intériorité dévoilée. Dans Maldonne, la chorégraphe additionne les figures féminines et dresse les grandes lignes d’un personnage colonisé par de multiples identités. Les interprètes sont toutes vêtues de robes : robes de soirée, robes de mariée, robes de chambre, robes de tous les jours… La pièce transpose au plateau une « soirée entre filles ». Des gynécées antiques aux pyjama parties hollywoodiennes, elle révèle la liberté qu’offrent ces soirées intimes et ces moments de partage. Les danseuses évoluent dans un univers musical volontairement hétéroclite allant du classique à l’électro, en passant par la variété. Maldonne déploie sa théâtralité dans une dramaturgie tumultueuse qui embarque le public dans des montagnes russes d’émotions.
Chorégraphie Leïla Ka — Interprétation Jennifer Dubreuil Houthemann, Jane Fournier Dumet, Leïla Ka, Zoé Lakhnati, Jade Logmo — Création lumière Laurent Fallot — Régie lumière Laurent Fallot ou Clara Coll Bigot — Création musicale en cours de distribution — Production déléguée centquatre-paris — Crédit photo Nora Houguenade
Tous publics — Tarif unique 25 € + 12 € pour le spectacle.
Zoé Lakhnati, interprète de Maldonne et collaboratrice de Leïla Ka, propose un atelier autour de l’univers et de la création de Maldonne de Leïla Ka, un atelier dans lequel on flirte librement avec les danses contemporaines et le théâtre, pour jouer la comédie en dansant, raconter des histoires par le geste, mettre en mouvements des émotions. Zoé Lakhnati vit entre Bruxelles et Sète. Elle est diplômée en danse classique du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Lyon en 2019 et de P.A.R.T.S en 2022. Elle est actuellement danseuse interprète pour les chorégraphes Mette Ingvartsen et Leïla Ka. Parallèlement, elle coorganise avec Dora Pentchev le Laboratoire De L’Impertinence, résidence et rendez-vous danse à Sète.
Leïla Ka
Leïla Ka débute son parcours par les danses urbaines qu’elle croise rapidement avec d’autres influences. Interprète de Maguy Marin dans la célèbre pièce May B, elle tire de cette expérience une théâtralité dansée qu’elle intègre à sa recherche chorégraphique.
Son écriture, qui décline les thématiques de la difficulté d’être soi, du destin et des identités, a été découverte par le public en 2018 dans un premier solo, Pode Ser, primé cinq fois à l’international et joué plus de 140 fois depuis sa création.
Forte d’un duo C’est toi qu’on adore (2020) et d’une seconde pièce en solo Se faire la belle (2022), Leïla Ka est aujourd’hui artiste associée au CENTQUATRE-PARIS, à la Garance – Scène nationale de Cavaillon, en résidence longue à l’Espace 1789 et est accompagnée par le Réseau TREMPLIN jusqu’en 2024.
En 2022, elle reçoit le prix « Révélation chorégraphique » des Syndicats de la critique.
Elle reçoit le prix Danse élargie en 2022 avec Bouffées, quintet de 10 minutes, prémices de sa première pièce de groupe prévue pour l’Automne 2023.
Leïla Ka fait apparaître dans son ombre une cohorte de fantômes féminins
La danseuse et chorégraphe Leïla Ka, 30 ans, n’en revient toujours pas. « Lorsque je pense qu’il y a cinq ans je travaillais toute seule dans mon petit studio, avec ma petite robe, à faire mon petit truc et qu’aujourd’hui... » Elle suspend sa phrase. « Je me sentais tellement petite. » Toujours en tournée, elle enchaîne désormais théâtres et hôtels et se retrouve artiste associée à L’Etoile du Nord et au Centquatre, à Paris, où elle présente, à partir du jeudi 10 mars, sa troisième pièce, Se faire la belle. Rassurée ? « Oui, évidemment, je me sens un peu plus grande,rétorque-t-elle en souriant. Mais très stressée aussi, car lorsque ça marche... »
Leïla Ka, profil net et lumineux sous la coupe blonde ultra-courte, est une jeune femme inquiète et sincère, comme sa danse. Elle reconnaît utiliser énormément le mot « petit », « parce que je suis plus touchée par les gens fragiles et humbles que par ceux qui sont sûrs d’eux . Et si ses deux premières créations, Pode ser (2018), récompensée par de nombreux prix, et C’est toi qu’on adore (2020), sont resserrées dans l’espace faute d’avoir été conçues sur un grand plateau, elles envoient loin leurs éclats affûtés.
Comme une boule de nerfs qui trouve une issue magique dans le mouvement, Leïla Ka affirme en deux temps et une kyrielle de gestes une écriture enlevée. En robe corolle rose sous le halo d’une lampe à l’ancienne, Pode ser se distingue par une danse des coudes qui pointent et piquent, affolant les traits d’une femme qui se débat. Plus ouvert mais tout aussi haletant, le duo C’est toi qu’on adore dégoupille une partition déflagrante, rapide et segmentée. Dans les deux cas, une histoire d’enfermement fait péter les boulons du corps, entraînant l’apparition d’une cohorte de fantômes féminins dans l’ombre de l’interprète.
Cette dislocation savante et paradoxalement fluide, Leïla Ka l’a huilée en pratiquant le hip-hop dès l’adolescence , à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Quant à la théâtralité fine de ses performances, qui racontent sans illustrer, elle plonge sans doute ses racines dans les jeux d’enfance de la chorégraphe avec ses quatre sœurs au milieu du joyeux désordre d’une famille d’artistes. « On se créait des mondes avec peu de choses et une grande liberté », dit-elle. Cette fibre ludique, elle la façonne quelques années plus tard au collège dans un atelier d’improvisation. « Je suis très timide et j’avais du mal à parler en public, poursuit-elle. Je me suis libérée dans le clown. Je me souviens d’un exercice que j’adorais et qui me semble toujours passionnant : " Faire le rien " . Ce théâtre sans paroles absurde et grotesque était proche de la danse, où le corps seul parle. »
Sans véritablement envisager d’en faire son métier, elle entame des études supérieures de danse à l’université de Lille, puis de médiation culturelle à Paris, et découvre le contemporain. « Je ne savais pas vraiment ce que j’avais envie de devenir, confie-t-elle. Pendant longtemps, je rencontrais des gens, je suivais des copains qui prenaient des cours ici ou là. Lorsqu’on a 20 ans, tout est possible, mais tout paraît impossible en même temps. »
Le déclic porte le nom du dispositif Talents Adami Danse, en 2016. Elle a 25 ans, y postule sans trop y croire et décroche l’audition. Elle rejoint les neuf interprètes de May B, pièce iconique créée en 1981 par Maguy Marin. « Participer à un chef-d’œuvre comme celui-là, en connaître les rouages de l’intérieur, est une expérience fondatrice. Quant au regard de Maguy sur moi, il m’a donné confiance et permis d’oser. »
Vite, elle se retrouve en studio. Elle dresse les grandes lignes d’un personnage féminin colonisé par de multiples identités, dont celles de « fille, soeur, conne, débutante, voleuse, grosse, gestionnaire, merde... » Et Pode ser voit le jour. « Ce que j’aime, c’est pouvoir dire les choses sans les mots, insiste-t-elle. Je me méfie d’eux. Lorsqu’on en met sur nos failles, nos émotions, j’ai la sensation que l’on devient encore plus fragile. Je ne pose quasiment aucune de mes idées sur papier. C’est terriblement intimidant. »
Pourtant, Leïla Ka aime la littérature, celle notamment de George Sand et Gustave Flaubert, dont on retrouve la saveur dans les titres de ses spectacles. Se faire la belle fait résonner la beauté tel un sésame à l’évasion.Elle y enfile la chemise de nuit camisole blanche de nos grand-mères. Pour mieux en déchiqueter les coutures, sans doute. « Oui, évidemment, c’est encore une pièce sur les conflits, et même si ce n’est pas autobiographique, cela parle un peu de moi, admet-elle. La danse me permet d’atteindre l’intime, ce que l’on cache dans la vraie vie et qu’on ne montre pas à tout le monde. » Se faire la belle clôt donc le triptyque sur « la liberté et l’empêchement » . « Avec plein de rage positive tout de même », glisse en battante Leïla Ka.
Le Monde, Rosita Boisseau, 11/03/2022
Leïla Ka, le souffle de la sororité
La danseuse Leïla Ka a remporté le concours Danse élargie avec son projet Bouffées, dimanche 26 juin, dans lequel elle fait la part belle aux larmes. La danseuse travaille actuellement à la conception d’un spectacle qui intégrera cette création et tournera à partir de septembre.
La nouvelle création de la danseuse Leïla Ka, intitulée Bouffées, a été spécialement conçue pour le concours Danse élargie, dont elle a remporté le premier prix de 13 000 €, dimanche 26 juin à l’Espace Cardin. Le concours mettait à l’honneur les projets collectifs et inédits de jeunes danseurs venus de tous horizons. Dès septembre 2022, Leïla Ka partira en tournée en France et dans les pays frontaliers avec une nouvelle pièce, sa troisième, qui intégrera Bouffées.
Sur scène, cinq femmes alignées et vêtues de robes colorées essuient leurs visages baignés de sanglots imaginaires. « Porteuses du chagrin et d’une communauté de destins féminins », comme l’affirme la chorégraphe et danseuse Leïla Ka, elles incarnent les douleurs endurées par les femmes à travers le monde.
Le choix des costumes n’est pas anodin : « Ces robes évoquent les drapés des tableaux romantiques qui représentent des femmes à la fois vulnérables, abandonnées, à la lisière entre souffrance et extase », explique Leïla Ka. Elle enrobe ainsi sa création d’un éclat très pictural qui en soutient la puissance émotionnelle.
Pour seule musique, les respirations des danseuses en résonance avec chaque mouvement. « Le souffle est ici chargé d’un sens dramaturgique fort et fait entendre l’intime, il rend ce territoire palpable », raconte la chorégraphe. Avec grâce et poésie, les corps vacillent, chutent, se relèvent, s’élèvent et se répondent, animés d’une urgence vitale et couronnés du salut des larmes, telles des étoiles fracassées. Les sanglots semblent conter ce qui fut brisé mais conservé, pour ne point perdre les morceaux de la beauté.
Ayant débuté par les danses urbaines avant de les croiser avec d’autres influences, la chorégraphe tient à proposer une expression théâtrale et narrative. Ce que lui permet tout particulièrement la liberté inhérente à la danse contemporaine. « Se produire sur scène offre aux artistes la chance d’être vus, il me semble important de défendre une parole chargée de sens et de mettre en scène des personnages qui ont une pensée à livrer », estime-t-elle.
La Croix, Claire Ferragu, 3 juillet 2022 .
Sur scène, des robes. De soirée, de mariée, de chambre, de tous les jours, de bal. A paillettes, longues, bouffantes, ajustées, trop grandes. Des robes qui volent, qui brillent, qui craquent, qui tournent, qui traînent ou tombent. Des robes empires, à baleines, de celles qui valsent, euphoriques, sur Chostakovitch ou bien des robes en pleurs, mal cousues, légères, sans armatures, nouées sur le ventre, accompagnées par Lara Fabian, et puis des robes seules, rebelles, enjouées sur fond de basses électroniques.
Sur scène, elles sont cinq à porter ces robes.
Cinq qui transpirent parce que vivantes.
Leïla Ka